Le lendemain Roxanne partit vers 12h30 laissant seules Anna et Céline qui devait partir le lendemain dans la journée. Une fois Roxanne partie, les deux amies continuèrent à repeindre les pièces du bas de la maison. Elles discutaient de banalités en se racontant les derniers potins concernant les filles qu'elles avaient connues en pension. Elles se rappelèrent avec nostalgie les bons souvenirs de leurs années de pension et eurent quelques fous-rire en repensant à certaines situations incongrues auxquelles les surveillantes avaient dû faire face. La peinture avançait bien et les murs de la cuisine et du salon furent bientôt terminés. Les couleurs choisies par Anna donnaient aux pièces une atmosphère délicate et se mariaient bien avec les tissus choisis pour les rideaux qui donnaient de la profondeur aux pièces. Le soir, veille du départ de Céline, les deux jeunes femmes dinèrent dans le jardin profitant de la fraicheur du soir. Les diverses variétés de plantes embaumaient l'atmosphère. Le diner dura longtemps, Anne et Céline parlaient sans s'arrêter trop heureuses de se retrouver à deux, cela faisait longtemps que cela n'était pas arrivé et les deux amies en profitaient. C'était un soir ou les étoiles brillaient de mille feux et quelques étoiles filantes devaient passer dans la soirée. Anna installa une couverture en tartan sur l'herbe et les deux s'allongèrent côte à côte pour observer le ciel paré de ses milliers de diamants. Elles avaient les yeux rivés sur le ciel, en silence, elles observaient ce phénomène si éphémère de la nature. Au bout d'un long moment Anna tourna la tête vers son amie qui restait immobile dans la douceur de cette belle nuit d'été. Les grillons donnaient un concert magnifique, une ode à la nature si belle ce soir-là. Céline s'était endormi la main sur le ventre. Toute l'anxiété qui l'habitait avait quitté son visage qui paraissait si serein. Ses cheveux, étalés sur le sol, donnaient une impression de torrent impétueux qui descendait d'une falaise. Anna soupira de bien être, elle était bien. Elle voulait profiter à fond de ce moment de paix intérieure, chose rare depuis son mariage. Elle calma la tempête qui résidait dans son esprit, contrôla sa respiration et finit par s'abandonner, confiante, dans les doux bras de Morphée.
Le lendemain les deux jeunes femmes furent réveillées par les oiseaux qui chantaient à pleins poumons la vie et la nature qui s'éveillait. Il était 5h30. Anna se leva et prépara le petit déjeuné pendant que Céline finissait de préparer ses affaires pour son départ. Ce réveil matinal leur permit de travailler dans le jardin avec la fraicheur de l'aube. Elles travaillèrent en silence, elles étaient apaisées. L'angoisse du départ de Céline qui les avait possédé la veille s'était dissipée avec la nuit laissant place à la sérénité. Le mercure monta rapidement et contraint les apprenties jardinière à rentrer dans la maison pour profiter de la fraicheur de la vieille bâtisse en pierres. Elles passèrent le reste de la matinée à coudre des rideaux pour le salon et la salle à manger en économisant leurs mots comme si un cota leur avait été donné. Ce silence était bien plus éloquent que de longs discours inutiles. Elles se disaient tellement de choses imprononçables, cette conversation silencieuse était d'une richesse inégalable. Des nœuds invisibles furent déliés, des explications furent faites et des pardons donnés. Tout cela sans un mot. L'heure du départ arriva et il fallut partir à la gare. Dans la voiture elles échangèrent quelques mots à propos de l'heure de départ de train et de l'arrivée de Céline chez elle. Sur le quai de la gare elles s'embrassèrent pour se dire au revoir, Céline monta dans le train, s'assit à sa place et fit un signe de la main à son amie. Les portes se fermèrent, il y eut un coup de sifflet strident et le train démarra. Anna fit un signe à Céline qui s'éloignait, immobile. Dans le train pendant les annonces habituelles à propos des gares dans lesquelles le train ferait des arrêts, Céline reçu un message «Bon voyage, préviens-moi quand tu seras arrivée. Anna ». Une larme coula sur sa joue gauche. Une larme orpheline, mais qui disait tellement plus qu'une armée de larmes. Anne-Adèle quitta la gare lentement en gardant un sourire figé sur son visage. Dans la voiture, elle ne démarra pas tout de suite, ses yeux brouillés de larmes étaient incapables de voir correctement. Anna essuya ses yeux d'un revers brusque de la main démarra et sorti du parking. Une larme coula sur sa joue droite, une larme orpheline.

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Les Grillons
RomanceAnna, jeune femme mariée à un homme presque parfait, lutte contre elle même depuis plusieurs années. Elle se retrouve dans une situation qui semble inextricable dans laquelle elle doit choisir entre respecter ses vœux de mariage et l'homme qui l'aim...