True love - Wildes
***9 mars 1946, quatorze heures et cinquante minutes
Mon père est reparti après le déjeuner sans dire un mot. Notre dispute tantôt a dû le blesser et ce n'est pas le seul à en être touché. Je m'en veux de lui avoir parlé de ça, mais j'avais besoin de m'exprimer sur le sujet. Ainsi, j'ai passé la première partie de l'après-midi à parcourir les nombreuses pièces de la maison, à la recherche de nouvelles découvertes. Puis je suis allée lire un livre auprès d'une des cheminées et suis restée là à attendre Alexander. Ce dernier enchaîne les clients depuis notre entrevue et, je dois l'avouer, sa présence me manque. Et pourtant nous nous sommes vus à midi...
Lorsque l'horloge en face de moi indique quinze heures, je ferme mon livre qui, fort heureusement pour moi, était passionnant et me lève du sofa sur lequel j'étais confortablement installée. Je vais ranger l'ouvrage dans l'immense bibliothèque et quitte la pièce pour me diriger vers le bureau d'Alexander. Lorsque je m'en approche et tends l'oreille, je n'entends rien. Alors j'ose toquer et patiente quelques instants avant d'entrer d'un pas prudent bien que déterminé. Je découvre le germanique assit à son bureau en face de moi, le nez plongé dans un cahier dont les pages semblent contenir bien des choses importantes.
Alexander ne m'a pas entendue, trop absorbé par ce qu'il est en train de faire. Ses sourcils sont froncés par la concentration et j'aime le voir travailler, ça le rend davantage attirant. D'abord lentement puis prudemment, je m'avance vers lui et m'appuie contre son bureau en acajou. Il lève les yeux vers moi et, aussitôt, un petit sourire étire ses lèvres que je rêverais d'embrasser. Je lui rends la pareille.— Gabriele, dit-il de son éternelle voix rauque.
Sa voix se répercute en moi, fait vibrer mon corps entier en commençant par mes os.
— Alexander.
Il se lève, contourne son bureau et vient se placer en face de moi. Il effleure ma joue du dos de sa main et me contemple en silence. Ses pupilles me détaillent avec attention et fascination. J'ai l'agréable sensation d'être un joyau à ses yeux. C'est la toute première fois que ça m'arrive et j'aime ça. Je veux pouvoir ressentir ça chaque jour, à ses côtés. Et ce, malgré la tension qui semble nous entourer. Nous en avons que faire, tant que nous profitons de cette attirance qui nous réunis. Je frissonne et il sourit : Alexander sait pertinemment l'effet qu'il a sur moi. Nous nous regardons droit dans les yeux tandis que nos fronts se heurtent avec délicatesse. Ses lèvres frôlent les miennes, mon cœur s'arrête de battre. Cette aventure improbable et interdite anime ce brasier qui naît au creux de mon ventre.
— J'ai rêvé de vos lèvres toute la journée, me souffle-t-il en fermant les yeux.
Je souris, captivée par l'homme qui me fait face.
— Et je n'ai cessé de penser aux vôtres, lui avoué-je timidement.
Ses paupières se soulèvent, ses iris perçants me fixent sans ciller et, cette fois, une de ses mains vient se glisser autour de ma taille tandis que l'autre se place derrière ma nuque. D'un simple geste, Alexander m'attire contre lui et nos peaux se retrouvent. Ainsi, nos lèvres se scellent avec douceur, grâce et retenue. La chaleur qui émane de sa bouche irradie mon être, bouleverse mon cœur, ébranle mon esprit. Mes doigts s'infiltrent dans sa chevelure soignée et viennent y mettre la zizanie. Ses lèvres s'égarent dans mon cou en commençant par mon oreille puis ma clavicule. Évidemment, avec mon col roulé, rien n'est facile. C'est pourquoi Alexander a décidé de tirer le tissu vers lui afin de goûter à ma peau, coûte que coûte. Il est si déterminé que ça me fait un petit quelque chose. Je renverse la tête en arrière lorsque ses baisers attaquent mon épiderme avec hargne et impatience. Que nous arrive-t-il ? Cette passion ennemie et fulgurante nous a vaincus. Elle est bien plus forte que nous deux réunis. Dès lors que sa bouche retrouve la mienne, j'arrête de me poser des questions et profite du moment comme s'il s'agissait du dernier. En réalité, j'espère que nous aurons de nombreux moments de ce genre à vivre.
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Passion Ennemie
Historical FictionMars 1946, Hambourg, Nord de l'Allemagne. Alors que la Deuxième Guerre Mondiale a pris fin et que la ville portuaire renaît progressivement de ses cendres, Gabriele, une jeune Britannique de 20 ans, rejoint son père qui est chargé de la restauration...