Le cycle des âmes perdues

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Chère Claire,
Parfois, il arrive aux gens de perdre espoir, de laisser tomber, d'abandonner. C'est ce que j'ai fait ce jour-là, quand je me suis retrouvée enfermée seule face au miroir. J'avais perdu tout espoir de quitter un jour ce chalet. Et étrangement, c'est toi qui es venue pour tous nous délivrer. Tu es allée jusqu'à mourir pour qu'on ait une chance de s'échapper de ce cauchemar. Je ne sais pas très bien pourquoi tu as fait ça. Mais maintenant je suis sûre que dès le début tu étais de notre côté, au fond de toi tu n'as jamais aimé le comportement de June et Kyle. Tu as essayé de me le faire comprendre un jour dans notre chambre, mais je ne t'ai pas écoutée, j'étais aveuglée par la haine et par la peur.
Quand on s'apprêtait à partir, tu as dit qu'ils ne te feraient rien, que tu le savais, mais tes yeux disaient tout le contraire. Dès l'instant où tu as sorti Flo de sa chambre tu savais que s'ils sortaient de la cave avant que nous n'ayons tous quitté le chalet, ils te tueraient. Et pourtant nous t'avons tous cru, aucun de nous n'avait pensé que June serait capable de te faire du mal. Mais maintenant que j'y repense et que je revois cette scène en boucle, je vois dans tes yeux que tu le savais très bien, que tu l'avais accepté. Mais je n'arrive pas à comprendre pourquoi. Pourquoi tu n'as même pas essayé de t'enfuir avec nous. Dès le début tu avais prévu de rester n'est-ce pas ?
Était-ce pour te punir ?
Personne ne mérite cela.
Tu as laissé en nous un gout amer de tristesse et de regret. Si l'un de nous t'avait pris par la main et t'avais entrainée à nous rejoindre, tu serais toujours en vie.
Pardon ne pas avoir su déchiffrer ton regard, de ne pas avoir compris ce que toi tu avais accepté en venant ouvrir chacune de nos portes.
Tous ces après-midis dans le parc du lycée, bercés par ton rire et éblouis par tes cheveux de feu, tu étais notre soleil. Maintenant, le ciel parait dépourvu de lumière.
J'espère que tu brilles au moins parmi les étoiles,
Charlie.