L'histoire de deux pauvres

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Hier soir je me suis endormi tard et j'en paye les conséquences, je suis en retard, de vingt minutes, en soit ce n'est pas grand-chose je peux les rattraper sauf que le lycée n'ouvre pas pour les retardataires donc je suis obligé de rester dehors. Heureusement que nous sommes en été et que les températures suivent la saison parce-qu'attendre dehors sous moins cinq degrés et sous vingt-cinq ce n'est pas pareil, et je préfère largement les vingt-cinq degrés, présents aujourd'hui.

N'ayant rien à faire et ayant encore Loana dans ma tête, je vais au croisement de cette ruelle mal réputée, pour voir si elle est toujours là. Et c'est le cas, juste en la voyant je souris.
Elle est endormie, ou tout au moins assoupie car elle est allongée sur ce carton que je connais par cœur. Elle est vêtue du même jean bleu délavé qu'hier, mais avec un fin t-shirt blanc. Je m'approche d'elle sans faire de bruit pour ne pas l'effrayer et je lui caresse sa joue de ma main gauche, comme quand on était petit.

- Hey Nana, C'est Nasim.
- Mmm Qu'est ce que tu fais là ? On va te voir avec la clocharde. Me dit-elle sur un ton au début endormi puis sur un ton amer.
- Je suis désolé pour hier, mes potes ne savent pas que je te connais et que j'ai été dans la même situation que toi, alors ils t'ont dit des choses blessantes car ils ne savent pas ce que c'est de se retrouver à la rue sans rien. M'excusais-je
- Ce n'est pas grave et puis j'ai appris à me défendre. Dit-elle fière d'elle.
- Oui, mais rattrapons le temps que j'ai perdu si tu veux bien.
- Pas de soucis ça m'a manqué de me confier à mon meilleur ami, comment va ta famille ? Me demanda-t-elle curieuse.
- Elle va bien, mon père a toujours son job pour lequel nous avons quitté la rue, ma mère un an après a trouvé un travail d'hôtesse d'accueil, et puis ma famille s'est agrandie.On est six maintenant avec la naissance d'Inaya. Dis-je Heureux. Et toi ? demandais-je curieux.
- Euh mais au fait tu ne dois pas être en cours à cette heure-là ?! Esquiva-t-elle ma question, en se levant.
- Loana je suis en retard donc je ne vais pas à ma première heure de cours, et n'ai pas peur, tu sais que je ne tu jugerai jamais ou je ne sais quoi d'autre, raconte-moi pourquoi à chaque fois que l'on aborde le sujet de ta famille tu esquives ? Lui apprenais-je en lui saisissant la main pour la garder proche de moi.
- Euh... Je... Je sais pas comment te dire ça. M'avoua-t-elle en baisant sa tête.
- Dis-le comme tu le sens.
- Je te raconte mais tu ne me regardes pas avec de la pitié d'accord ? Je hoche la tête et elle reprend son discours. Alors, ma mère est morte un an après que vous êtes partis, d'un manque de nourriture, deux ans après mon père a réussi à trouver un travail de livreur mais sans logement, alors nous avons vécu deux ans avec une seule rentrée d'argent. Mais lorsque son patron a découvert qu'il était S.D.F il l'a viré en lui disant qu'il risquait de contaminer ses collègues avec des maladies de rue, alors que pendant ces deux ans , jamais, je dis bien jamais, mon père s'est arrêté. De retour à la case départ. Moi, quatre mois plus tard j'ai réussi à trouver un taff dans un café, j'utilisais la connexion internet de celui-ci pour m'avancer dans mes cours, de son côté, papa a retrouvé un travail mais il m'a laissé un papier pour me dire que je m'en sortirais mieux si je n'utilisais pas ma paye pour nous nourrir alors il est parti. Je n'ai plus de nouvelles de lui depuis ce jour. Malgré mon rôle de serveuse, je ne pouvais toujours pas me payer un logement, alors quand j'ai vu l'annonce pour travailler dans la bibliothèque de ton lycée, j'ai sauté sur l'occasion. Et voilà, c'est l'histoire de ma vie, elle est super non ?

Je pouvais voir quelques larmes au bord de ses yeux, alors je les essuie comme enfant avec mon pouce.

Je m'en veux de ne pas avoir été présent au moment de la perte de sa mère puis celle de son père même s'il est sûrement encore en vie, elle ne le voit plus donc c'est tout comme.

