La Mélodie Du Confinement

Lundi 16 Novembre

Harry

Je suis sorti de mon sommeil par le vibreur incessant de mon téléphone contre le matelas. Je grogne, me recouvrant de ma couverture et cachant mon visage dans mon oreiller. Le vibreur cesse, je souffle, soulagé et m'enfouie encore plus dans mon oreiller pour me rendormir. Mais mon téléphone resonne dans la seconde et je me redresse pestant contre la personne qui m'appelle si tôt alors qu'il fait encore nuit dehors. Je le cherche à tâtons puis finis par mettre la main dessus. Je ne regarde pas le nom et décroche directement.

- Allô ? répondis-je la voix rauque due au sommeil.
- H... Harry, s'il te plait...

Je me redresse d'un coup essayant de mettre mes idées en place mais la seule chose que j'entends ce sont des sanglots qui déchire le cœur.

- Lou ? Qu'est-ce qui se passe ?

A l'autre bout du fil Louis est incapable de me faire une phrase complète étant secoué par de nombreux sanglots.

- Hé, amour s'il te plait essaie de respirer, écoute ma respiration.

Je me lève en faisant des bruits de respiration plus fort pour que Louis les perçoive, je l'entends suivre mes mouvements difficilement, je mets le haut-parleur le temps que je m'habille en vitesse et sorte de ma chambre. Je sens la respiration de Louis plus calme dans le combiné.

- C'est super mon cœur, tu peux me dire ce qu'il ne va pas ?
- Je suis... coincé... porte bloquée... peut pas... sortir.

Sa phrase est hachée par différents sanglots plus ou moins étouffés, je comprends qu'il fait une crise de panique.

- J'arrive, je sors de chez moi.

J'ouvre ma porte d'entrée et vais devant celle de Louis, à travers le téléphone je sens sa respiration lourde et rapide mais je l'entends aussi derrière la porte, preuve qu'il n'est pas loin. Je lui demande de reculer à travers le téléphone, je l'entends bouger et je tente d'ouvrir sa porte par la force mais rien n'y fait. La poignée reste bloquée, impossible de la bouger et la porte ne tremble même pas sous mon poids.

- Ok Louis, je vais passer par le balcon, ouvre-moi de ce côté.
- Oui, dit-il d'une voix à peine audible

Je rentre de nouveau chez moi, ferme la porte et part sur mon balcon, Lucky me regarde passer du fauteuil où il dort mais il ne bouge pas. Je ferme la porte derrière moi. Le froid matinal vient agresser ma peau encore chaude de sommeil, je mets mon téléphone dans ma poche de pantalon.

Je m'approche de la cloison et je passe la tête du côté de chez Louis, je le vois ouvrir sa porte fenêtre, tremblant de part en part et les larmes dévalant son doux visage. Je ne réfléchis pas plus et je monte sur ma balustrade, je passe une jambe par-dessus puis l'autre. Je me retrouve au-dessus du vide appuyé sur la pointe des pieds sur un petit rebord de mur.

J'avance prudemment faisant un pas à la fois et ne regardant surtout pas en bas. Rapidement je suis du côté de l'appartement et je me hisse sur mes bras en passant mes jambes de l'autre côté et à peine aies-je posé les pieds sur le sol que je sens le corps de Louis venir fondre dans mes bras.

J'enroule mes bras autour de ses épaules, le laissant décharger son angoisse contre moi. Je pose des baisers sur le haut de son crâne, je lui chuchote des mots doux et je caresse son dos dans des gestes circulaires. Petit à petit je le sens se détendre contre moi, il finit par sortir son visage de mon torse et vient plonger son regard bleu larmoyant dans le mien.

- Ça va mieux ?

Il me répond d'un hochement de tête, puis doucement, je le vois se hisser sur la pointe des pieds, j'avance mon visage vers le sien et nos lèvres se retrouvent. Tendrement et durement à la fois. Tendrement de se retrouver après une nuit loin l'un de l'autre et durement de se retrouver vite dans un geste presque désespéré. Quand nous nous séparons nous rentrons à l'intérieur.