Twilight: Sublimation

Chapitre 18: Marqué

Une autre forêt.

            Je me réveillai allongé sur le sol cette fois-ci. Scrutant la voie lactée se laissant désirer derrière le branchage des arbres, un cri me tira de ma torpeur.

            Je me redressai d'un seul coup, et fus témoin d'un spectacle auquel j'eus déjà assisté. Les caravanes et camping-cars étaient garés un peu plus loin, le groupe d'individus s'était rassemblé et s'était recroquevillé autour d'un point central, un nuage de vapeur les entourant.

            « Non, non, non. Pas encore ce rêve. Pas encore ce rêve ! » soliloquai-je.

            Je m'avançai parce que mon instinct me le dictait. Je reconnus les mêmes visages de la dernière fois, le grand vieil homme, l'obèse et la jeune fille aux cheveux en pétards.

            Ma position changeante par rapport à leur mise en place autour de ce point central révéla ce qu'ils cachèrent : une jeune fille, adolescente cette fois-ci, gisant dans son propre sang.

            Pris d'une soudaine envie de vomir, je me couvris le nez avec mon avant-bras droit. Une fois l'envie passée, je regardai de nouveau la jeune fille, son regard fixant le vide.

            « Il faut que je me réveille »

            Pour une raison qui m'échappait alors, je me retournai comme pensant que je ferai face à quelqu'un, à Jacob tout du moins, car je l'appelai.

            Mais évidemment, j'étais seul.

-        Qu'est-ce que c'était ? S'interrogea une voix au milieu de l'ameutement.

Je me retournai face au groupe étrange donc chacun des membres s'écarta, dévoilant un personnage que je n'avais pas aperçu jusqu'alors. C'était elle.

Elle se redressa. Les filaments rouge-sang en-dessous de sa peau, entourant ses lèvres, se rétractèrent. Son regard perdit de sa ténébrosité et ses iris se reformèrent.

Balayant le décor du regard, la femme avança. Elle ne posa pas les yeux sur moi, j'en déduisis donc qu'elle ne pouvait toujours pas me voir.

Ainsi, je restai là, planté. La femme au chapeau arrêta d'avancer et parla dans le vide.

-        Il me semblait bien t'avoir entendu la dernière fois.

Je regardai derrière-moi pour voir si par hasard quelqu'un se trouvait là, mais seule la forêt me précédait.

-        Il ne me semble pas m'être présentée, continua-t-elle. Je m'appelle Lily, mes amis m'appellent Lily le Corbeau.

Se pouvait-il qu'elle me parlait à moi ? Non, elle ne pouvait pas me voir, donc par conséquent elle ne pouvait savoir que j'étais là. Je tournai autour d'elle, la scrutant minutieusement.

Ses habits semblèrent dater d'une autre époque. A dire vrai, en regardant les membres du petit groupe de plus prêt, chacun était habillé d'une façon atypique.

Le vieil homme portait un t-shirt en lin, un bas en toile et marchait pieds-nus. L'homme à la moustache et aux airs latino portait un chapeau et une veste en cuir abimé, tout comme ses santiags. Seule la fille aux cheveux en pétard sembla s'habiller de notre époque ; un pull-over et un jean porté de près.

-        Tu dois certainement penser que tu es en train de rêver, mais ce n'est pas le cas.

Ce que Lily venait de dire me figea sur place. Doucement, accompagné d'un frisson me parcourant toute l'échine, je me retournai vers elle.