Je la serre dans mes bras pour lui montrer mon soutien, et c'est à ce moment-là qu'elle craque, elle s'effondre en larmes, toutes ces années à se forcer de survivre, parce que, oui, vivre dans la rue, subir des moqueries, des insultes et parfois même des coups j'appelle ça de la survie. C'est extrêmement dur pour une enfant alors quand ça dure, je n'imagine même pas, je pense que l'on doit se dire qu'on s'en sortira jamais. Et voir Loana dans un tel état, je me rend compte que j'ai eu de la chance que mon père ai retrouvé un travail et qu'il ait réussi à nous sortir de cet enfer de vie de sans-abris.

Loana toujours dans mes bras en train de pleurer, je lui propose quelque chose, c'est irréfléchi mais je suis sûr que c'est la bonne décision. Et puis je suis sûr que mes parents comprendront.

- Viens à la maison.
- Quoi ? Non je ne peux pas, c'est chez toi, et puis j'ai l'habitude, je te rappelle que je n'ai jamais été dans un logement de toute ma vie, enfin si, les deux mois qui ont suivi ma naissance, puis on s'est retrouvés à la rue, parceque le bailleur de notre appartement était un escroc, alors je ne connais que la rue, ta petite sœur risque de me prendre pour une folle si je viens par-ce que je m'extasierais devant une chasse d'eau, ou même devant la télé, ou encore devant tous pleins d'ustensiles de cuisine, parce-que jamais je n'en ai vu. Non je ne peux pas, Merci Nassim mais je refuse. Répond-elle encore chamboulée par ma demande.

Mais je n'avais pas encore dit mon dernier mot, j'ai vécu qu'une petite partie de ma vie dans la rue, contrairement à elle alors si je peux l'aider, je le ferai, elle compte toujours autant pour moi, et je ne veux plus jamais la perdre, alors l'avoir à la maison me ferait plus que plaisir.

- Loana, vient à la maison, ma soeur elle comprendra, et puis, c'est chez moi et j'invite qui je veux, donc tu seras mon invitée, si vraiment tu ne veux pas je comprendrai mais venir ce soir te permettra d'être à l'abri, tu pourras même prendre un bain, je sais que c'est ton rêve et il se trouve que j'en ai un chez moi, je pourrais te faire à manger, figure-toi que j'ai appris et maintenant je me débrouille comme un chef, ça te changera des boîtes de conserve ou des pâtes . Et dernier argument qui je trouve est le meilleur, tu dormiras dans un lit, pas sur un carton que l'on posse si possible sur l'herbe pour que ce soit un peu plus mou que le sol, non un lit avec un matelas sur des lattes, avec un sommier, le rêve quoi ! Aller vient, et puis ma mère et mon père seront contents de revoir les deux Nanas réunies depuis le temps. Finisais-je.

J'avais fait exprès d'utiliser le rêve de Loana qui était de se laver prendre un bain, pour la voir avec ses étoiles dans les yeux, les mêmes qu'elle avait quand on rêvait de nous plus tard dans une maison ou un appartement, la première chose que Loana souhaitait faire était de prendre ce fameux bain alors étant donné que j'avais une baignoire, je pouvais lui faire réaliser ce rêve.

Ensuite j'avais aussi utilisé la cuisine car petit je n'arrivais pas à ouvrir les boîtes de conserve et Loana rigolait toujours par-ce que normalement c'est les garçons qui devaient avoir le plus de force alors que là c'était clairement elle.

Après l'histoire du lit, c'est surtout que pour moi, dormir dans un vrai lit, ça m'avait énormément plu, j'avais dormi quasiment onze heures de suite, ça avait même fait paniquer ma mère qui me croyait mort.

Et le coup de grâce : notre surnom.

Les parents de Loana, l'avaient surnommé Nana à cause de sa fin de prénom, et un soir, plus précisément, le soir de notre rencontre, alors que nous étions en train de faire les poubelles d'un supermarché pour se trouver de la nourriture ils l'avaient appelée, par son surnom. Ayant le même, à cause de mon début de prénom, j'étais venu vers eux. Mes parents se sont alors inquiétés de ne plus me voir près d'eux, ils m'avaient appelé avec mon surnom eux aussi, et c'est Loana qui est venue. Alors nous avons cherché nos parents tous ensemble et c'est comme cela que nous sommes devenu meilleurs amis, et plus jamais nous nous sommes lâchés jusqu'à ce que mon père retrouve son travail évidemment.