ADDICTION

Chapitre 47

La pluie tombait encore à l'extérieur et elle tombait si rapidement qu'elle fit mal à certains lorsque les gouttelettes frappèrent la peau. Les élèves qui sortaient du lycée couraient, se cachaient sous des sacs d'écoles ou tout simplement des parapluies qui paraissaient des taches de couleurs dans la vision de chacun. Le tonnerre avait commencé à gronder et le ciel était déjà sombre même si la soirée n'avait même pas encore débuté. En fait, l'ambiance était pénible et Alec songeait qu'il allait à merveille dans le lot.

Il vit Isabelle, toujours aussi éblouissante dans son long manteau marron, sous un parapluie transparent à quelques mètres de lui, pourtant, le jeune homme n'en était guère enchanté. Tout cela à cause de sa dispute avec Magnus et c'était fou comment Alec se sentait si coupable.

Le noiraud pila dans une flaque d'eau qui éclaboussa le bas de son pantalon noir et ça ne le dérangeait même pas.

La dispute menait sur son petit frère Max, mais en réalité, ce n'était même pas ça la cause. Une jalousie, en Alec, s'était développée face au fait que son petit-ami avait été présent dans la vie de son frangin alors que lui, non. Pourtant, en y repensant, le jeune homme avait complètement tort de lui en vouloir, mais il avait agit en ignorant celui qu'il aimait comme un idiot et cela avait mené à ce problème. La culpabilité, ça faisait longtemps que le jeune n'y avait pas goutté et il détesta immédiatement sa saveur. Elle le brisait de l'intérieur et nouait quelque chose dans le fond de sa gorge qui n'arrêtait pas de lui faire penser à quel point il n'aurait pas du agir ainsi.

Le jeune homme arriva devant sa soeur frigorifié par cette pluie glacée et le regard vide. Isabelle, qui portait toujours ce grand sourire sur les lèvres le salua calmement, mais cette joie s'effaça bien rapidement en regardant de nombreuses fois son frère.

— Est-ce que ça va? demanda-t-elle en le couvrant de son parapluie alors qu'Alec pensa qu'il commença à détester le fait qu'on lui posait toujours cette question et que ce parapluie lui donnait la chair de poule comme quand il était petit.

— Oui.

Le jeune homme mentit, il n'allait quand même pas tout lui raconter ses problèmes. Sur cette pensée, il s'efforça de sourire, mais cela devait paraître tellement faux aux yeux de sa soeur. Pourtant, à sa grande surprise, elle se mit à marcher après avoir passé son bras sous le sien. Ce geste étonna Alec qui dévisagea longuement son bras.

— Maman m'a demandé d'acheter des œufs et du lait avant de revenir, lâcha-t-elle en essayant de faire sourire son frère. On ira au supermarché, puis nous prendrons le bus.

Ils marchèrent dans les rues, la pluie tombant toujours aussi drue sur eux. En silence, Alec regarda du coin de l'œil sa sœur allant de ses yeux sombres qui venaient de son père, à son nez recourbé comme un renard et ses lèvres rouges qui semblaient avoir tenu de sa mère. Isabelle était belle, il fallait le dire et il comprenait maintenant, l'acharnement des jeunes hommes vers elle, même si lui ne ressentait rien envers les femmes. Pourtant, sa sœur n'avait rien d'une groupie, non, elle était gentille, altruiste, attentionnée, bref, cette amie qu'on voudrait tous avoir. En pensant cela, Alec réalisa que peut-être si Isabelle s'était rapprochée de lui rapidement, c'était peut-être pour ne pas le blesser. Il ne put pas la regarder de la même façon.

— Est-ce que c'est Magnus? demanda Isabelle après un long silence.

Alec, ne comprenant pas où elle voulait en venir, regarda immédiatement autour de lui à la recherche de l'asiatique, pourtant, il n'était nul part.

— Je voulais dire, est-ce que tu t'es disputé avec Magnus?

— Oui, répondit Alec tout simplement.