Chapitre 7 : Leo

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PARTIE II : « Il y a des poignards dans les sourires »


David Langford a disparu depuis dix jours. Chaque jour qui passe, les chances de le retrouver sain et sauf diminuent. Aux dernières nouvelles, Malcolm et ses adjoints n'ont toujours pas la moindre piste. Personne ne semble avoir vu quoi que ce soit d'utile samedi et les images de surveillance des quelques caméras du campus n'étaient d'aucune utilité. Mais Malcolm lui a dit de rester positif, que l'affaire était traitée comme une disparition à haut risque.

Leo n'est plus certain de pouvoir rester positif. Et il a fait la chose à ne surtout pas faire lorsqu'on est inquiet : faire une recherche sur Google. Un article lui a appris que la personne disparue n'était retrouvée morte que dans moins d'un pourcent des affaires. Il ne saurait dire si ce genre de statistique le rassure ou le perturbe encore plus. Il a ensuite épluché une liste des causes possibles d'une disparition. Kidnapping. Entrée dans une secte. Suicide. Accident. Meurtre. C'est à ce moment-là que Leo a décidé de fermer son ordinateur.

Leo n'ose pas imaginer dans quel état il serait si David et lui avaient été très proches. Elena doit ressentir cette inquiétude et cette incertitude au centuple. Leo aurait peut-être été tout aussi impulsif à sa place. Les deux cousins se sont à peine parlé depuis l'incident de la station-service. Et ce n'est pas uniquement à cause de la tonne de travail qu'ils reçoivent depuis la rentrée. Elena s'est excusée à plusieurs reprises, mais Leo était trop sidéré pour réellement l'écouter. Il est sûrement temps qu'il fasse le premier pas pour accepter le rameau d'olivier qu'elle lui tend. Pourquoi est-ce si compliqué d'entretenir des relations avec d'autres êtres humains ?

— Leo, tu as vu mes lunettes ? demande Rose depuis la pièce d'à côté, tirant Leo de ses pensées.

— Sur la table de la salle à manger, répond-il avec certitude. À côté du bol de fruits.

— — Merci, je les ai trouvées ! Qu'est-ce que je ferais sans toi ?

Rose laisse toujours ses lunettes au même endroit lorsqu'elle ne les a pas sur le nez, mais ça ne l'empêche pas de chercher ailleurs. Leo n'essaye plus de la convaincre de les garder sur elle en permanence, car il a compris que c'était une bataille qu'il ne pourrait pas gagner. Rose est sans doute la personne la plus têtue qu'il ait jamais rencontrée. Et cela en dit long quand on sait à quel point sa mère peut être bornée. Mais cette obstination n'est pas difficile à supporter étant donné tout ce que cette femme formidable a su lui apporter.

Quand Leo a décidé de s'inscrire à un programme visant à tenir compagnie à des personnes âgées qui vivent seules, il voulait seulement faire une bonne action purement désintéressée. Il ne pensait certainement pas que Rose deviendrait l'une des personnes les plus importantes de sa vie. Une véritable grand-mère de cœur, comme elle dit toujours. C'est pour cette raison que Leo lui rend visite deux fois par semaine, sans faute, depuis bientôt deux ans. Il aime à penser qu'ils se sont trouvés au moment où chacun avait grandement besoin de l'autre.

Leo verse l'eau bouillante dans les deux tasses qu'il placées sur le comptoir, avant de les transporter vers la salle à manger. C'est l'heure du thé du mardi soir. Comme à son habitude, Rose a confectionné un gâteau pour l'accompagner. Aujourd'hui, c'est une tarte aux pommes qui fait de l'œil à Leo depuis qu'il est arrivé dans l'appartement trois pièces de l'octogénaire.

— Je te sers une grande part, annonce Rose sans sous-entendre qu'il a le choix. Il faut que tu manges, mon chéri, tu es tout maigre.

— Je pense que la balance ne partage pas ton avis.

Et tous les démons sont iciOù les histoires vivent. Découvrez maintenant