Chapitre 15

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Je suis loin de l'homme

Que je veux devenir

Quand les autres dorment,

Si j'm'éloigne, c'est pour mieux revenir

Ils me traitent de fou

Ce qu'ils disent est vrai

Animal nocturne - Scylla & Sofiane Pamart feat. Lonepsi

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               Installée aux côtés de Dan et Méli, j'écoute attentivement le cours que notre professeur nous donne. Aujourd'hui nous parlons des troubles mentaux. Je savais que j'allais devoir m'armer en prenant une licence de psychologie, mais ce cours là est vraiment compliqué à supporter. Il nous annonce que chacun va devoir travailler l'heure qui suit sur un sujet tiré au hasard. Il fait passer un chapeau avec des petits bouts de papiers pliés. Lorsque je tire le mien, je le sens déjà mal avant même de le déplier. Mélissane et Aedan ont déjà commencé à travailler alors que ma main tremble en ouvrant le bout de papier. Je ne devrais pas me formaliser pour si peu, mais c'est plus fort que moi. Les quelques mots qui sont inscrits devant mes yeux me font monter les larmes directement. Je ne sais même pas quoi en penser. Je devrais être la mieux placée pour en parler et en même temps, j'ai l'impression d'être la dernière personne à devoir écrire sur ce sujet. C'est dur, trop dur. Ça remue un passé proche. Trop proche. C'était supposé être derrière moi. J'étais mieux, moins sensible en y repensant. Je me force à me pencher sur le papier et commencer de griffonner les premières phrases. Impossible. Le papier se constelle de tâches d'eau. Une vraie fontaine. Sauf que mes amis le remarquent assez rapidement.

— Anna ? Qu'est-ce que tu as ? demande Mélissane.

Je ne réponds pas, si j'ouvre la bouche, c'est la bile qui remontera dans ma gorge et il est hors de question que je vomisse dans l'amphi. Je me lève pour aller aux toilettes. Dan décide de me suivre. Je cours presque à travers le couloir et une fois arrivée devant la cuvette, je vomis. Beaucoup. C'est là que je me rends compte que je ne fais même pas une crise, c'est juste trois mots sur un papier qui m'ont données la nausée. Dan garde le silence mais retient mes cheveux, en me caressant le dos. Après un moment, j'arrive à me redresser.

— Tu m'explique Romy ?

— Dan... s'il te plaît... gémis-je.

Il me prend dans ses bras et chuchote.

— Viens, on n'en parle pas.

On n'en a pas parlé. Il est retourné en cours. J'étais censé retourner chez moi. Je suis resté devant la salle de volley jusqu'à ce qu'elle ouvre ses portes. Mon père était étonné en me voyant là si tôt. Je lui ai dit qu'un de mes profs était absent et que je n'avais pas voulu refaire tout le chemin jusqu'à la maison. Mon père n'a pas insisté, il n'en a pas eu le temps. Ce soir, c'est soir de match et il doit rester focalisé sur ça.

*

J'ai du mal à fendre la foule. Tout le monde me presse, en sautant dans tous les sens et applaudissant notre équipe. Elle vient d'enregistrer une nouvelle victoire. Alors que j'arrive enfin à atteindre les dernières marches de l'escalier qui conduit au terrain, Isaac vient me serrer dans ses bras. Wow. Il repart aussi sec, toujours le sourire aux lèvres. Ce mec est incroyable ! Je m'avance un peu plus sur le terrain afin trouver mon père. Ce n'est pas lui que je remarque en premier. Non, mon regard repère d'abord Gabriel, toujours accompagné de son plan cul préféré. Il me voit aussi. Dès que son regard croise le mien, son expression s'illumine et un magnifique sourire souligne les traits de son visage. Il est magnifique. Il me fait signe d'approcher et un moment, j'ai peur qu'il veuille me présenter Maë. Apparemment, ce n'est pas son intention car, pour une raison inconnue, celle-ci n'est plus là quand je le rejoins. Il me sourit et fait un mouvement de tête en direction de quelqu'un dans mon dos. Je me retourne pour voir ce qu'il me désigne et observe mon père qui semble bien chargé.

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