23.

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Franck, Damien et Sébastien sont particulièrement doués au poker. Ils enchaînent les parties et il est difficile de les départager. Parfois, alors qu'il ne lui reste que deux jetons, c'est Damien qui reprend la main. Il épuise le capital de Sébastien qui arrive à se refaire. Il est deux heures du matin, les cadavres de canettes de bière se multiplient et ce n'est toujours pas terminé. Je ne sais pas ce qui les motive, peut-être que personne ne veut être celui qui devra me faire plaisir ! Non, il ne faut pas toujours voir les choses du côté négatif. Ils sont juste totalement pris par la compétition et quel que soit l'enjeu, aucun de ces mâles ne veut perdre.

– Montre ton jeu.

Nous sommes peut-être arrivés au bout, même si je commence à avoir du mal à y croire. Sébastien a joué le tout pour le tout, il a fait tapis. D'après ce que je comprends, quelqu'un va donc forcément perdre. En face de lui, reste Franck. Damien s'est couché, il n'a pas eu de chance avec cette main.

– Voilà.

– Dommage pour toi, mon petit Sébastien, tu viens de perdre.

Il n'y a même pas trop de réactions, n'oublions pas que nous avons beaucoup bu.

– Bon, Matthieu, approche.

– On verra ça demain.

Je suis encore conscient et j'ai vraiment envie que cette scène se passe, il est temps que quelqu'un s'occupe de moi. Mais mes colocataires sont totalement ivres, ils n'ont plus aucune idée de ce qui se passe. Et il ne faut jamais abuser de quelqu'un de totalement bourré. Au mieux, demain matin il ne se souviendra de rien. Au pire, il sera dégoûté par ce qu'il a fait et m'en voudra de ne pas l'avoir repoussé, d'avoir abusé de sa faiblesse.

– Bon, alors tout le monde au lit.

Quelques minutes plus tard, on entend les premiers ronflements. Je pense que j'ai pris la bonne décision, même si j'avoue être un peu frustré. Comme prévu, le lendemain est difficile, il va falloir combattre les migraines. Je l'avais envisagé aussi, la journée sera consacrée au sport, presque à outrance, pour limiter l'impact de la malbouffe d'hier soir et des litres de bière. Ce n'est que le soir, alors que Franck est sous la douche et que Damien profite d'une sieste, que Sébastien s'approche de moi.

– Tu n'as pas encore reçu ton lot.

– Tu n'es pas obligé de le faire.

– Un pari est un pari.

– J'espère que tu ne parles pas de cette façon aux femmes. Il n'y a aucune obligation, je ne veux pas te forcer.

– Mais tu as aussi le droit de t'amuser.

Cette conversation pourrait être sans fin. On se demande d'ailleurs pourquoi je tente tellement de le repousser alors que je devrais juste profiter. Mais je vois bien qu'il n'en a pas envie, que c'est une épreuve pour lui et que personne n'a envie que les choses se passent comme ça.

– Allez viens.

Il me prend par la main et nous nous dirigeons vers ma chambre.

– Tu es sûr de toi ?

– Oui. Il faut en profiter pendant que les autres ne sont pas là, je ne veux pas qu'ils regardent.

– Au cas om tu ne saurais pas t'y prendre ?

– Au cas où j'y prendrais du plaisir...

Confinement IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant