Chapitre 32

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Remember those walls I built

Rappelle-toi ces murs que j'ai construits

Well, baby, they're tumbling down

Et bien, bébé, ils sont en train de s'écrouler

And they didn't even put up a fight

Si facilement, sans même avoir résisté

They didn't even make a sound

Ils n'ont même pas fait de bruit

Halo – Beyoncé (cover by Alexander Stewart)

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Je n'imaginais pas ça, mais alors pas ça du tout. La douleur est indéchiffrable, elle transperce, déchire. Le plaisir est incomparable, lorsque les lèvres de Gabriel rejoignent ma peau, qu'il m'embrasse pour apaiser ma souffrance, qu'il me chuchote toutes sorte d'obscénités qui ne font que raviver mon envie, qu'il commence à bouger en moi et que ça apparaissent. Cette sensation qui, comme de l'électricité, ne ferait que nous traverser continuellement, m'électrocutant par la douleur, m'éblouissant par son regard, m'électrisant par les vagues de plaisir, me liant à lui pour toujours. Puis après, doucement, la douleur disparaît presque entièrement, mais le plaisir submerge totalement. Il me comble, littéralement, allégoriquement aussi. Sa main vient rejoindre la mienne, près de ma tête, alors que ses bras plient sous son poids et que son corps se rapproche de plus en plus du miens. Son autre main me caresse les reins alors que les miennes se perdent dans sa chevelure et tire sur ses boucles, lui arrachant ce son rauque si sexy. Plus il bouge en moi, plus je me sens partir, j'ai l'impression que mon corps ne pèse plus rien, mes pensées sont toutes brouillées par les émotions. Dans un dernier souffle, je murmure son prénom comme une douce litanie que je serais prête à répéter continuellement. Libérée. La sensation que j'éprouve, là, c'est la liberté. Et lorsque lui s'effondre à son tour, j'en éprouve une autre. En sueur. Mais bon, on va dire que la libération et le bonheur, pure et simple, surpasse tout. Je sens Gabriel se redresser pour venir m'embrasser chastement.

— Ça va ? Tu n'as pas trop mal ? s'enquiert-il.

Je lui souris, me perdant dans ses yeux, secouant la tête dans une réponse négative. Il me caresse la joue avant de rouler sur le côté et de s'allonger sur dos. Je me retourne également, de sorte à reposer ma tête sur son torse. En dessinant des formes invisibles sur son ventre, je vois ses yeux se fermer petit à petit et je lui chuchote, doucement.

— Je t'aime tellement.

— Moi aussi, Anna, répond-il. Moi aussi je t'aime.

Je me redresse directement. Il vient de dire qu'il m'aimait ? Je le sens sourire, je devine donc qu'il ne dort pas.

— Tu peux répéter, s'il te plaît, Gab' ? le pressé-je.

— Dans tes rêves, princesse, ricane-t-il.

— Connard.

— Moi aussi je t'aime.

Cette fois, il me le redis, droit dans les yeux, sans sourire, sérieusement, et je sens que je suis addicte. Addicte à sa voix, addicte à ses mots, addicte à lui.

*

Après avoir paresseusement passé du temps au lit, Gabriel m'a annoncé qu'il voulait me faire une surprise pour mon anniversaire. Je n'imaginais même pas qu'il savais que c'était mon anniversaire ! Et avec Gab', je ne sais vraiment pas à quoi m'attendre. C'est comme ça que je me retrouve, les yeux bandés, à monter un ascenseur. Quand les portes s'ouvrent, plusieurs voix s'entrechoquent.

— Joyeux anniversaire Anna !

J'ouvre les yeux et mes amis se tiennent devant moi. Méli, Dan et Isaac sont là. Gabriel m'avait dit qu'il voulait m'emmener quelque part manger un bout. Apparemment, ce sera chez Dan. Bizarrement, il n'aurais pas pu trouver plus parfait comme cadeau. Un énorme gâteau est posé sur la table du salon et il y a des guirlande partout. C'est magique. Magnifique.

— Joyeux anniversaire mon cœur, me souffle Gab', au creux de l'oreille.

On prend tous place pour déguster l'énorme gâteau autour de la table et vient le moment où je dois souffler mes bougies. Les flemmes qui dansent devant mes yeux embrument les visages de mes amis en face de moi. Mes amis et mon copain. Mon copain. Je vais pour les souffler, mais dès que je ferme les yeux, ça recommence. Pourquoi maintenant ? Mais là, tout est différent. Ma crise est complétement différente. Je suis dans une salle on ne peut plus éclairée. Cependant, je suis toujours attachée. Mais complètement consciente. Pourquoi est-ce que ça change ?

— Le nouveau traitement semble porter ses fruits.

Je tourne ma tête en direction de la voix d'homme qui vient de parler.

— Elle est de plus en plus souvent consciente, continue la voix. Elle revient à elle plus facilement.

Quoi ? De quoi parle-t-il ? De moi ?

— C'est bien ? N'est-ce pas docteur ?

Mon père. Cette voix, c'est mon père.

— Oui, bien sûr. Cependant, elle ne sait pas qu'elle est ici en réalité. Elle pense que ce monde, dans cet hôpital psychiatrique, celui dans lequel elle vit réellement, n'est que le fruit de crises. Elle pense que le monde qu'elle s'est inventée de toute pièce est la réalité.

C'est impossible, ça ne peut pas être vrai...

— Mais... ça veut dire qu'on ne la récupèrera jamais ?

Ma mère. Cette fois, c'est ma mère.

— Elle seule peut le décider madame.

— Elle est réveillée ! s'exclame mon père. Elle est réveillée !

Ils se précipitent tous vers moi. Je panique. Pourquoi se précipitent-ils tous vers moi ?

— Anna, chérie ! m'appelle ma mère. Tu m'entends ? Reste avec nous, reste ici !

Je passe le regard de mon père à ma mère, de ma mère à l'homme en blouse blanche. Quoi ? Quoi, quoi, quoi ? Est-ce que c'est vrai ? Ce qu'ils disent, est-ce que c'est vrai ? Je suis folle ? Non. Impossible. Et Gabriel ? Et Méli, et Dan ? Isaac, Siméon, Maë ? Eux non plus ne sont pas vrai ? Non. Non, je refuse de le croire. Je ne veux pas, je ne peux pas. C'est eux ma réalité. Personne ne pourra m'enlever ça. C'est eux que je choisis. Maintenant, là. C'est eux. Pour toujours et à jamais.

— Au revoir, murmuré-je en regardant ma mère.

Je referme les yeux, j'entends ma mère crier, fort au loin. Elle m'appelle, elle me supplie. Je l'ignore. Je rouvre les yeux et les bougies réchauffe mon visage baigné de larmes. Je prends une inspiration pour les éteindre. Toutes. Comme pour mettre fin à toute cette mascarade. Et Gabriel, me voyant dans cet état, fonce vers moi pour me demander ce qu'il se passe.

— Rien, le rassuré-je, tout va bien, tout va aller mieux maintenant.

Il me regarde, suspicieux. Je vois qu'il hésite à me croire.

— C'est vrai ? me demande-t-il.

— Vraiment vrai.

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Heyyy 🌺

Désolée pour le gros retard, mais j'ai eu une journée super chargée !! 😴 On va dire que ça aura fait augmenter le suspense !

Je ne vous embête pas plus, l'épilogue est déjà en ligne je vous laisse le découvrir 😉

Des Bisous ❣️

Vraiment VraiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant