Épιѕode 16 : ιɴdιαɴαpolιѕ, oυ lα vιlle deѕ lαттe, deѕ eмpoυѕαι eт deѕ rυιɴeѕ

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Épisode 16 : Indianapolis, où la ville des latté, des empousaï et des ruines

Survoler les routes, c'était vachement cool. Mes muscles se détendaient, laissant faire le sale boulot aux super godasses d'Hermès. Les automobilistes, grâce à la Brume, me voyaient comme un gros rapace ou un cerf volant égaré. Jessica, fille d'Hécate -déesse de la magie- m'en avait déblatéré les bienfaits.

Invisible à l'oeil nu, omniprésente, la Brume était comparée à l'oxygène et toutes les particules de l'espace. Elle protégeait le secret de la mythologie grecque dans la population contemporaine. Ainsi, nous pouvions décapiter un cyclope dans un supermarché, le petit cerveau limité des humains ne verrait rien de plus qu'une personne folle agitant un balais dans les airs.

Rares étaient les mortels ayant le don de clairvoyance. Leur imagination se mêlait si étroitement avec leur réalité que la Brume n'avait quasiment aucun effet sur eux. Certains demi-dieux pouvaient la modeler, créant ainsi des illusions sur les mortels. Jessica en était capable, à sa guise qui plus est. Rosamond et Falco également, pouvaient exiger de la Brume quelques tours. Je ne l'étais pas.

C'est donc en état vestimentaire pittoresque que je m'affichais dans la rue, zigzaguant dans la marée humaine du centre d'Indianapolis. Cheveux sales rattachés en demi-chignon, visage transpirant, vêtements effilochés, sac à dos gros comme une baleine à bosse, chaussures totalement dépareillées avec le reste de la tenue. Finalement, une quête en solitaire avait du bon : un enfant d'Aphrodite ou d'Apollon n'aurait pas survécu deux jours.

J'avais fini par m'attabler sur la terrasse du café Kilroy's, sur la Broad Ripple Avenue. Un quartier calme, à cette heure-ci. Généralement peu de personnes restent le soir jusqu'à l'heure de fermeture du magasin. Personne sauf un touriste anglais, une vieille femme roulée sur elle-même en lisant un roman de Stephen King, le personnel de salle (vue leur tête, les heures supplémentaires nocturnes n'étaient pas rémunérées), et moi.

« Votre latté vous convient-il ? demanda la barmaid en nettoyant les tasses du service précédent.

— Il est parfait, merci...

La barmaid n'avait pas l'air très âgée comparée à moi, et ses mouvements trahissaient une gaucherie d'inexpérience. Son boulot ne devait être qu'un stage où on lui refilait les pires horaires. À bien regarder ses pommettes et l'éclat de ses yeux... peut-être cinq ans de plus ? Je lui donnais vingt-deux ans.

— Vous avez du faire longue route, dit-elle, ou trouver un hôtel aussi commode que la vieille dame qui bouquine depuis (elle consulta sa montre) bientôt huit heures... je n'ose plus la faire sortir de force. Elle vient ici tous les soirs depuis six jours.

— Dans le pire des cas appelez votre patron et cassez-vous d'ici, non ? À moins que vous ne vouliez un coup de main.

— C'est gentil de votre part d'avoir proposé mais je suis contre la violence envers les personnes âgées, rit-elle en faisant tinter ses longues boucles d'oreilles. Vous êtes du coin ?

— Nope, j'suis juste de passage, lui confiai-je.

— Oooh vous venez visiter les environs, soupira-t-elle. Elle aurait préféré que je sois une méta-humaine à la recherche d'un métal extraterrestre pouvant vaincre Superman ? Si c'était le cas, elle avait presque un sans-faute. L'égo reprit le dessus sur mon comportement. Mode dark et mystérieuse enclenché !

— Si vous deviez cacher une pierre magique dans une ville, commençai-je, une pierre reliée au monde, capable de miracles divins et faisant partie d'une prophétie, où est-ce que vous la planqueriez pour que personne ne puisse la trouver facilement ?

ғαll [percy jαcĸѕoɴ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant