L'UNITÉ ISLAMIQUE : UN DEVOIR RELIGIEUX ET UNE NÉCESSITÉ HUMAINE

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Sheikh Muhammad Abû Zahrah

Il n’est guère utile, aux yeux de ceux qui connaissent les réalités de l’islam, de rappeler que les musulmans constituent une même communauté. De tels propos paraîtraient même comme des banalités dans lesquelles il convient de ne pas verser, tant cela fait partie des évidences établies par l’islam, tant cela fait partie des choses nécessairement connues de la religion, dont nul croyant ne peut douter, et que nul musulman ne peut remettre en cause. Toutefois, nous vivons l’âge de la singularité de l’islam [1] ; ses réalités y sont devenues singulières, si bien que leur énoncé nécessite quelque introduction pour atténuer leur singularité. Nous avons même besoin de les expliquer, de prendre leur défense sans relâche. Il est même indispensable qu’un groupe parmi nous se fasse un devoir d’y appeler, et d’y inviter les gens, faute de quoi l’islam n’aura aucune dignité et les musulmans n’auront aucun poids. Parmi les vérités établies, il est en effet celle qui stipule que ce qui relèvera les générations postérieures de cette communauté n’est autre que ce qui a servi à relever les générations antérieures. Elle ne saura retrouver son passé glorieux et honorable que lorsqu’elle réunira les prémices de ce passé. Cette communauté n’aura aucune puissance sauf à puiser dans l’aube de son histoire la force et la foi, et dans sa religion la force et la constance. Cela se réalisera lorsque ses contrées et ses individus seront réunis autour d’un principe unificateur dont nul ne départira ni ne divergera.

Si par le passé nous péchâmes par négligence, nous nous devons de nous réveiller à présent. Car notre négligence eut pour effet que des loups humains nous dévorèrent, contrée après contrée, et notre succession fut ouverte de notre vivant, si bien que les autres s’accordaient ou divergaient sur notre affaire, tandis que nous nous tenions complètement impuissants. Nos ennemis furent consultés à notre sujet alors que nous observions en toute soumission ce qui adviendrait de nous sans point nous battre. Tandis qu’ils amassaient leurs épées, nous les regardions briller sans penser qu’elles seraient orientées, avant tout, spécifiquement contre nous.

En fin de compte, le dormeur se réveilla de son somme, les sentiments s’avivèrent, les esprits s’activèrent, mais dans des cercles régionaux et nationalistes. Cela est louable en soi en guise d’étape et non en tant que finalité, en tant que démarche initiale et non en tant que destination finale. L’on ne pouvait guère faire autrement puisque les ennemis de l’islam n’auraient point permis que nous nous réunissions pendant qu’ils gouvernaient toutes les nations musulmanes, tout comme ils ne nous auraient pas laissés nous retrouver autour de la table de l’islam car cela signifiait la fin de leurs profits et de leur colonisation. Afin de s’affranchir, chaque région se devait donc d’agir localement jusqu’à se débarrasser du joug de la servitude. Puis, lorsque tous furent libres, il devint alors possible de se retrouver dans la dignité et la liberté, afin de gérer leurs affaires et la religion qu’ils agréèrent pour eux-mêmes, entendant la voix de la Vérité retentir de Son appel éternel : « Ô les croyants ! Craignez Allah comme Il doit être craint. Et ne mourez qu’en pleine soumission. Et cramponnez-vous tous ensemble à l’anse d’Allah et ne soyez pas divisés ; et rappelez-vous le bienfait d’Allah sur vous : lorsque vous étiez ennemis, c’est Lui qui réconcilia vos cœurs. Puis, par Son bienfait, vous êtes devenus frères. Et alors que vous étiez au bord d’un abîme de Feu, c’est Lui qui vous en a sauvés. Ainsi Allah vous montre Ses signes afin que vous soyez bien guidés. Que soit issue de vous une communauté qui appelle au bien, ordonne le convenable, et interdit le blâmable. Car ce seront eux qui réussiront. Et ne soyez pas comme ceux qui se sont divisés et se sont mis à disputer, après que les preuves leur furent venues, et ceux-là auront un énorme châtiment. » [2]

Nous autres musulmans étions dépassés par les événements, tant et si bien que nous servions de combustible pour des guerres où nous étions dévorés sans jamais manger à notre tour, où nos forces étaient exploitées sans que le moindre profit nous revienne, toutes nos richesses étaient épuisées sans jamais en voir la couleur sauf les miettes que voulaient bien nous jeter ceux qui nous gouvernaient. Ils firent de nous une culture dont ils récoltaient les fruits, et une industrie dont ils accaparaient la richesse. Ils nous poussèrent à abandonner les principes de notre religion, principe après principe, et déracinèrent de nos cœurs l’amour du jihâd, tout en y insufflant la faiblesse et l’amour de ce bas-monde éphémère et futile, et ce, par le biais des inimitiés qu’ils cultivaient entre nous et des pots-de-vins qu’ils versaient à nos notables. Ainsi l’affaire de cette nation s’éparpilla et le leadership y fut confié à des gens totalement ignorants de leur religion.

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