MoonChild

Chapitre 24.

Taehyung avait besoin d'un psychologue. Il n'avait aucune idée de ce qu'il faisait avec Jungkook. Les images d'eux dans la loge tournaient en boucle dans sa boîte crânienne. Ce genre de choses, à qui pouvait-il en parler ? L'oublier, pourtant, était infaisable...

Mais pire encore, l'expression lassée du plus jeune était une torture pour lui. Il aurait aimé que ça ne le soit pas. Et il n'y comprenait plus rien du tout. Il avait besoin de vider son sac, de parler. Mais personne ne devait entendre ce qu'il avait à dire.

Il tira deux magnifiques fauteuils face à face dans sa grande chambre et prit place sur l'un d'eux. Il se mordit la lèvre, comme s'il hésitait encore, tapotant sur un bloc-notes qu'il avait trouvé dans le vieux secrétaire qui meublait son entrée. Finalement, Taehyung enfila ses petites lunettes fines, déboucha son stylo, très professionnel et commença :

- Eh bien, Mr Kim, ça faisait bien longtemps que je ne vous avais pas vu ! Je ne peux pas me permettre de vous dire que ça me fait plaisir de vous revoir dans mon cabinet mais... Ça me fait toujours plaisir de soigner quelqu'un d'aussi talentueux que vous ! C'est toujours un honneur !

Il se releva, retira délicatement les lunettes qu'il posa sur le joli bloc-notes, traversa la salle pour aller s'asseoir sur l'autre fauteuil, en face. Il vérifia ses boucles dans un petit miroir de poche, se racla la gorge, mal à l'aise. Il se demanda comment il devait s'asseoir pour faire ressortir au mieux son charisme naturel. Finalement, il croisa royalement les jambes, s'adossa au dossier richement drapé et posa ses mains sur les bras du fauteuil. Il avait beau être là pour sonder les travers de son âme, il avait besoin de se sentir beau pour avoir le courage de se confier. Il regarda la chaise qu'il avait abandonné quelques secondes plus tôt, essayant de lui donner vie. Il inspira longuement, pour se calmer et se décida enfin à se répondre :

- Allons, allons, rit-il d'une voix qui se voulait humble, mais sonna faux. Ne faites pas tant de manières. C'est également un plaisir de vous revoir, docteur. Même si j'aurais préféré que ça ne soit pas le cas, bien évidemment !

Il rit de la blague dans le silence de sa chambre avant de se rendre compte qu'il avait l'air ridicule. Il se racla de nouveau la gorge et s'empressa de se lever pour reprendre les lunettes et le bloc-notes du psychologue. Il devait rentrer dans le vif du sujet au lieu de se perdre en détails :

- Eh bien ? Qu'est-ce qui vous amène ?

Il fixa le fauteuil vide en face de lui où il devait maintenant aller s'asseoir. Avait-il le courage de répondre à cette question ? Il le fallait. Il avait besoin de comprendre. Il soupira et, à contrecœur retira son déguisement de psychologue pour s'asseoir de l'autre côté, reprenant son propre rôle :

- Je crois que je suis pédophile et homosexuel, murmura-t-il d'une traite, très bas.

Il y eut un long silence. Taehyung frissonna. Prononcer ces mots était douloureux. Surtout qu'il semblait qu'il les avait empruntés à une bouche étrangère. Ces mots, il les trouvait accusateurs et peu familiers. Ils décrivaient bien mal ce qu'il ressentait vraiment. Il était pourtant vrai que la personne qui était l'objet de ses désirs était un homme et qu'il était mineur. Pour autant, sa culpabilité était un peu surjouée. Peut-être que, dans une autre vie, dans une autre époque, sur une autre planète, Taehyung aurait juste dit "Je désire quelqu'un... Quelqu'un à qui je n'ai rien à dire, que je ne connais pas, qui me semble détestable. J'ai envie qu'il me donne plein de choses, plein de choses qu'il n'a pas à me donner. J'ai l'impression d'être enfermé dans mon propre délire et ça me hante. Pourtant, je n'arrive pas à me défaire de cette tension entre nous.". Peut-être qu'il avait envie de présenter les choses comme ça, aussi simplement, sans ces mots violents. Mais il ne pouvait s'y résoudre, même seul, dans l'intimité de sa chambre. Pourtant, il lui fallait le courage de la sincérité s'il voulait avancer. Il reprit doucement :