Chapitre 22.

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[FLASHBACK]

« Pardonne-moi »... Ces quelques mots qu'il ne pouvait prononcer résonnaient dans sa tête. Sa longue silhouette noire se tenait devant la photo de la défunte. Les fleurs avaient été fraîchement réparties autour du cadre de bois sobre. Il ne pouvait pas détourner les yeux de son visage rayonnant. Un visage fin, des cheveux noirs, sagement coupés sous la mâchoire, une peau lisse et claire, un haut front dégagé... Il ne se rappelait pas qu'elle fut si belle. Des éclairs illuminaient son dos, faisant apparaître la découpe de son ombre sur l'autel, comme un fantôme lui faisant face. C'était presque tragique, comme l'éclairage glauque d'une mise en scène. Ça l'était, malheureusement, une mise en scène. Jungkook aurait voulu que ces flashs soient l'œuvre d'un des nombreux typhons qui passaient sur le pays en cette saison des pluies. Cependant, il s'agissait des photographes de presse qui s'entassaient dans l'espace exigu pour essayer de saisir l'ambiance lourde et solennelle des funérailles.

Jungkook serra les poings, incapable de bouger. Sa mâchoire était crispée. Il entendait les sanglots violents des autres proches de la jeune femme à ses côtés. Seokjin passa une main dans le dos de Jungkook et remarqua l'émotion du jeune :

- Allez, ne reste pas là. Ça t'épuise. Elle n'aurait pas voulu que cette mascarade dure longtemps. On reviendra la voir quand les journalistes seront partis, d'accord ?

Jungkook hocha la tête faiblement et murmura :

- Je n'ai pas envie de les affronter. Ces gens-là sont des vautours...

Qui étaient-ils pour être toujours là, dans l'ombre de Jungkook ? Pourquoi sa vie à lui était leur besogne? Il était fou de rage qu'ils soient là, aujourd'hui spécifiquement :

- Je suis là, Jungkook. S'ils te posent des questions, ignore-les. Je me chargerai du reste. Allez, viens, rentrons.

Le jeune homme s'était laissé tirer par le bras, détachant finalement ses yeux de la photographie de la femme. Il fit face à la foule de journalistes et pâlit aussitôt alors qu'ils dégainèrent et mitraillèrent l'enfant à son passage. Il serra la main de son manager en traversant la haie de journalistes qui lui mettaient le micro sous le menton. Il tremblait mais il ne devait pas craquer.

Finalement, il s'installa avec soulagement derrière les vitres teintées de son grand van avec son manager. La portière se referma et aussitôt Jungkook lâcha :

- Comment se fait-il qu'on laisse ses fils de pute nous filmer dans tout ce qu'on fait, putain de merde ? J'ai envie de leur faire bouffer leurs micros à la con.

L'enfant tremblait toujours de colère. Seokjin soupira. Si seulement Jungkook avait pu se concentrer sur l'essentiel aujourd'hui... Au lieu de ça, il avait passé les funérailles à se retenir de tabasser quelques pauvres paparazzis. Leurs caméras le mettaient toujours dans tous ses états... Mais aujourd'hui était un jour spécial. Ils s'étaient rendus aux funérailles de Choi Hana et ce n'était pas l'agacement mais la tristesse qui devait bouleverser l'adolescent :

- Calme-toi. Ne jure pas un jour de funérailles. C'est important pour toi, décréta Seokjin en démarrant.

- Qu'est-ce que j'en ai à cirer des funérailles de cette salope de Choi Hana ? Répondit l'adolescent, agressif.

Jungkook se tourna vers la fenêtre en déglutissant. Seokjin éleva la voix:

- Tu sais très bien pourquoi tu dois en avoir à cirer quelque chose, Jungkook... Crois-moi, que tu le veuilles ou non, tu vas venir te recueillir souvent à ce crématorium, jusqu'à ce que tu comprennes la gravité de tes actes, jeune homme.

MoonChildOù les histoires vivent. Découvrez maintenant