Confinement II

3.

Je me réveille, allongé contre Franck. Nous ne pouvons pas tout de suite sortir du lit, le matin c'est dur.

– J'espère qu'ils ont bien dormi.

– Ouais, je pense qu'ils ont tout fait pour.

– Comment ça ?

Je ne tiens pas longtemps le soir, vers vingt-trois heures je suis épuisé et je vais me coucher. Franck, lui, regarde encore la télévision pour un bon moment.

– D'abord il y a eu Sébastien. Il s'est enfermé un long moment dans les chiottes. Et le petit râle que j'ai entendu ne trompe personne.

Bien, il s'est soulagé, c'est normal.

– Et puis Damien a pris sa douche. Il s'est écoulé un certain temps entre le moment où il y est entré et celui où l'eau a coulé.

Il s'est donc vidé avant de tout faire disparaître avec la paume de douche. C'est moins pratique de le faire quand l'eau coule, parce qu'après la substance colle beaucoup trop et est plus difficile à évacuer. Le but est de ne laisser aucune trace.

– Je crois qu'ils sont prêts.

– On ne va pas tout de suite les traumatiser.

Il s'agit de notre premier week-end ensemble. Il faut trouver des choses à faire. Enfin, ce n'est pas trop compliqué. Des ordinateurs, une console, deux télés, il y en a pour tous les goûts. Nous ne nous voyons que pour les repas, sinon chacun s'enferme dans sa bulle. C'est ainsi que notre cohabitation pourra tenir, parce que si nous restons en permanence les uns sur les autres nous allons vite ne plus nous supporter. Le dîner ne sera pas une grosse bouffe, je rappelle que je suis enfermé avec des mecs qui sont là pour profiter de la salle de sport, ils font attention à ce qu'ils mangent...

– Ça vous plaît ici ?

– Ouais, je ne pensais pas que ce serait aussi décontracté.

Pas besoin de s'habiller, nous sommes en caleçon. Et pas forcément besoin de se laver non plus, sauf après le sport. Sinon, ce ne sont pas les odeurs de mâle qui vont nous déranger, nous sommes entre nous.

– C'est un peu con de se palucher dans les toilettes ou sous la douche.

Sébastien et Damien ne savent plus comment réagir. Franck n'a absolument aucune diplomatie et il ne pense qu'au sexe.

– On peut se mater des films ensemble et se faire du bien tranquillement.

Selon moi c'est un peu tôt pour faire cette proposition à nos invités. Mais je suis sans doute beaucoup trop pudique.

– Ce serait cool.

Ils n'ont plus l'air déstabilisés du tout. C'est vrai qu'on pense au côté pratique. Inutile de se mentir, on en a tous des envies. Surtout quand on est enfermé toute la journée avec beaucoup de temps pour penser à nos fantasmes.

– On peut commencer tout de suite.

Je laisse Franck faire, inutile d'essayer de le calmer. De toute façon tout le monde semble d'accord. Il fait comme chez lui, on dirait qu'effectivement ce n'est pas mon appartement mais le sien. Il étale des serviettes de toilette sur le canapé et se fout à poil.

– Venez !