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Une semaine s'est passée depuis ma retenue à la bibliothèque, et depuis ce jour je ne cesse de penser à elle. Je ne l'ai pas revue depuis. Je continue de faire ma vie d'adolescent populaire au lycée, mais fais attention à ce qui se passe autour de moi, on ne sait jamais je peux très bien la rencontrer à un croisement de couloir, dans la queue du self, dans les escaliers, sur le toit...
Mais non, toujours rien, j'ai fini ma journée sans être collé, donc avec Julian, Nathan, Naël, Ilyès, Jonas et Isac nous allons dans le bar-tabac à côté du bahut pour finir notre journée en beauté, comme le dit si bien Naël.

Nous avons un raccourci pour y aller, pour cela, on passe dans une petite ruelle réputée pour ses trafics, mais à sept nous ne craignons rien, alors nous y passons tranquillement. Au croisement de cette ruelle nous croisons une fille, cacher des cartons et une couverture derrière des buissons, forcément les gars la remarque et commencent à mal lui parler.

- Tiens, tiens une clocharde. Rigola Nathan
- Tu n'as rien à faire ici, mendiante. S'écria Jonas en s'approchant d'elle.
- Tu as vu tes fringues, tu es hideuse, crève plutôt que de rester là à gâcher le paysage. Balança Isac avec un regard de dégoût.

Cette fille qui subissait les paroles de mes potes, qui était vêtue d'un jean délavé avec quelques trous par-ci par-là, et d'un gilet en laine rouge trois fois trop grand pour elle n'était autre que Loana.
Alors elle est toujours à la rue, c'est ça, sa moins jolie histoire ?

Loana se releva, et s'avança vers les garçons, elle les regarda avec son regard de tueuse qu'elle seule sait faire, je souriais face à cette capacité dont, j'étais jaloux enfant.

- Pour info tu ne me connais pas, ces fringues comme tu dis sont les seules affaires que j'ai donc c'est ton problème si tu me trouves hideuse, je ne vais pas mourir juste pour ton plaisir et pour ne pas gâcher ton paysage, je suis née c'est pour vivre alors je continuerai que ça te plaise au non, sur ce,salut. Déclare Loana en le poussant par l'épaule pour passer.

J'étais resté en retrait, je n'osais pas intervenir. En fait je ne suis qu'un lâche, et je ressens encore plus ce sentiment quand elle m'aperçut.Elle m'a lancé un tel regard de dégoût. Je déglutis difficilement puis rejoins les garçons qui avaient continué à avancer jusqu'au bar-tabac.

On commanda comme d'habitude puis nous nous installons à notre table dans le fond près des babys-foots et des billards ainsi que le poste de radio qui est à disposition des clients qui diffuse les musiques dans toute la pièce.

Nos bières arrivent et le sujet de discussion se concentra essentiellement sur Loana, la S.D.F pour les mecs. Je ne disais rien mais écoutais.

Alors qu'ils n'arrêtaient pas de la critiquer et que mon sang bouillonnait dans mes veines. La phrase que venait de dire Ilyès me fis sortir de mes gonds.

- C'est de sa faute aussi si elle est dans la rue elle n'a qu'à chercher du travail et c'est réglé mais ça doit encore être une sans abri qui ne veut pas se bouger et attend de l'argent pour aller fumer ou boire.

- NON mais tu t'entends parler Ilyès ? Ce n'est pas de la faute du SDF s'il se retrouve dans la rue, souvent c'est un engrenage que ces personnes ne peuvent plus arrêter. Ils perdent leur travail, essayent d'en retrouver un rapidement, en attendant ils ont toujours des charges à payer et ils se retrouvent vite sans un sou malgré le chômage. Alors ils perdent leur maison, ils continuent de chercher mais ils ne peuvent plus inscrire une adresse sur leur lettre de motivation et leur C.V alors les employeurs ne leurs font pas confiance, alors ils continuent à chercher du travail mais toujours rien. Donc en aucun cas c'est de la faute du S.D.F ok ? M'écriais-je en pointant mon doigt sur son torse pour être sûr qu'il ait compris.
- Euh oui j'ai compris mais calme toi Nasim, je déconnais, je ne pensais pas à ce que je disais, tu me connais je rigole souvent sans faire attention à ce que je dis. Réponds Ilyès légèrement soucieux de ce que je pourrais lui faire.
- Ouais je préfère, je me casse, salut les mecs. Les quittais-je sans faire notre habituelle tchek de bonjour et d'au revoir.

Je ne sais pas si après la scène que j'ai faite ils vont me reparler, mais au moins j'ai dit ce que j'avais à dire. Je viens de rentrer chez moi toujours un peu énervé alors je me suis directement installé dans mon lit avec ma musique pour me calmer. Mon téléphone étant relié à ma tour de son, la musique baissa de volume lorsque je reçois un message de Julian.

De : Julian :
Je sais pas ce qui t'a pris tout à l'heure mais je suis tout à fait d'accord avec toi frérot, je ne savais pas s'il était judicieux que j'intervienne car je pensais comme toi mais tu l'as fait et tu as été super convaincant.
Les mecs n'ont pas trop compris pourquoi tu avais réagi comme ça, et je t'avoue que moi aussi, même si je respecte les sans-abris je ne pense pas me mettre dans cet état si on parle d'eux. Enfin bref, ils se sont dit que tu avais dû passer une mauvaise journée puisque tu as fini avec le Français donc ils t'excusent.

À : Julian
Je sais pas ce qu'il m'a pris aussi en réalité, mais je ne supportais plus leurs remarques méchantes envers cette fille et envers tous les autres S.D.F alors j'ai pris mon courage et j'ai remis à sa place Ilyès. Peut-être qu'effectivement ma fin de journée avec le Français m'a énervé alors ça en a rajouté une couche sur mon humeur donc j'ai "craqué" je sais pas trop.

En réalité je savais exactement pourquoi j'avais réagi de cette façon mais je ne pense pas qu'ils pourraient comprendre vu leurs comportements envers Loana tout à l'heure.

L'histoire de deux pauvresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant