54. Dernière étape

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ZOÉ

Je l'ai fait.

J'ai couché avec Greyson pour gagner sa confiance.

Si je pensais que je me sentais comme une salope, il y a quelques semaines, cette fois-ci, c'est inégalé. Si je pensais que je me sentais sale, je suis maintenant la saleté incarnée.

Je me sens souillée.

Je me sens morte.

Chaque fois que la porte d'entrée claque sur Alexia ou n'importe quelle autre personne qui entre dans le penthouse, je sursaute. Rien que la pensée de ses mains à nouveau sur mon corps suffit à me donner des nausées qui me précipitent sur la cuvette en moins de temps qu'il en faut pour le dire. C'est à peine si j'ai réussi à supplier Alexia de m'acheter une pilule du lendemain sans qu'elle n'en dise rien à Greyson.

Je l'ai avalée comme si c'était la solution à tous mes problèmes. J'aurais aimé qu'elle le soit.

Le comble serait de tomber enceinte de lui et d'être liée à lui pour l'éternité. À la limite, même une MST serait moins terrible que d'avoir un enfant de son sang. Je ne veux pas y penser. Ça me donne la gerbe, ça aussi.

Deux jours après m'être laissée violer, Greyson est de moins en moins présent au penthouse, pris avec des affaire importantes, on dirait. Je veux alors profiter de son absence pour préparer mon prochain mouvement en paix, mais je me sens surveillée par deux yeux marrons à partir de la cuisine, même si elle reste discrète.

Je sais que je ne peux pas tout simplement sortir sans que personne ne me voit : il y a un système d'alarme sur la porte qui fait du bruit chaque fois que quelqu'un entre ou sort.
Je ne peux pas appeler personne par téléphone : il n'y a pas de téléphone maison et Alexia est la seule personne qui reste avec moi tous les jours et qui possède un cellulaire. Je ne peux pas risquer d'attirer ses suspicions et perdre une alliée potentielle.

Malgré sa gentillesse et sa présence chaque fois que j'ai besoin d'elle, je suis incapable de complètement lui faire confiance et je sais qu'elle se sent de la même façon.

Nous sommes amicalement ennemies.
Et je crois que ça me va.

Mon cerveau fonctionne à cent mille à l'heure, mais je ne dis rien à voix haute. Des idées débiles me passent en tête, du type hurler par la fenêtre jusqu'à ce que quelqu'un me voit et appelle la police par précaution. Ou faire semblant de m'évanouir pour qu'ils m'emmènent à l'hôpital et que je puisse m'enfuir à partir de là.

En vrai, ce n'est pas mauvais. Seulement, ça va être impossible à exécuter, sachant que je suis complètement incarcérée dans cet endroit.

Enfermée dans une prison dorée.

— Tu ne veux pas de jus ?

— Non, je... je vais me faire un café.

Je quitte la table à manger avec mon assiette que je dépose dans l'évier tout en tirant une tasse du placard au-dessus du robinet. Je sors aussi la crème et le café en me sentant soudain mélancolique, me remémorant mon travail que j'ai aussi perdu dans la mêlée.

Cette fois-ci, il n'y a pas moyen de le récupérer.

Je ne peux même pas sortir.

Arrest Me - T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant