Mardi 3 Novembre

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Louis

Je me penche contre la barre du balcon, cigarette dans une main et mon téléphone dans l'autre, je remonte mon fil d'actualité Twitter. Le regard rivé sur mon téléphone, j'apporte distraitement ma cigarette à la bouche. La chaleur de la fumée me réchauffe de la tête au pied, je recrache la fumée dans un soupir de bien-être.

Je verrouille mon téléphone quand j'arrive au bout de mon fil d'actualité. La pénombre m'enveloppe complétement l'instant d'après et le silence m'englobe, me plongeant dans une quiétude qui me fait frissonner. Je ne suis pas habitué à ce silence et encore moins à cette solitude. Je suis l'ainé d'une grande fratrie et même si cela fait quelques années que je vis seul, je vois régulièrement mes sœurs et mon frère.

Quand le froid devient insupportable, je rentre de nouveau à l'intérieur, m'installant dans mon canapé et m'enveloppant de ma couverture. Je récupère ma manette de console de jeux que j'avais laissé à l'abandon avant de sortir fumer. Je reprends mon jeu là où je l'avais arrêté et je me replonge complètement dedans.

Depuis ces 5 jours je ne fais que ça, je dors très peu, mange n'importe quoi et reste comme une larve dans mon canapé le plus clair de mon temps, ne me levant que pour aller aux toilettes, fumer et manger. Je suis sûr que le canapé a pris la forme de mon corps.

Je ne suis pas habitué à rester inactif comme ça en général, étant entraineur de foot je bouge plutôt pas mal entre les entrainements la semaine et les matchs les week-ends. Puis je suis quelqu'un qui sort beaucoup, pas forcément en soirée mais j'accompagne souvent mes sœurs faire les boutiques et à leurs loisirs respectifs. Elles ont besoin de moi encore plus depuis qu'on a perdu notre mère l'année dernière.

Le temps file et je reste scotché devant mon écran de télévision trop occupé à tuer tout un tas de mort vivant, assez comique au vu de la situation actuelle. Je suis tellement concentré que je sursaute très violement quand mon téléphone vibre contre ma cuisse. Je mets sur pause ce que je fais, j'extirpe mon téléphone de ma poche et décroche juste avant que l'appel ne se termine.

- Salut sœurette !

Je me racle la gorge quand je me rends compte que celle-ci est enrouée, preuve que je ne l'utilise pas beaucoup depuis ces quelques jours.

- Salut frangin, me répond la voix de la plus âgée de mes sœurs, Lottie.

Instinctivement quand sa voix vient caresser mes oreilles je me détends, je m'affale plus dans le canapé, s'en suit une conversation très longue où Lottie me raconte les péripéties de mes sœurs et mon frère, où je raconte mon quotidien très rapidement.

Nous finissons même par passer la journée via Face time, en faisant des jeux et autres, me reboostant et remontant en flèche mon moral qui était au plus bas.

*

Quand nous nous quittons, le temps a changé à l'extérieur. Le vent s'est levé, quand je vois le mouvement des sapins devant l'immeuble, mais pourtant le ciel est dégagé et j'aperçois le couché du soleil.

Le jour décline et mon ventre cri famine.
Je me prépare une assiette de pâtes qu'il me restait de la veille, récupère mes clopes et mon briquet, enfile un sweat qui trainait sur mon canapé et sort sur le bacon.

Je m'installe dans le fauteuil que j'ai installé à l'extérieur, je commence à manger en observant le paysage. Plongé dans une semi-obscurité les lumières de la ville commencent à s'illuminer, ne laissant aucune chance aux étoiles de s'exprimer.

Le bruit de la ville est calme, reposant et peut-être un peu trop angoissant. Cette situation plonge la vie quotidienne dans un cadre très particulier et je n'aime pas ça du tout, je vis au rythme de la ville, le calme me fait peur. Il me rappelle l'ambiance dans laquelle nous étions plongés quand maman nous a quitté.

Je sens les larmes monter quand je repense à elle, j'ai besoin d'elle plus que jamais en ce moment mais je sais qu'elle est là près de moi, de nous, alors je souris pour vaincre ces larmes qui menacent de couler. Et je replonge dans mes pensées, dans nos souvenirs heureux ensembles et c'est ce que je retiens le plus.

Quelques instants après, du mouvement à côté se fait entendre, mais je ne quitte pas mon regard du paysage. J'entends le bruit d'une chaise qui grince contre le sol, un miaulement très discret et un raclement de gorge.

Puis de nouveau le silence. Le bruit du vent dans les arbres et de temps à autre le bruit d'une voiture qui passe, surement quelqu'un qui continue de travailler même en cette période de confinement. C'est une sacrée chance de nos jours.

Petit à petit, dans le silence, s'installe une note par-ci par-là bien vite étouffée par le bruit du vent quand la note n'est pas suivie de sa compagne. Et ce soir, je décide de rester, d'écouter ce qu'il a à dire au travers de sa musique.

Depuis le début, il a pris l'habitude de venir faire de la musique ici le soir, et je dois avouer qu'il joue merveilleusement bien, du peu que j'ai entendu. Et puis sa voix, rauque et suave, caresse les paroles des chansons qu'il chante, crevant mon cœur quand l'émotion de la chanson est trop forte comme hier soir.

Mais ce soir, la mélodie sonne différente, plus rythmique, porteuse d'espoir. Inconsciemment je commence à pianoter sur l'accoudoir du fauteuil. Puis l'instant d'après sa voix accompagne la mélodie et un sourire se plaque sur mes lèvres quand je reconnais les paroles.

(Outside, Calvin Harris-Ellie Coulding)

I'll show you what it feels like
Now I'm on the outside
We did everything right
Now I'm the outside
I'll show you what it feels like
Now I'm on the outside
We did everything right
Now I'm on the outside

Les paroles m'englobent et j'oublie ce qui m'entoure, savourant la sensation de la mélodie, elle me caresse comme une plume. Je ferme les yeux en souriant, plongé dans cette douce ambiance et sans m'en rendre compte je sombre dans le sommeil.
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Bonsoir,

Nous nous retrouvons aujourd'hui avec Louis, un Louis qui vit assez mal ce début de confinement, loin de sa famille c'est pas toujours facile. Mais je suis sur que les choses vont changées !

J'espère que cette partie vous plaît ! Qu'en avez-vous pensé ?

Merci à ma correctrice stylinhale 

Mathilde

La Mélodie Du Confinement Où les histoires vivent. Découvrez maintenant