COMMENT LE PROPHÈTE A-T-IL UNIFIÉ LA NATION MUSULMANE ?

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QUESTION :

Que la paix soit sur vous.

Aujourd’hui, lorsqu’on jette un œil sur la nation musulmane, on la trouve brisée, distraite et dispersée tant dans ses objectifs que dans son entité. Cherchant la voie de la réforme, on se souvient alors des débuts de l’islam. Pourriez-vous nous expliquer comment le Prophète Muhammad - paix et bénédictions sur lui - a réussi à unifier toute sa nation, si bien qu’elle a atteint les cimes de la gloire dans ce monde ?

Que Dieu vous en rétribue.

RÉPONSE : De Sheikh Ahmad Ash-Sharabâsî

Si je devais répondre en une phrase, je dirais : Muhammad - paix et bénédictions sur lui - rassembla sa nation, et unifia ses décisions parce qu’il fut le Sceau des Prophètes et le Guide des Messagers envoyés par Dieu. Il fut le guide de tous ceux qui luttaient pour la Cause de Dieu. Il fut envoyé en tant que miséricorde pour l’humanité entière et fut soutenu par Dieu Tout Puissant.

En guise d’explication, je dirais brièvement que notre noble Prophète - paix et bénédictions sur lui - réussit à réaliser une telle unité et une telle solidarité par différents moyens : sa force de caractère, son dévouement sincère à son Message, sa haine des idoles qui prévalaient en son temps. Par ailleurs, il imprégna les cœurs des musulmans d’une foi supplantant les croyances païennes, fausses et triviales.

Il illumina les cœurs par la lumière de la foi en Dieu, Glorieux Créateur, Détenteur de tout ce qu’il y a dans les cieux et sur terre. Il enracina fermement cette foi, de façon pratique et permanente, à travers les actes de culte que son Seigneur lui révélait, comme la prière, le jeûne, l’aumône légale, le pèlerinage, et toutes sortes de bonnes actions.

Il faut ajouter à cela qu’il purifia les âmes humaines de toute rancune et de toute haine ; point de place pour l’agressivité ou l’injustice, point de place non plus pour l’orgueil ou l’invective, mais plutôt place à la fraternité, à l’amour et à l’égalité, car tous les hommes sont issus de la même origine, et un Arabe n’a point de mérite par rapport à un non Arabe, si ce n’est par la piété.

De surcroît, il leur enseigna qu’ils ne détenaient aucun pouvoir ni aucune force qui leur étaient propres ; s’ils succombaient à la vanité, ils seraient certes perdants, mais s’ils tiraient leur fierté de leur Créateur, ils réussiraient et prospéreraient, car la gloire appartient à Dieu, à Son Messager et aux croyants. C’est pourquoi le Coran précise : « Et cramponnez-vous tous ensemble à l’Anse de Dieu et ne soyez pas divisés » [1].

À partir de là, l’importance de la vie terrestre et des plaisirs mondains fut minimisée à leurs yeux. Lorsque nous réduirons notre attachement à la vie terrestre, notre humanité en profitera, et nous serons dignes de rassembler tous les êtres humains sous le signe de l’amour et de la foi. Le Prophète - paix et bénédictions sur lui - les poussa également à nourrir l’espoir en un Paradis merveilleux et à garder en vue la vie éternelle qui viendra au terme de cette vie provisoire. Si, pour ce genre de raisons, les concurrents doivent œuvrer ensemble, et les différents acteurs collaborer entre eux, comment en serait-il autrement pour des gens partageant la même identité ?

De plus, le Prophète imprégna le sentiment patriotique d’une dimension religieuse et précisa qu’aimer sa patrie, c’est être croyant et que défendre sa propriété fait partie de la saine religion.

Ces liens solides réunirent toutes les parties dans un élan de solidarité et de concorde, car elles n’auraient pas pu établir leur autorité sur leurs terres ni défendre leur souveraineté pour plaire à leur Seigneur si chacun d’entre eux ne s’était décidé à aider et à soutenir son frère. Le Musulman est en effet au Musulman tel un mur dont les briques se maintiennent mutuellement.

Enfin, le Prophète — paix et bénédictions sur lui — réussit l’unification de sa Communauté religieuse et des gens qui la constituaient, parce qu’il en fit une nation pieuse et croyante, œuvrant pour ce bas-monde comme si elle devait y vivre éternellement et œuvrant pour l’au-delà comme si elle devait mourir le lendemain. Par conséquent, cette religion ne prospérera que grâce à ce qui a fait sa prospérité en ses débuts ; quant à ceux qui restent à la traîne, s’ils veulent rattraper leur retard et aller de l’avant, ils ont la voie tracée droit devant eux.

Notes
[1] Sourate 3, Âl 'Imrân, La Famille d’Amram, verset 103.

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