Paul se remet doucement de cette conversation. Romy est partie, il peut repenser à tout ça, peut-être même se mettre en colère, sans que personne ne le voit. Par mimétisme, le pompier fait comme la jeune femme un peu plus tôt : il lève les yeux et contemple le plafond. Son cœur se serre. Même si ça n'a pas duré, même si ça n'était pas fait pour durer, Paul a mal. Romy va lui manquer. Ou l'amour, peut-être. Le sentiment d'avoir attiré quelqu'un, c'est ça qui va lui manquer. Pendant ces quelques semaines, Paul a eu l'impression d'être important pour quelqu'un, et d'avoir été l'objet d'une attraction.
Il s'assoit en tailleur sur le canapé, et repense à tout ce qu'ils se sont dit avant de se quitter. En fait, Paul n'a aucune raison d'être triste. Il est maître de sa vie, et s'il veut se comporter comme un jeune homme de vingt ans, alors il le fera. Il a le temps de trouver l'amour, penser le contraire est très défaitiste. Oui. Demain il ira trouver de nouveaux meubles, de la décoration, peut-être même de la peinture ou de la tapisserie tendance pour égayer un peu tout ça. Il ne laissera plus son ex gagner. Que dirait-elle si elle le voyait comme ça ? Rien, elle se contenterait de rire, se dit-il.
Sur l'accoudoir, son téléphone se met à vibrer et à sonner. Paul voit le nom de Romy s'afficher, et décroche, prêt à lui lancer une petite pique. Mais quand il entend ses sanglots, il peut ressentir sa panique jusqu'ici.
- A-Allô ?! Allô ?!
- Romy, je suis là, dit-il calmement.
- Paul... Pardon, j'ai appelé le dernier numéro sans réfléchir...
- Romy, qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qui te met dans cet état ?
Peut-être que ce n'était pas si grave que ça. Romy a été régulièrement sujette à ce genre de crise de larme, peut-être qu'elle a juste besoin de discuter un peu.
- Quelqu'un a tiré sur Oliver, il y a du sang partout, et je ne sais pas quoi faire...
D'accord, c'était si grave que ça. Paul bondit de son canapé, ramasse ses vêtements à la va-vite et commence à essayer de s'habiller avec une seule main.
- J'appelle la caserne tout de suite, on arrive avec un camion, annonce-t-il fermement, espérant lui montrer qu'il a les choses en main, et que tout ira bien.
Romy sanglote, Paul ne raccroche pas encore.
- Romy, écoute-moi bien. Tu vas garder tes deux mains appuyées sur l'endroit où ça saigne, et tu vas respirer profondément. Si tu as un tissu à disposition qui ne soit pas trop absorbant, sers-t-en pour faire pression, le saignement devrait se ralentir. Il a été touché où ?
- Dans le ventre...
- Bon, si ça n'a pas touché le foie, c'est gagné, avec une chirurgie d'urgence, il s'en sortira.
- D'accord...
La voix de Romy meurt, et Paul constate qu'elle a calmé ses sanglots.
- Romy, tu vas répéter après moi : tout ira bien.
Silence.
- Allez, dis-le.
Paul a réussi l'exploit de s'habiller. Il court vers ses chaussures, qu'il enfile sans chaussettes, tant pis.
- Tout ira bien...
- Voilà, exactement. Tout ira bien. Tu fais comme je t'ai dit, et nous on arrive.
- Il faudra que je vienne t'ouvrir...
- Tu feras vite.
Romy ne répond pas. Paul sait qu'elle a compris. Il la sent plus calme, plus maîtrisée. Elle est concentrée sur ce qu'elle doit faire.
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Le Requin [RAMMSTEIN - TERMINÉE]
Fiksi PenggemarRomy est une jeune femme simple : un caractère doux, des cheveux longs aussi blonds que les blés, de beaux yeux verts rieurs, et une lame plus tranchante qu'un rasoir. Elle a choisi sa place dans le monde facilement : elle corrigera la justice quand...