Chapitre 49

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/!\ Disclaimer : violences sexuelles




D'apparence, il n'a toujours pas changé. Tant que Jimin respira, il sera capable d'honorer cette étiquette et de se vêtir de cette douce politesse qui fait sa renommée auprès des équipes artistiques. Il arrive dans la pièce en saluant humblement tous ceux qui l'attendent. On lui sert un café chaud même s'il est légèrement en retard alors qu'on l'assoit au maquillage et il sourit comme si c'était le plus joli cadeau de sa journée.

Aujourd'hui, il y avait simplement une assistante qui l'accompagne, avec sa tenue sortant fraîchement du pressing sous le bras, dont Jimin se souvient bien car ils ont déjà travaillé ensemble. Ils étaient là pour un shooting artistique pour une maison de mode avec un photographe de renommé. Un petit studio du photographe avait directement été aménagé à son luxueux domicile et ils s'affairaient dans une petite pièce qui avait été transformée en loge. Une autre équipe rangeait son matériel pour leur laisser la place.

Jimin fut prié d'aller enfiler la tenue dont la maison souhaitait l'habiller. Il s'agissait d'un maillot de corps en tulle bleu irisé sous un costume blanc de créateur. La veste constituait la pièce maîtresse, avec une coupe courte fourni d'un beau mouvement sur le devant. En sortant de la cabine pourtant, l'employée fronça les sourcils. Elle plongea deux doigts dans la ceinture et tira vigoureusement dessus :

- C'est trop étroit, jugea-t-elle de son œil expert.

Elle ne lui fit aucune remarque complémentaire et se contenta de sortir un mètre afin de lui mesurer la taille et de passer un coup de fils pour annoncer la nouvelle. Alors que le téléphone sonnait, elle jeta un coup d'œil à Jimin qui n'avait pas bougé depuis la remarque et elle lui sourit, un signe expéditif de la main :

- Ça ne se verra pas à l'écran, c'est bon. Mais je préviens, qu'on puisse surveiller ça.

Surveiller ça, ça sous-entendait lui faire perdre de la taille. C'est-à-dire lui mettre des séances de sport en plus sur une cheville fragile ou lui demander de suivre un plan alimentaire extrêmement restrictif. C'est-à-dire limiter les verres d'alcool qui l'aident à encaisser sa vie et les soirées pizzas en tête-à-tête avec son amoureux, parenthèses joyeuses de son quotidien. C'est-à-dire que pour la première fois, la santé mentale de Jimin venait de faire une tache d'huile sur sa carrière. Et cette pensée le terrassa alors qu'il se figeait devant son reflet, alors qu'il écoutait sa collègue mettre au courant tout le service que son tour de taille avait épaissi. Ca lui glissait entre les doigts, malgré les sacrifices, malgré la souffrance. Et c'est humiliant. Terriblement humiliant.

Park Woobin était un homme grand, presque maigre mais d'une belle élégance. Il jouait d'ailleurs de sa minceur avec son pull à col roulé bleu moulant et son pantalon droit noir. Cela devait être une maille de grande qualité, d'une technologie complexe et travaillée. Les couleurs foncées le creusaient encore un peu. Ces cheveux noirs étaient coupés régulièrement, le mouvement de la coupe était irréprochable. Au-dessus de sa lèvre s'allongeait une bande de poils fins et clairsemés. On aurait dit que l'homme nourrissait encore l'espoir d'obtenir une moustache fournie malgré un âge déjà avancé. C'était sans doute dans cette petite faiblesse d'orgueil viril que résidait sa laideur. Jimin ne pouvait nier que ses traits étaient d'une grande finesse pourtant. Mais il y avait quelque chose de dégoûtant sur ce visage lisse.

Les deux hommes se serrèrent la main quand il le rejoint dans son studio. Jimin n'avait pas l'air de réagir face au grand Kim Woobin. Il n'était pas plus impressionné que ça de poser pour lui et ça agaça un peu le photographe. Habituellement, se tenir devant lui, dans ce studio était un privilège, l'occasion d'une vie entière. Voir l'idole si blasé de ce qu'il l'entourait irrita son égo d'artiste renommé. Il observait pourtant Jimin avec gourmandise. C'était un bel homme. Son maquillage travaillé rendait ses traits plus expressifs. Il avait un aspect délicat et Woobin se faisait la réflexion qu'il était puissamment séduisant. Il dégageait une grande mélancolie, presque une fatalité que le photographe trouvait intéressante. Celui-ci, il avait hâte de l'avoir dans l'œil de son appareil, songea-t-il. Quand on lui posait la question en interview, à propos de la sensualité de ses travaux, il ne cachait pas que sa caméra avait toujours eu un petit penchant salace sur le monde... Que les maisons de mode appréciaient, en outre :

MoonChildOù les histoires vivent. Découvrez maintenant