Chapitre 12 : Leo

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L'enquête piétine. Ce sont les mots que Malcolm a utilisés. Et si la police n'a pas la moindre piste, ça n'augure rien de bon. Son père a commencé à sous-entendre la possibilité que David ne sera pas retrouvé en vie. Et en son for intérieur, Leo doit avouer qu'il n'a pas tort. À ce stade, il est plus raisonnable de s'attendre à retrouver un corps. Surtout quand on prend en considération tout le sang qu'ils ont retrouvé dans la chambre. Bien entendu, il ne peut pas dire cela à Elena. Après tout ce qu'elle a traversé, il n'est pas sûr qu'elle puisse le supporter. Il espère de tout son cœur avoir tort.

Vivant ou non, ils doivent découvrir ce qui lui est arrivé. Pour ce faire, Leo a demandé l'aide d'Ethan afin de continuer les recherches sur le contenu du journal. Ethan a accepté sans hésitation, toujours aussi ravi de pouvoir rendre service. Est-il comme ça avec tout le monde ? Ou Leo a-t-il droit à un traitement de faveur pour une quelconque raison ? Pourquoi se pose-t-il la question ? C'est à cause de la remarque d'Elena, tout ça. À cause d'elle, il va se mettre à analyser tout ce qui a un rapport avec son colocataire. Bon, il analyse déjà tout et n'importe quoi sans l'intervention de qui que ce soit, mais quand même...

Il revient à la réalité juste à temps pour éviter de rater la marche devant lui. Ce n'est pas une bonne idée de se réfugier dans la bulle de ses pensées tout en montant des sacs de courses jusqu'à l'appartement de Rose. S'il fait tomber les bouteilles de son jus de fruits préféré, elle va le fusiller du regard. Rose ne rigole pas avec son jus de fruits.

Fort heureusement, Leo arrive à bon port, déposant les sacs directement dans la cuisine après avoir lancé un bonjour à Rose par-dessus son épaule. C'est toujours un bonheur de voir son visage s'illuminer lorsqu'elle voit que Leo lui a ramené de quoi faire de bons repas pour les deux semaines à venir.

— Tu n'aurais pas dû prendre autant de choses, dit-elle toujours avec un sourire qui trahit ses vrais sentiments. Je vais prendre du poids avec tout ça.

Quand on considère que la moitié de tout ce qu'elle prépare se retrouve dans des boîtes à emporter qu'elle distribue à ses voisins et à Leo, il doute qu'elle prenne le moindre gramme.

— Combien je te dois, mon chéri ? demande-t-elle en attrapant son porte-monnaie.

Leo divise le prix par trois et prétend ne plus avoir le ticket de caisse, comme à son habitude. Il a déjà essayé de tout payer lui-même, mais puisque Rose refuse toujours catégoriquement, il a trouvé une nouvelle approche plus subtile. Rose sourcille en entendant le faux prix, mais Leo sait se montrer convaincant quand il le faut, allant jusqu'à inventer des promotions imaginaires sur les paquets de farine ou sur le papier toilette.

— J'ai parlé à ta maman au téléphone, dit Rose sans préambule lorsqu'ils rangent les courses. Elle m'a dit que tu ne l'avais pas appelée depuis longtemps.

— Je n'en reviens pas... répond Leo, dépité. Elle compte en parler à toute la terre ou quoi ? Il y a une malédiction qui l'empêche de composer mon numéro directement, peut-être ?

— Elle a peur que tu ne veuilles pas lui parler. Tu sais, elle essaye de ne pas le montrer, mais elle est comme toi. Elle s'inquiète pour des broutilles et elle s'imagine qu'elle embête les personnes à qui elle veut parler.

— C'est compliqué entre nous, Rose. Je... On ne sait pas comment communiquer sans que ça ne se termine en dispute.

Leo se met à séparer les packs de yaourt de leur emballage pour éviter de voir le regard désapprobateur que Rose est en train de lui lancer.

— C'est ta mère et elle t'aime, dit-elle. Il n'y a rien de compliqué là-dedans. Le reste n'est que du bruit.

La phrase préférée de sa grand-mère de cœur. Une phrase qui signifie que toutes les distractions, les querelles et les ressentiments ne doivent pas nous empêcher de voir ce qui compte réellement dans la vie. Leo aimerait pouvoir respecter cette philosophie de vie, mais son cerveau ne semble pas vraiment d'accord.

Et tous les démons sont iciOù les histoires vivent. Découvrez maintenant