XXVI

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              Thomas poussa la porte et entra dans la maison. Sa femme l'attendait dans le salon, le visage grave, elle était seule. Céline était allée se promener et avait emmené la petite Joséphine. Anna se leva et invita Thomas à marcher avec elle dans le jardin à l'ombre des chênes. Le couple marcha quelques minutes en silence. L'ambiance était pesante, elle ne savait pas par où commencer et Thomas ne savait pas comment l'aider à cracher le morceau. Une larme coula doucement sur le visage d'Anna qui se tordait les mains ne sachant toujours pas par où commencer. Elle s'assit sur le banc du fond du jardin et resta prostrée pendant de longues minutes. Un lourd silence s'installa entre les deux époux, c'était comme s'ils n'avaient plus rien à se dire et dans le même temps un torrent de mots ne demandait qu'à sortir. Elle lutait de toutes ses forces pour ne pas tout balancer à Thomas, elle voulait mettre des formes à son propos, elle voulait lui éviter la douleur de tout apprendre dans un discours dénué de délicatesse. La difficulté résidait dans la forme que pendrait ce discours, comment le dirait-elle sans être trop blessante, comment pouvait-elle lui éviter une trop grande douleur ? Toutes ses questions se bousculaient dans sa tête pendant que des dizaines de larmes coulaient sans interruption sur ses joues déjà trempées. Thomas ne savait pas quoi faire, il se trouvait face à une femme qu'il ne reconnaissait pas. Il savait qu'elle était son épouse, la mère de son enfant mais quelque chose avait changé et il ne savait pas quoi. Un petit quelque chose dans son regard n'était plus le même, sa façon de se mouvoir, de se tenir, de se maquiller même avait changé. En la voyant il avait l'impression de voir un poussin qui se bat pour sortir de sa coquille, oui, c'est ça, Anna lui donnait l'impression de vouloir s'échapper d'un lieu dans lequel elle était inconfortable. Il se sentait totalement désarmé face à sa femme qui n'arrêtait pas de pleurer. Il ne savait pas comment s'y prendre pour la rassurer, il aurait bien voulu la prendre dans se bras, la consoler mais la posture d'Anna lui indiquait très clairement qu'elle ne le voulait pas. Alors, les bras ballants il attendit qu'elle se calme et qu'elle se décide à parler d'elle-même, il ne voulait pas lui forcer la main.

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