La Mélodie Du Confinement

Lundi 23 Novembre

Louis

Quand j'ouvre les yeux ce matin, je geins de douleur quand je sens mon crâne vibrer sous les coups incessants de cette migraine qui me frappe de plein fouet. J'apporte ma main à mon front pour le masser un peu mais cela ne fait qu'accentuer la douleur. Je suis complétement déboussolé et je sens mon cœur se serrer douloureusement pour une raison que j'ignore.

Je me redresse comme je peux dans mon lit, sentant mon corps lourd et courbaturé je prends plus de temps pour sortir de sous la couverture. Quand je posse un pied au sol, je butte dans quelque chose. Je fronce les sourcils et me penche pour récupérer l'objet au sol et mes mains récupèrent une bouteille de whisky complétement vide. La cause de ma migraine matinale devient plus claire.

Je me lève difficilement en m'étirant et sors de ma chambre pour aller dans la salle de bain, anticipant la sensation de l'eau chaude contre ma peau meurtrie et mes muscles endoloris. Quand j'allume la lumière, je plisse les yeux un instant complètement aveuglé par cette intrusion si violente.

Je me déshabille, gardant les yeux mi-clos, refusant par la même occasion de croiser mon reflet dans le miroir.

Je grimpe dans ma baignoire douche et fais couler l'eau, attendant un peu qu'elle se réchauffe. Quand l'eau est suffisamment bonne pour moi, je me glisse sous le jet d'eau en fermant complétement les yeux, m'appuyant d'une main contre le mur pour me maintenir debout.

Le silence m'entoure et uniquement le bruit de l'eau qui s'écoule contre mon corps et finissant sa course sur le sol de ma baignoire brise ce silence. Un silence lourd et pesant, qui fait compresser mon cœur. Une douleur qui ravive chez moi, les souvenirs de la veille.

Je revois, derrière mes paupières closent, les images de Harry et moi faire l'amour à en perdre la tête, je me revois l'aimer plus fort que tout, je revis cette scène d'Harry qui me souffle ces trois mots avant de sombrer dans le sommeil. Ces trois mots que je n'avais plus entendu depuis une éternité, venant de la part d'un homme.

Je me revois quitter le lit, rangeant mes affaires, le cœur battant à tout rompre, se trouvant au bord au de la crise de panique. Je me revois fermer la porte de son appartement puis fermer la mienne comme pour fermer le livre de notre histoire.

Puis j'entends de nouveau les coups incessants contre ma porte et ses pleurs qui m'ont déchiré le cœur, je l'ai entendu hurler ce que son cœur brisé, par ma faute, ressentait. Puis le silence m'a englobé moi et mes pensées et j'ai fini par me bourrer la gueule pour calmer ces pensées. Mais aujourd'hui, toutes ces pensées inondées par l'alcool refont surface.

Sous leurs assauts brutaux, je me laisse tomber dans ma baignoire et sans que je ne puisse contrôler quoi que ce soit, mon cœur prend le pouvoir sur mon corps et il hurle son désespoir, son amour et sa tristesse que je lui ai fait subir volontairement. Un surplus d'émotions enfouies au plus profond de mon être vient éclater et se mélanger dans mes larmes. Plongeant mon esprit dans un brouillard épais et infranchissable.

Je reste de longues minutes dans la douche laissant mes larmes se mélanger avec l'eau de la douche. Mais je finis par sortir de la baignoire après m'être lavé très rapidement. Je m'enroule dans mon peignoir gris, essuyant d'un revers de manche les dernières traces de mes larmes.

Je sors de la salle de bain pour aller dans la cuisine afin de manger quelque chose de consistant pour une fois. Je me prépare très rapidement des tartines de nutella et un café puis je retourne dans ma chambre où je me glisse dans mes draps en faisant attention de ne rien renverser. Je commence à manger dans le silence, plongé dans une semi-obscurité, je fixe le point de lumière qui se crée sur le mur en face de mon lit.