La Mélodie Du Confinement

Mercredi 11 Novembre

Louis

Il est le milieu d'après-midi, le ciel est dégagé, la température est fraiche, les oiseaux chantent, un vrai temps printanier en plein mois de Novembre. Et moi, je suis là, sur mon balcon, affalé dans mon fauteuil avec mon meilleur compagnon de la journée : un joint fraichement roulé.

Dès que je me suis levé j'ai su que la journée serait catastrophique, une journée sans, alors depuis ce matin, je suis ici à fumer. J'en suis qu'à mon deuxième pétard, je les fume doucement tout de même.

Vers dix heures, Lucky le chat de Harry, est venu de mon côté, il m'a observé pendant une demi-heure puis il est reparti, ni vu ni connu, mais je n'ai pas encore vu Harry et peut être qu'il ne devrait pas me voir aujourd'hui.

Je regarde l'horizon, l'esprit un peu brumeux mais pas assez pour ne pas avoir les idées claires. Je tire une taffe. La brûlure dans ma gorge est si agréable que j'en reprends une dans la foulée. Je souffle sentant mon corps se faire plus lourd. Il fait très calme. Je peux presque entendre mes pensées en dehors de ma tête.

Mais ce calme disparait quand une voix rauque vient accompagner mes pensées bruyantes.

- Sérieux Gemma, je t'ai dit quarante fois de ne pas sortir de chez toi !

Je rigole un peu, j'entends Harry disputer quelqu'un comme un enfant c'est comique.

- Mais il ne peut pas y aller lui ?

Sa voix est pleine de mépris, le silence me répond.

- Oui bon tu n'es pas malade mais tu es enceinte quand même !

Je tends l'oreille un peu plus.

- Excuse-moi de ne pas vouloir que ma sœur tombe malade et en prime ma future nièce

Sa sœur donc.

Il s'énerve encore un peu mais il finit par s'adoucir et je comprends que sa sœur a eu le dernier mot.

- Tu as raison, je te laisse tranquille mais fais attention s'il te plait... oui... je t'aime... bisous.

Je l'entends souffler et je ris encore un peu et je sors la première chose qu'il me vient à l'esprit.

- Une petite querelle entre frère et sœur ?

Ma voix est très rauque, ne camouflant pas du tout ce que je suis entrain de faire. Je vois la silhouette d'Harry sursauter de l'autre côté puis il s'approche de, ce que j'aime appeler, notre endroit de rencontre et sa petite tête bouclée passe de mon côté. Moi, je le regarde juste depuis mon fauteuil avec, très fortement, le sourire le plus « je suis défoncé » possible.

- Ne m'en parle pas, j'adore ma sœur mais quelquefois elle peut être insupportable.
- Ou alors c'est toi l'insupportable, dis-je sans réfléchir.
- Je fais juste attention à elle.

Il hausse les épaules puis s'appuie avec son coude de mon côté et pose sa tête dans sa main.

- Elle est plus jeune ou plus grande que toi ?
- Plus grande de deux ans.
- Alors fais lui confiance, je sais que tu as surement envie de la protéger de tout ce qui l'entoure mais vous êtes tous les deux des adultes et même si elle est enceinte de ce que j'ai compris, elle doit bien savoir ce qu'elle fait et puis le père du bébé est là aussi.
- Mais je ne lui fais pas confiance à lui, je n'ai jamais pu me le saquer.

Son regard quitte mon visage pour se poser sur un point invisible vers le sol.

- Tu ne l'aimes parce que c'est le copain de ta sœur ou parce que c'est un gros connard ?