Chapitre 19 : Le Poulet Providentiel

7.4K 1K 54
                                    

Ils franchirent la porte sans encombre, pour déboucher en plein dans une clairière. La porte, encastrée dans un rocher aux Enfers, se trouvait sur un tronc d’arbre sur Terre. Inconsciemment, Cassandra, Hell, Al, Silke et Blanche prirent une profonde inspiration. Ils avaient réussi… Ou presque.

Leurs ennemis étaient loin d’être stupides. Ils s’étaient attendus à une telle manœuvre de leur part. Aussi avaient-ils un comité d’accueil, les observant entre les arbres.

-Quarante démons pour quatre guerriers et deux blessés… Ce n’est pas un peu exagéré ? fit Alastor.

-Crève !

Dans leur état, ils ne pourraient jamais faire face à tant de personnes. Surtout avec Svenn et Silke invalides… Blanche prit une profonde inspiration ajusta ses doigts sur la lame de son épée. Ils n’allaient pas mourir maintenant ! Pas après tout ce qu’ils avaient fait !

Son rugissement féroce se mêla à celui de sa sœur, dans leur charge. Cela prit de cours les quarante démons, leur donnant un court avantage. Quatre tombèrent. Puis Alastor entra dans la danse. On pouvait dire ce que l'on voulait, il était une véritable machine de guerre.

Cassandra, reléguée à la sécurité des blessés, poussa soudain un cri. Blanche tourna un instant la tête… Et comprit ce qui clochait. Nergal se tenait à genoux à terre, son bras dégoulinant de sang. Oh non… Il n’y avait pourtant personne autour de lui. Comment… Il disparut, lui glaçant le sang. Elle venait de comprendre.

-Attention !

Hell s’interposa entre elle et un démon. Ce dernier eut la panse ouverte en un tour de main, néanmoins Blanche ne prit pas le temps de la remercier. Ce qui l’intéressait, c’était la lame à la taille de sa sœur. Excalibur. L’arme dérobée à la fée Viviane, la cause de leurs retrouvailles. Volée pour pouvoir tailler Lucifer en pièces.

-Désolée, ma sœur ! cria-t-elle en arrachant l’épée légendaire de son fourreau.

Aux prises avec un nouveau soldat, Hell n’eut pas la possibilité de la retenir. Tournant les talons, Blanche fonça vers le tronc-porte, fermement décidé à régler ses comptes.

A rappeler à ces sbires des Enfers qu’on ne se frottait pas aux Ferguson, sans en subir les conséquences. Tôt, ou tard.

*

Les choses s’annonçaient plutôt mal : Lucifer avait quasiment sectionné le bras de Nergal. Il commençait à se dire qu’il avait peu de chance d’en réchapper. A l’instar de ce fameux jour, où il avait écopé de ces griffures au visage.

-Tu as toujours regretté, n’est-ce pas ? lança-t-il en marchant prudemment autour de l’ange, guettant le moindre signe d’une attaque.

Au sommet de la falaise, Nergal était désavantagé. Dépourvu d’ailes, à la moindre chute, il mourrait. Et le Déchu ne se privait pas d’utiliser son avantage aérien, sa silhouette se découpant sur le ciel rouge des Enfers.

-Ce jour-là ? susurra Lucifer. J’aurais voulu avoir enduit mes ongles de poison. Au moins tu serais mort à l’heure qu’il est. Juste une tache sur les pages de l’histoire.

-C’est dommage, hein ? Parce qu’aujourd’hui non plus, tu ne te débarrasseras pas de moi.

L’ange pencha la tête de côté, un sourire cruel plaqué sur ses lèvres.

-Tu t’es entiché de la lare, n’est-ce pas ?

Ce fut un coup au cœur. L’espace d’un instant, il avait oublié cette affreuse vérité. Celle de l’esclavagisme de Blanche. Perpétré par Lucifer lui-même.

1. La Soubrette InsoumiseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant