Till a passé les derniers jours à réparer son bar. Grâce à Romy, il a pu faire appel aux meilleures entreprises pour l'aider à réparer sa fenêtre cassée, ses tables et ses chaises. Ils sont d'un modèle ancien qui ne se fait plus, et que le barman avait dû faire importer. Depuis cet incident, Till n'a plus vu un seul client qu'il apprécie. Les habitués ont déserté le Fisherman, et tous ont été remplacés par ces russes à l'accent fort, qui arrivent à peine à aligner deux mots d'allemand, et qui lui parlent méchamment.
Ce soir, c'est différent. Les russes ne sont plus là, quelques visages familiers ont pointé le bout de leur nez. Till est content de les voir. Il a offert le premier verre à chacun d'entre eux, pour marquer le coup. Christoph en a largement abusé, et une fois de plus, il a joué les psychologues de comptoir. Le policier avait besoin d'un remontant et de paroles encourageantes. Till sait faire les deux.
Il est presque une heure du matin quand le bar commence tout doucement à se vider pour laisser place aux plus jeunes, qui s'apprêtent à aller en boîte. Till ne reconnaît jamais ses clients à cette heure-ci. Ça change tout le temps. Sauf ce visage, à qui il sourit. Il ne peut s'empêcher de zieuter la grande cicatrice qui s'étire quand Romy lui rend son sourire, alors qu'elle se hisse sur un des tabourets de bar. Elle semble fatiguée. Quand elle ouvre sa grosse veste d'aviateur dont le col sent le tabac froid, le barman remarque qu'elle est en pyjama. Il devine ses seins nus sous le t-shirt AC/DC, et le bas semble être un pantalon de jogging usé, délavé, qu'elle ne porte que chez elle, en principe. Du moins, c'est ce que Till le psychologue de comptoir pense.
- Bonsoir ma petite demoiselle, claironne-t-il en lui souriant. Je t'offre un Cuba Libre parce que je l'ai fait toute la soirée aux habitués, et je t'offre le deuxième en guise de remerciement pour avoir payé les réparations.
- On a déjà dit que les réparations, c'était normal. C'est moi qui ai flingué tes tables en me faisant jeter dessus, je te devais bien ça.
Le verre de rhum agrémenté de Coca-Cola glisse vers elle, et sans le regarder, elle le saisit, et en boit deux grosses gorgées.
- Alors, enchaîne Till. Tu veux me raconter ce qui t'amène ici dans cette tenue, aussi tardivement ? Une insomnie peut-être ?
Romy reste silencieuse un instant, semblant réfléchir. Till voit à son expression qu'elle a déjà la réponse. Elle a juste du mal à mettre les mots justes dessus.
- En fait je dors, ce n'est pas un problème, commence-t-elle. C'est juste que depuis... ne me juge pas, hein...
Till sourit, prépare le deuxième verre tandis qu'elle boit de nouveau plusieurs gorgées d'affilée.
- Je ne juge jamais, rassure le barman. Et puis tu es une grande fille, tu assumes, tu es responsable de toi. Je ne vois pas ce que je pourrais juger. Chacun fait ses choix.
- Je couche avec Paul, lâche la blonde.
Till se stoppe pendant quelques secondes. Il essaye d'imaginer le couple, puis secoue la tête. Quelque chose cloche.
- Mais encore ? demande-t-il.
- Depuis la première fois, on se voit plus souvent, forcément, explique-t-elle. Mais j'ai l'impression qu'il attend quelque chose de plus de cette relation, par rapport à moi.
- Paul a cinquante-cinq ans, c'est normal. Il a vécu toute sa vie seul, par exemple. C'est normal qu'il cherche plus que tout ta compagnie.
- Soit. Mais depuis ce jour, je fais tout le temps le même cauchemar.
Elle s'arrête, contemple le fond de son verre vide, l'œil morne. Till la regarde faire, essaye de sonder. Il y a quelque chose qui la perturbe, et le barman se demande si ce n'est pas la même chose, cette même gêne qui l'habite depuis qu'elle lui a annoncé se taper son ami. Non pas qu'il n'est pas content pour Paul. Romy est une jeune femme spéciale, mais terriblement altruiste et gentille. Il n'a pas parié sur le mauvais cheval. Seulement, le barman s'était toujours imaginé, en entendant Oliver, que ce dernier et la blonde finiraient ensemble.
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Le Requin [RAMMSTEIN - TERMINÉE]
FanficRomy est une jeune femme simple : un caractère doux, des cheveux longs aussi blonds que les blés, de beaux yeux verts rieurs, et une lame plus tranchante qu'un rasoir. Elle a choisi sa place dans le monde facilement : elle corrigera la justice quand...