Anna ouvrit les yeux, tourna la tête, de là ou était son transat, elle pouvait voir ses amies qui jouaient aux cartes pendant sa sieste. Elles étaient belles, leurs cheveux avaient été relevés en chignon lâche dégageant leur nuque de la chaleur. Le soleil du mois d'aout avait coloré leur peau d'un beau hâle régulier. Elles parlaient doucement pour ne pas réveiller leur amie et Anna ne pouvait pas entendre ce qu'elles disaient. Elle se leva avec difficulté, vit son ombre et maudit son aspect de baleine échouée. Elle était devenue ce qu'elle ne voulait pas être, une grosse femme enceinte essoufflée. Elle s'approcha de ses amies, prit une chaise et commença une nouvelle partie de cartes avec elles.
La journée se termina avec un magnifique couché de soleil. Pendant la nuit, Anna se réveilla avec des contractions, ne pouvant plus dormir elle se leva, descendit à la cuisine prit un verre d'eau fraiche et sorti de la maison. Là, elle vit Céline allongée part terre sur une couverture en tartan. Elle ne dormait pas.
« - Tu ne dors pas ?
- Non, j'ai été réveillée par des contractions.
- Attends, quoi ? Mais il faut aller à la maternité !
- Non, ce ne sont que des fausses. C'est tout à fait normal pendant le troisième trimestre.
- Ah, ok. Je ne savais pas. Tu sais moi les bébés...
- Oui, je sais. Pourquoi dors-tu dehors et par terre en plus, il y des transats tu sais.
- Il faisait trop chaud dans la chambre, j'ai voulu profiter de la fraicheur de la nuit et regarder les étoiles. Elles sont magnifiques cette nuit.
- Tu as raison, elles sont vraiment belles.
- Tu veux t'allonger à côté de moi pour les observer ?
- Ça serait avec plaisir mais j'ai déjà du mal à me lever d'une chaise, alors imagine si je m'allongeais sur le sol. C'est vraiment épuisant d'être une baleine.
- Tu m'étonnes. Tu vois, je ne comprends toujours pas pourquoi tu as fait un bébé alors que ça te révulse profondément en reprenant tes mots.
- Bah, tu sais quand on aime quelqu'un on veut ne faire plus qu'un...
- Ah oui, vraiment ? C'est bizarre, j'étais persuadée que tu n'aurais jamais d'enfants. Mais la vie nous offre de drôles de surprises n'est-ce pas ? Ton mariage avec Thomas, ta grossesse. Rien que ton mariage est surprenant, honnêtement je ne pensais pas que tu te marierais. Ne le prends pas mal, c'est juste que je ne te croyais pas capable de jouer la comédie en permanence.
- Pardon ? Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Rien, oublie.
- Non, je n'oublie rien du tout, dis-moi, je t'écoute.
- Bah, je pensais que tu n'étais pas le genre de fille cucul qui se marie dans une robe de princesse, a des enfants dans la foulée et vit dans une maison à la campagne avec un chien. D'ailleurs ça manque ça, un chien, tu devrais y penser.
- Thomas est allergique aux poils de chiens.
- Ah bah zut, c'est vraiment dommage, attention, ça peut nuire à votre image de famille parfaite.
- S'il te plait Céline, arrête...
- Attends, je vais essayer de trouver le prénom du bébé. C'est un garçon c'est ça ? C'est ça. Bon alors, Paul-Aristide ? Nan, tu as mal vécu le prénom composé dont tes parents intégristes t'ont affublée, tu ne ferais pas ça à un enfant. Albert ? Daniel ? Bernard ? Yves ? Non plus, les prénoms de vieux ce n'est pas trop ton truc. Attends, attends je vais trouver ! Nino ? Liam ? Milo ? Kévin ? Eden ? Aloïs ? Nan. Tu n'aimes pas les prénoms courts et modernes comme ça. Roooh, j'ai trouvé ! Maxime, tu vas appeler ton fils Maxime. Tu as raison, c'est joli Maxime, et puis ça va aussi bien sur un bébé que sur un vieil homme. T'es gentille finalement. »
Anna s'était assise sur un fauteuil de jardin et avait le visage complètement fermé. Ce que venait de lui dire Céline l'avait profondément blessée. Comment sa meilleure amie pouvait-elle lui dire des choses aussi méchantes ? Sa raison lui répétait que Céline avait fait de l'humour, mais son cœur lui disait qu'elle lui avait dit cela par vengeance. Céline ? Se venger ? Mais pourquoi ? Que lui avait-elle fait pour qu'elle se venge de la sorte ? Anna ne répondit rien, se leva en silence et rentra dans la maison. Sur sa joue droite coulait une larme orpheline. Céline s'était couchée sur le dos et ferma les yeux. Une larme orpheline coula et tomba sur la couverture en tartan. Le lendemain Céline rentra chez elle en urgence, un dégât des eaux comme excuse, Anna l'embrassa avec une drôle d'impression et regarda la voiture partir avec des yeux secs mais remplit de tristesse. Elle monta se recoucher trop fatiguée pour assurer le reste de la matinée normalement. La nuit qu'elle venait de passer était de loin la plus triste de sa vie, après sa première nuit aux Caraïbes évidement. Elle avait pleuré toute la nuit seule dans son bureau, elle était tellement triste. Elle ne comprenait pas pourquoi elle se mettait dans cet état là pour quelques propos blessants de sa meilleure amie. La seule explication rationnelle et acceptable dans son état, était les hormones de grossesse qui faisaient la fête. Elle s'était mise en colère toute seule car elle n'avait rien à faire, pas de copies à corriger, pas de cours à préparer, pas de papier peint à arracher, ni de mur à peindre. Elle avait donc terminé la nuit en suant à grosses gouttes sur des mathématiques de 4ème.
Chers lecteurs, chères lectrices, n'hésitez pas à me laisser vos impressions de lecture afin que je puisse m'améliorer ! Qu'ils soient positifs ou négatifs vos commentaires sont les bienvenus. Merci beaucoup ! Alice

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Les Grillons
RomansaAnna, jeune femme mariée à un homme presque parfait, lutte contre elle même depuis plusieurs années. Elle se retrouve dans une situation qui semble inextricable dans laquelle elle doit choisir entre respecter ses vœux de mariage et l'homme qui l'aim...