MoonChild

Chapitre 27.

Disclaimer: Je ne fais jamais ça habituellement mais je tenais à préciser que ce chapitre est plus difficile que les autres à lire. Si vous ne vous sentez pas de le faire, sachant ça, mais que vous voulez continuer à suivre l'intrigue tout de même, vous pouvez me demander un résumé factuel par message, je le ferai sans soucis! Sinon, bonne lecture à ceux qui ont l'âme bien accrochée :-)

Seokjin avait reconduit Jungkook dans son appartement dans un silence religieux. Le manager n'avait cessé de jeter des petits coups d'œil rapides dans la rétroviseur pour essayer d'analyser l'expression du jeune chanteur. Il avait failli se tromper de route. Jungkook semblait parti dans un monde profond en lui et l'homme n'osa pas l'ébranler trop tôt.

Arrivés à l'appartement de Seokjin, ce dernier se proposa pour cuisiner le dîner. Il se racla la gorge et essaya de demander avec beaucoup de douceur :

- Quelque chose te ferait plaisir pour ce soir, Jungkook ?

L'adolescent ne répondit pas et partit en direction de la chambre d'ami, qu'il occupait depuis l'effraction. Abandonné au milieu du couloir, lui et ses bonnes intentions, Seokjin le regarda s'éloigner, impuissant. Il remarqua qu'il avait grandi. Jungkook avait la carrure d'un homme. Et pourtant, rien n'avait changé depuis le soir où il lui tenait la main pour monter dans le taxi, dans son pyjama spider-man. Le temps était censé guérir de nos blessures. Alors qu'est-ce qu'il foutait, putain, ce connard ? Rien ne passait.

Seokjin ouvrit le réfrigérateur et essaya de se concentrer sur le menu de ce soir, en vain. Il referma le battant en soupirant et décida de partir retrouver Jungkook. Il le retrouva, sur le balcon de sa chambre. Il était accroupi, la tête enfouie dans ses bras, serrés sur ses genoux. Il avait délaissé son manteau sur la chaise de bureau et se laissait brûler la peau par le froid d'une nuit d'hiver. Seokjin osa attraper la veste et le rejoignit, un peu hésitant. Il déposa doucement le vêtement sur les épaules du garçon pour le réchauffer et décida de s'accroupir à ses côtés. Il observa les petites tâches rouges brillantes sur le périphérique, au loin, qui s'entassaient dans les bouchons, dans l'obscurité et souffla tout bas :

- Ça va ?

Il y eut un long silence. Seokjin avait presque peur de tourner la tête vers l'adolescent. Il avait peur de ne pouvoir rien faire. Il était tellement démuni face au désespoir de l'enfant. Seokjin se sentait inutile et illégitime de consoler Jungkook. Il se concentra sur la vue pour ne pas perdre sa contenance. Puis il entendit Jungkook attraper le manteau dont il l'avait couvert pour le fracasser au sol. Le manager observa l'habit sur le carrelage froid, essayant d'avaler la violence de ce rejet. Légèrement agacé, il se tourna franchement vers le jeune homme. Il n'avait pas bougé, recroquevillé sur lui-même. La peine montait en Seokjin mais il était l'adulte. Il fit un effort, ravalant ses propres émotions, et essaya encore une approche, tout en douceur :

- Jungkook... Dis-moi, qu'est-ce qui ne va pas ?

Dans la pénombre de ses bras, Jungkook eut un sourire malheureux. Qu'est-ce qui n'allait pas ? Sa voix était douce mais comment pouvait-il poser ce genre de question ? Seokjin savait tout. Il ne comprenait juste rien. Il était lâche, Seokjin. La rage montait en Jungkook. Qu'est-ce qui n'allait pas ? Qu'est-ce qui n'allait pas... Ce n'était pas des mots que Seokjin aurait dû oser prononcer. Jungkook essuya ses larmes en frottant ses joues humides contre son jean rugueux, se racla la gorge pour clarifier sa voix mais ses mots sortirent avec faiblesse :

- Barre-toi, Seokjin.

L'adulte n'écarquilla pas les yeux de surprise devant ces paroles dures. Il connaissait bien ce mépris dans lequel il était prisonnier, avec Jungkook. Mais à chaque fois, la douleur était fulgurante. Son cœur se brisait, encore et encore, en minuscules grains de poussière. Ils se faisaient mutuellement atrocement mal. Seokjin soupira, hocha la tête, vaincu et grommela :