ADDICTION

Chapitre 26

Alec avait l'impression que son cœur avait arrêté de battre pendant de longues minutes déjà. Il regarda, cette femme qu'il ne connaissait même pas, Annamarie Highsmith, les yeux vagues, les mains tremblantes, un gros nœud dans la gorge. Avait-il bien compris? Non, il ne voulait pas avoir compris ce qu'elle avait dit. Un sentiment de dégoût le frappa brutalement. Pas pour elle, mais sur lui. Il avait l'impression d'être soudainement sale, très sale. Ce qui le faisait sentir de cette manière était simplement le fait qu'il partageait les mêmes gènes qu'un violeur. À son père agressif, ivrogne s'ajoutait maintenant un agresseur de femmes. Et ce, depuis quand?

- Alec...

- Pourquoi vous me racontez cela? Demanda sèchement ce dernier, la mâchoire serrée et la regardant furieusement.

Il songea à comment il commençait à remonter cette pente qu'était sa vie depuis les derniers jours tranquillement. Ses efforts devenaient de plus en plus en visible, il le savait et l'espérait aussi. Rien n'avait osé se mettre dans son chemin pendant ce temps. Alors pourquoi, quand il se sentait enfin bien, heureux, une mauvaise nouvelle arrivait toujours à ses oreilles?

- Parce que tu mérites de le savoir d'autant plus de voir ma lâcheté, répondit-elle les yeux rouges et boursouflés par tant de larmes échappées. Je t'ai entendu pleurer l'autre fois. Et j'ai réalisé qu'il avait un enfant, un enfant qui devait souffrir mentalement et physiquement. Un enfant qui devait être seul, qui ne connaissait pas ce qu'est le bonheur et cela, je ne me le suis jamais pardonné. Je n'ai rien fait, je n'ai pas porter plainte pour tu sais quoi et je n'ai pas porté plainte pour te protéger, toi. Je m'en veux tellement parce que si je t'en parle... J'ai décidé de porter plainte si toi aussi tu portes plainte pour ce qu'il t'a fait subir.

- Ç-ça n'a pas de sens, pourquoi je dois porter plainte pour que vous le fassiez? S'écria Alec la mâchoire bien toujours aussi tendue.

Tout cela n'avait aucun sens dans sa tête. Bien sûr qu'il la croyait, son père était un être crasseux, méchant et agressif qui pourrait faire n'importe quoi pour satisfaire ses envies, mais pourquoi devrait-il lui aussi porter plainte pour qu'elle le fasse? C'était comme exiger quelque chose pour une raison complètement ridicule pensant que cela marcherait alors que non, en fait le voyait-il comme cela.

- Parce que j'ai été lâche, très lâche de ne pas porter plainte avant. J'avais peur de tout, de ton père, de ma famille et même moi-même. Tu dois le comprendre Alec, je le sais ce que tu dois vivre. Maintenant, je n'ai pas de chance de gagner le procès, car il me reste seulement une cicatrice à l'arrière de la tête. En appliquant...

- Vous ne pouvez pas comprendre ce que j'ai vécu! Lâcha abruptement Alec.

- Alec...

Cela en était trop. Il étouffait, suffoquait presque à l'intérieur de la boutique. Alec se retourna et sortit de la boutique claquant la porte sans le vouloir. Le vent de décembre lui frappa le visage tel une gifle laissant un tracé rouge sur sa joue. Il bouscula par mégarde quelques passants, mais il ne s'en souciait pas. L'important était de mettre le plus de distance entre lui et la boutique. Quelque chose lui oppressait la poitrine et cela lui faisait mal sans qu'il le sache pourquoi. Ses pensées bouillonnaient dans sa tête et Alec avait désormais trop de questions à poser.

Le temps passait lentement selon lui peut-être même croyait-il qu'il s'était arrêté. À chaque pas, il avait l'impression de ne pas avancer. Pourtant, Alec dut se rendre à l'évidence à la vue des édifices luxueux, il était rendu chez Magnus.

Son cœur s'emballa plus qu'il ne l'était déjà à la penser de voir l'asiatique. Qu'allait-il lui dire? Rien, il devait garder cela pour lui, Magnus n'était pas obligé de tout savoir non plus. Il marcha jusqu'à l'entrée, les mains gelées, il composa le numéro de Magnus pour entrer. Mais si, il s'était endormi, il ne pourrait pas entrer, il allait sûrement passer la nuit dehors...