MoonChild

Interlude.

Taehyung embrassa passionnément l'adolescent en s'agenouillant sur le lit pour le rejoindre. Jungkook avait sonné chez lui, un soir, sans prévenir. Taehyung avait ouvert, moins étonné qu'il n'aurait dû l'être. Jungkook n'avait pas pris le temps de se construire une carapace, il était entré et s'était mis nu comme un ver à peine la porte refermée derrière lui. Taehyung n'avait pas eu le temps de poser des questions. Il n'en aurait de toutes façons pas posées. Leur baiser dans les toilettes avait un peu changé la façon dont ils s'entendaient. Il fourra ses doigts chauds dans les cheveux ébènes humides de l'adolescent, les lèvres écrasées violemment contre les siennes, glacées. Il sentait le jeune plus triste que d'ordinaire. Il l'allongea délicatement sur ses draps. Jungkook ne lui laissait pas une respiration. Il quémandait ses lèvres sans cesse, s'agrippant fermement à lui, comme s'il ne souhaitait pas qu'ils ouvrent les yeux sur ce qui se jouait dans la grande chambre.

Seokjin avait dû faire le taxi pour Jungkook. Il somnolait, le front appuyé contre le cuir du volant, garé devant chez Kim Taehyung. Le compteur affichait 3h21 du matin. Les températures étaient bien en dessous de zéro hors de l'habitacle. Le manager était épuisé et glacé jusqu'au sang. Toutes les trente minutes, quand le froid lui atteignait les os, il démarrait la voiture, mettait le chauffage à fond pendant quelques temps puis, éteignait de nouveau. Les changements extrêmes de température le maintenaient éveillé. Il soupira et de la fumée blanche s'échappa de sa bouche gercée. Jungkook avait déboulé dans la chambre de Seokjin une heure plus tôt en prétextant « une envie féroce de baiser » avant que les caméras ne s'allument pour un nouveau live. Le manager n'avait pas eu son mot à dire. Il ne l'avait plus depuis longtemps. Il se doutait aussi que Jungkook aimait l'idée qu'il cède à son caprice et qu'il passe des heures sur cette place de parking à s'inquiéter pour lui, dans le froid et la fatigue, pendant qu'il baisait. Jungkook se défoulait toujours sur Seokjin, il voulait lui faire toujours plus de mal. Ce dernier encaissait ses coups. Il lui devait bien ça pour l'avoir réduit au silence.

Taehyung câlina du mieux qu'il put l'omoplate blanche du bout de la langue, cherchant la douceur dans cette scène aberrante alors que Jungkook poussait déjà des cris indécents :

- Baise-moi ! J'veux que tu me défonces ! T'attends que ça, hein ?

L'adolescent attrapa autoritairement les doigts de l'adulte qui lui caressaient le sexe pour les mettre face à son intimité. Taehyung avait toujours autant de mal à suivre son jeune amant dans sa précipitation. Plusieurs fois, Jungkook lui avait semblé extrêmement vulnérable dans la sexualité. Pourtant, il le sentait tellement empressé qu'il était difficile de bien comprendre ce qui se passait chez le jeune :

- Utilises ta bave, hyung... Je veux que tu me doigtes...

Taehyung arrêta tout mouvement pour observer le jeune chanteur qui exhibait son corps comme un martyr et qui se confondait en faux gémissements de plaisir. Jungkook, abandonné, lui jeta un regard interrogatif :

- Crache-moi dessus, Taehyung, tenta de nouveau l'adolescent, légèrement déstabilisé que l'adulte ne le suive pas.

Entre eux, Jungkook avait toujours dirigé. Mais Taehyung avait profité des faiblesses du jeune pour réajuster un équilibre, encore très précaire. Après tout, malgré son image de prince charmant, Taehyung n'était pas un tendre. Il avait une personnalité autoritaire. Sans le quitter des yeux, Taehyung enroula son bras sur la chute des reins et se pencha pour déposer ses lèvres entre ses deux fesses. Jungkook le dévisagea alors que l'autre fermait ses paupières, concentré à lui faire du bien.

Pour la première fois, l'adolescent chercha à comprendre cette sensation. Jamais personne n'avait osé défier ses demandes tyranniques au lit pour lui proposer une variante. Généralement, on le prenait aussi salement qu'il le réclamait, aussi violemment qu'il voulait se jeter contre les murs et se détruire. Ne connaissant pas ce nouveau scénario qui s'imposait à lui, il se sentit complètement démuni. Ça le rendit muet.