Chapitre 1

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Alors que je grattai du bout de mon ongle, les briques rouges de ma prison, perdue dans mes pensées les plus obscures, des pas se firent entendre dans le couloir qui me faisait face. Mon estomac gronda espérant sûrement accueillir un peu de nourriture, j'avais terriblement faim et soif et mon état était tel que je m'étonnais de pouvoir encore me tenir debout. D'une faible main je repoussai les quelques mèches sales qui me tombaient devant les yeux et essayai de reprendre une contenance, gardant tout de même un minimum de fierté. En deux jours j'étais passée par de multiples phases mais j'étais décidée à ne plus me morfondre, ma faiblesse d'esprit m'avait value de commettre la plus grosse connerie de mon existence. Mon honneur avait été prise ainsi que mon espoir crédule et ma liberté mais c'étaient les dernières choses que je laisserais aux mains de ces fichus suceurs de sang.

Les pas se rapprochèrent avant de s'arrêter juste devant ma porte. Un cliquetis se fit entendre dans la serrure et elle s'ouvrit dans un grincement sinistre tandis que deux silhouettes pénétrèrent la pièce à grands pas.

- Allez lève toi, m'ordonna une voix grave.

Je relevai les yeux vers lui mais ne bougeai pas d'un pouce, je n'avais plus rien à perdre et l'écouter était bien la dernière chose que je souhaitais faire, s'ils voulaient m'emmener quelque part ils devraient agir contre mon gré.

- Allez. On ne va pas te le demander deux fois.

Le silence se prolongea et personne ne bougea. Il finit par s'avancer vers moi et m'empoigna le bras violemment en me redressant.

- Tu es conne peut-être ?

Il me secoua comme un prunier, faisant cliqueter mes chaines mais je ne bougeais toujours pas, ma tête ne cessant de dodeliner comme si la vie m'avait quittée. Paraître plus faible que je ne l'étais déjà me donnerait peut-être un avantage pour la suite des événements, il valait mieux être prudent.

Le vampire se tourna vers son collègue et tendit sa main.

- Elle est tarée je crois, ricana t-il, passe moi les clés qu'on en finisse.

Il récupéra les clés et s'approcha du mur toujours en me tenant pour me désolidariser de ma cellule. Une fois la chaîne retirée d'entre les briques humides, il rangea les clés dans sa poche et entoura mes fers autour de sa main avant de me pousser vers la sortie, m'entrainant dans le couloir sans douceur.

- Allez, tu vas la tenir, j'ouvre la marche.

Je sentis mes liens changer de propriétaire et l'on commença à avancer. Je me demandai tout de même pourquoi tant de protection. J'étais humaine, trahie, épuisée, affamée, sûrement malade, complètement brisée et pourtant j'étais enchaînée avec une garde rapprochée. Cette pensée me fit presque rire parce que la réalité s'imposa. Personne n'était au courant du petit plan de Powell, tout se jouait entre nous, pour eux j'étais simplement l'humaine qui avait tué le grand manitou et c'était, somme toute, une réalité. J'avais tué un vampire vieux de plusieurs millénaires, j'avais fragilisé l'origine du mal et même si Powell pensait pouvoir tout contrôler, tout pouvait basculer. J'avais à la fois provoqué l'horreur parmi mon espèce mais aussi l'espoir.

Je regardai d'un œil vide mes deux gardiens. Sans surprise ils étaient tous deux vampires, je pouvais le deviner après avoir vécue quelques mois chez un de leurs dirigeants. Le plus jeune était sec comme une branche d'arbre et semblait mécontent de tout et n'importe quoi, ça m'étonnerait qu'on puisse lui décrocher un sourire. Le plus vieux au contraire était rond comme une balle et ne semblait pas être une mauvaise pâte si on omettait sa vampirisation. Ces deux hommes étaient de vrais paradoxes.

Il me sembla que l'on marcha pendant des heures avant d'atteindre le deuxième étage de la résidence royale. Je me souvenais avoir parcouru ces couloirs quelques jours plus tôt, en compagnie du défunt tyran, avant que tout bascule dans l'horreur la plus complète. Une vague de peur déferla en moi mais j'essayai de la repousser le plus possible car je sentais que j'allais devoir être au maximum de ma force pour ce survivre à ce qui allait suivre. Mes gardes s'arrêtèrent devant une porte blanche, toute simple. Elle détonnait dans le couloir sombre. Sans frapper, ils entrèrent et me déposèrent sur un fauteuil avant de se retirer sans m'enlever mes entraves.

Raid RubisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant