Chapitre 21.

98 14 27
                                    


Jungkook se laissa tomber dans le siège qui lui était réservé, essoufflé et transpirant. Il sortait de scène pour sa performance solo du concert de Noël. Comme la télévision était là, il devait être présent dans le public, qu'ils puissent filmer ses réactions. Il adressa un sourire et un petit geste timide de la main à ses fans qui hurlaient dans la fosse, braquant leur téléphone sur lui. Il leur jouait la comédie, bien sûr. Ça lui plaisait de les rendre folle. Il passa sa main dans ses mèches humides, dans un geste qui se voulait naturel et elles montèrent en décibels.

Ça le faisait chier d'être là. Il avait repéré une assistante technique particulièrement réceptive à ses charmes, il aurait voulu l'honorer comme il se doit. Jungkook avait beau essayé de penser à autre chose qu'à palper ses petits seins nus, il était franchement excité. Et ce n'était pas le moment du tout. Seokjin n'était pas à ses côtés pour dissimuler la chose ou trouver un plan pour s'échapper. Il croisa ses bras sur son bassin, mal à l'aise. Les caméras et les yeux des téléphones braqués sur lui le rendaient extrêmement nerveux. Leurs rétines imprimaient pour l'éternité ses faits et gestes. Seulement Jungkook avait un appétit sexuel indomptable et capricieux alors qu'il était censé être un gentil petit chanteur encore innocent. Du moins un minimum. Son désir imprévu et inapproprié l'épuisait sérieusement mais il ne pouvait pas s'empêcher d'avoir des idées lubriques intempestives. Quand il était seul et que les caméras n'étaient pas allumées, il se masturbait énormément pour essayer de se débarrasser de ses envies vulgaires... Et peut-être aussi, purger sa honte.

Le noir se fit et elles se calmèrent. C'était Kim Taehyung qui allait passer, selon la programmation. Jungkook se redressa, réajustant son smoking comme pour mieux se concentrer. Kim Taehyung était quand même le héros national de la chanson d'amour. Le grand, le beau, l'inégalable. Jungkook n'avait jamais vraiment prêté beaucoup d'attention à lui en tant que chanteur même s'il connaissait ses chansons les plus connues. Il préférait s'imaginer son aîné nu contre lui plutôt que s'enfiler sa discographie.

Un rideau rouge avait été descendu pour cacher la scène. Tout à coup, un projecteur s'alluma sur le centre du rideau et les pans lourds du velours s'écartèrent, dévoilant lentement Taehyung, une guitare tenue en bandoulière, bien droit au milieu de l'immense scène, derrière le pied du micro. Ses mèches noires ombrageaient ses yeux baissés vers la belle guitare sèche, sur laquelle il commença à gratter les premiers accords d'un slow qu'il avait écrit. Le son plaisant fut rejeté dans l'assistance par les enceintes. Pour lui, pour ses chansons, pas de pull brodé de sapin de Noël, ni de bonnets de lutin. Pas non plus de chorégraphies complexes, de lances flammes, de feux d'artifices. Seulement lui et son instrument. Jungkook sourit. C'était tellement lui, ces petites chaussures bien cirées, ces boucles travaillées donnant un petit air sauvage bien dosé... Et puis ce pantalon italien noir droit, avec une de ces chemises blanches de scène, les manches nonchalamment retroussées, recouverte d'un justaucorps de soie pourpre élégant. Il redressa légèrement le menton pour que ses lèvres se retrouvent contre le micro, inspira et se mit à chanter. Un frisson parcourut l'assemblée. Un slow, chanté par un bel homme qui fermait les yeux, rêveur, ça marchait à tous les coups. Il entamait le premier couplet d'une voix grave et douce :

« Ici, le temps passe...

Rien n'a beaucoup changé, n'est-ce pas ?

Ma maison est toujours là,

La tienne au coin de la rue aussi.

Je nous vois assis à l'ombre du saule...

...

Le temps passe ainsi, tu sais ? »

Il n'y a rien de spectaculaire dans ses performances. Et justement, c'est pour ça que tout le monde l'écoute avec attention. Il est là, il raconte une histoire, une à lui, ou peut-être pas. En tout cas, il joue la comédie, nous entraîne dans l'intimité de son air de guitare. D'un seul coup, les spectateurs se retrouvent au coin du feu, à écouter un bel inconnu qui joue et chantonne dans la nuit :

MoonChildOù les histoires vivent. Découvrez maintenant