Le cycle des âmes perdues

25

   - Charlie, Charlie réveille-toi !
Quelle était cette voix qui venait perturber son sommeil ?
- Allez Charlie lève-toi !!
Des petites mains la secouèrent, elle émergea alors de ce drôle de rêve. Elle se tourna et vit un petit garçon aux cheveux noirs de jais qui se tenait debout devant elle. Il avait un grand sourire sur le visage et paraissait surexcité.
- Qu'est-ce qu'il y a ? maugréa Charlie.
- Allez, viens vite ! s'impatienta le garçon.
Elle grogna mais se leva doucement.
- dépêche, elles vont finir par disparaître sinon !
- Mais de quoi tu parles à la fin ?
- Les fées Charlie, les fées elles sont là dehors !
Elle ouvrit de grands yeux et alors poussée par la curiosité elle se leva d'un bond et suivi son frère à travers la maison. Les deux enfants marchaient à pas feutrés, déambulant dans une maison qu'ils connaissaient par cœur. Leurs parents dormaient à poings fermés.
Ils montèrent discrètement dans le grenier qui leur était interdit mais qui était devenu leur endroit secret. Petit à petit, oreiller par oreiller, draps par draps, et au fil des nuits, de grenier poussiéreux ce lieu était devenu le refuge de leurs rêves et de leurs secrets. De grands draps accrochés de ci de là formaient une cabane colorée et chaleureuse où n'importe qui s'y sentirait en sécurité. Puis passée la plus petite des étoffes on se trouvait alors dans ce lieu enchanté où sur le sol quelques vieilles couvertures étaient empilées et parsemées d'oreillers chapardés. Deux veilleuses enfantines en forme d'animaux étaient disposées de part et d'autre de la cabane, diffusant une lumière chaleureuse, douce et rassurante. Au plafond, des grands clous étaient plantés tous de travers sur une poutre apparente, là étaient suspendues deux lampes torches. Puis un grand velux permettait à la Lune d'éclairer de ses rayons cet endroit somptueux.
- Éteint la lampe torche Charlie, sinon on ne les verra pas.
Elle hocha la tête et s'exécuta tandis que le petit garçon faisait tourner la poignée du velux puis basculer la vitre. Il prit un carton et le plaça en dessous de l'ouverture puis il grimpa et se faufila sur le toit. Charlie le regarda faire puis elle monta à son tour sur le carton, la main de son frère apparut alors dans l'ouverture suivi de son visage souriant. Elle saisit sa main et se faufila à son tour sur le toit. Ils s'assirent là, l'un contre l'autre.
- Attends, dit Sam qui descendit dans le grenier.
Il revint un instant plus tard avec une couverture, Charlie lui sourit et ils s'enroulèrent tous les deux dedans en rigolant doucement.
- Maintenant ne bouge plus et ne parle qu'en chuchotant, comme ça elles ne nous verront pas et elles reprendront leurs activités.
Elle hocha la tête et attendit en silence, à l'affût de la moindre petite fée. Au bout de quelques minutes, une petite lumière verte se mit à danser près d'un arbre, puis une autre, et une autre.
- Sam...Chuchota la petite fille.
- Oui Charlie, ce sont des fées.
Les deux enfants étaient émerveillés, tandis que bientôt des centaines de lucioles voletaient dans leur jardin et venaient danser autour des grands arbres. Ils n'avaient jamais rien vu d'aussi beau. Les fées existaient, ils en avaient la preuve maintenant. Un sourire de bonheur pur illuminait leurs visages. Les yeux pétillants devant se spectacle magique, ils versèrent une larme, trop émus par ce tableau miraculeux qui s'offrait à eux.
Ils restèrent ainsi à observer les fées danser pour eux, sous ce ciel étoilé qui veillait sur eux nuit après nuit, leur esprit enfantin se nourrissant de ce rêve devenu réalité. Transformant à leur guise n'importe quelle banalité en quelque chose de fantastique et de fabuleux. Changeant les arbres en bateaux pirates, des cabanes de draps en château imprenable. Les balançoires en grands oiseaux, les rivières en mers et les poissons en kraken, la lune en princesse et les lucioles en fées. Le pouvoir des enfants est le puissant de tous les pouvoirs.
- Charlie ? demanda alors le petit garçon.
- Oui ?
- Tu me promets de ne jamais m'abandonner ? demanda-t-il les yeux emplis de larmes.
- Je te le promets Sam, Je serai toujours là. Répondit la jeune fille en lui adressant un sourire.
Ne m'abandonne pas.
N'abandonne pas.