Café cotton

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Je fais face à la cloison de bois, une jolie plaque en acier gravé est accrochée sur celle ci.
Un paillasson habille le bas de la porte et j'entends des remous venir de l'intérieur.

Je ne suis pas pressé de sonner.

Je ne suis pas prêt de revoir mon père.

J'hésite à sonner lorsque que le cliquetis du seuil se fait entendre. Je me rhabille vite fait. Je remets mes cheveux en ordre, mes mains passe de part et d'autre de mon crâne et de mes oreilles afin de dompter ma crinière noire profond.
La porte s'ouvre finalement sur un jeune garçon, je n'ai pas le temps de plus le percevoir qu'il s'en va en me bousculant.
Je veux déjà me jeter d'un pont et l'idée de faire demi tour me séduit tout autant.
Une femme élancée, les cheveux bruns s'écoulant sur ses épaules, le visage intact d'une vieillesse assez maquillée m'accueille. Le sourire jusqu'aux oreilles. Elle prétend m'aimer, elle prétend être ravie de me voir. Mais elle n'est pas obligée de paraître si fausse.
Je me courbe de politesse et lui assure une salutation timide. Mon supposé père sort de la cuisine un tablier autour de la taille et un couteau dans l'autre main. Ses cheveux sont poivre sel, une barbe de quelques jours orne son visage un peu vieillis mais plutôt bien conservé.

- Aigo ! Jungkook, tu as grandis.

Je ne le reconnais pas. Il semble être une tout autre personne. J'ai l'impression que c'est de la  comedie. Une boule d'amertume envahit ma gorge et je ne peux sortir un seul son de ma bouche. Je suis pétrifié.

Sa femme saisit mon sac et l'emmène dans la chambre des invités. Après tout c'est ce que je suis. Je ne considérais jamais cet homme comme mon père et c'est pareil pour cette inconnue qui veut s'improviser belle mère.
Personne ne dit rien.
Je suis assis, crispé sur le canapé de la pièce de vie que je contemple depuis cinq minutes.

Dès que l'on ouvre la porte d'entrée on se retrouve devant le vaste espace qu'est la pièce de vie.
Le coin salon n'est pas délimité et se mixe parfaitement avec la décoration de la maison. Je ne peux cacher qu'ils ont du goût.
- Tu aimes ? La voix féminine de la femme de mon père provient du couloir. Elle m'observe de plus loin, se penchant sur le mur pour avoir un contact visuel avec moi.
Je ne suis pas vraiment à l'aise.
- J'aime quoi ? J'ose demander.
- La décoration bien sur ! Glousse t-elle.
- Ah et bien oui. Vous avez du goût.
- Merci Jungkook.
Elle se rapproche de moi un tas de draps dans les mains puis s'assoit à mes côtés en laissant flotter un parfum de rose.
Par automatisme je me décale, elle m'observe toute souriante. Ses yeux s'ancre dans les miens. Elle a des yeux marrons miel. Ils sont brillants, ils comportent une lueur, une flamme particulière, une sensation indescriptible.
Elle passe sa main dans mes cheveux, mes yeux se ferment automatiquement. Et à ce moment j'ai l'impression de partir.
De partir vers la boîte de mes souvenirs, des souvenirs qui avec le passé sont devenus douloureux, des souvenirs en sépia qui me font prendre conscience de ô comme la vie avait été facile à une époque.

Je rouvres mes yeux précipitamment et demande à Min So- la femme de mon père- de m'indiquer où se trouve la chambre d'amis.
Quelques peu déconcertée, elle me l'indique puis se relève en me souriant tristement.
Mes pas nonchalants me mène dans un long couloir, orné d'œuvres d'art et de photos de famille, mon coeur se resserre. Il y a un temps où mon père détestait ces bricoles et les cassaient sans cesse.
Je comprends bien que les gens changent.
Mais à ce point... cela m'effraie.

« Ma » chambre se situe tout au fond, il faut avancer droit, même dans le noir c'est ce que ma mère me disait.

« La lumière est toujours au bout du tunnel, la lumière a été caché par le mauvais afin que tu ne réussisses jamais. Alors trouve une torche Jungkook, persévère, et trouve la lumière naturel mais n'abandonnes jamais »

J'ouvre la porte de la pièce peu assuré et c'est un bain de lumière qui m'accueille.

D'abord, je tombe sur un grand lit deux places,assez vaste, je suis sûr que Jaehyun apprécierait ce lit et s'aurait l'honorer.
Cette pensée me fait doucement sourire. Il me manque de plus en plus.
Mon sac est déposé délicatement au pieds du lit, sur le tapis tissé.
La chambre est simplement immaculée avec un lit, un bureau blanc vers la gauche, une lampe prévue à cette effet ainsi qu'un fauteuil en moumoute grise. 
Deux tables de chevet sont placées de part et d'autres du cadre de lit.
Sur la table de chevet de gauche se trouve une trousse de toilettes sûrement pleine et sur l'autre une lettre posée, à la volée, indiquant mon nom.

Jeon Jung Kook.

Je suppose que dans la lettre mon père s'excuse et se repentit de tout ses actes. De ce temps où ils nous a fait souffrir maman et moi. De ce temps où il a choisit l'abandon plutôt que l'affront de ses peines.
Il veut redevenir vaillant.
Mais il ne le sera plus jamais.
Quand les fleurs fanent on ne peut plus les faire revivre.
Quand le temps fuit on ne peut pas le retenir, il faut le laisser courir.
J'attrape la lettre.
Je l'ouvre le cœur battant.
Les yeux larmoyants
Et les mains tremblantes.

Pourquoi j'ai l'impression que mon passé ressurgit ?

Café Cotton

Café Cotton Jk+JmOù les histoires vivent. Découvrez maintenant