ÉPILOGUE

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PDV DE SIMON

Je me réveille en sursaut à cause d'une douleur me traversant la poitrine. La douleur, d'abord insupportable, finit par s'estomper au bout de quelques minutes. Je suis habitué à ce genre de réactions de mon corps mais cette fois-ci c'était particulièrement violent. Je suis inquiet et à bout de forces, cette maladie, ce traitement et ces opérations m'épuisent. Et en plus je suis seul mais ça, je ne peux m'en prendre qu'à moi même.

Je sentais depuis quelques semaines que la tumeur avait pris une nouvelle ampleur. Sacha était là mais je ne lui ai rien dit, je n'ai pas réussi à lui rajouter encore des soucis. Ça a été une des choses les plus douloureuses de ma vie mais à chaque fois qu'il venait j'ai fait comme si j'allais mieux, ou du moins comme si mon état ne s'empirait plus. Je l'ai poussé à partir à ce foutu festival parce qu'il avait déjà trop gâché sa vie à cause de moi. Sauf que dès qu'il est parti j'ai eu l'impression que mon corps me lâchait. Je pensais que c'était moi qui contrôlait mon état mais en fait c'était Sacha qui m'aidait à tenir. Le soir où il est parti je me suis réveillé en pleine nuit et j'ai vu qu'il n'était plus là. Je ne me rappelle plus de la dernière fois que je lui ai parlé, de la dernière chose que je lui ai dit. Je sais juste que je n'aurais pas supporté qu'il voit mon état se dégrader encore plus. On dit que les chats se cachent pour mourir, je pense que c'est la même chose pour moi. Je n'ai pas repoussé Sacha juste pour être seul, je l'ai fait pour lui, pour lui donner une chance de vivre sa vie sans moi.

Je ne sais pas si je vais mourrir mais je crois qu'on sent ces choses-là. Je vois bien comment les médecins me parlent, je vois bien l'air abattu qu'ont les infirmières quand elles rentrent dans ma chambre.  Même Vanessa qui m'avait promis d'être honnête avec moi jusqu'à la fin, de ne pas me mentir pour ne pas me faire souffrir, même elle n'est plus comme avant. Elle est évasive, elle fait semblant de pas entendre mes questions pourtant de plus en plus pressantes. Je déteste cette sensation. Ce sentiment d'être une chose fragile que tout le monde essaye de protéger. J'ai détesté ça toute ma vie, c'est pourquoi j'ai construit un mur entre moi les autres depuis mon adolescence. Une carapace impénétrable pour empêcher quiconque de me connaître réellement, de cerner mes faiblesses, d'essayer de me blesser ou de m'aider. Cette barrière a tenu très longtemps, jusqu'à que Sacha rentre dans ma vie.

J'ai immédiatement perdu mes moyens en le voyant. Je n'avais jamais cru au coup de foudre et je trouve toujours ça un peu bête mais il n'y a pas d'autre expression pour décrire ce que j'ai ressenti en le voyant ce jour-là dans la cour de la fac. Je me rappelle de chaque seconde de ce moment, je me rappelle comment il était habillé, comment étaient ses cheveux, ses lèvres, je me rappelle de son regard stressé, de sa voix hésitante. Je le revois secouer la tête pour masquer son embarras. Je ferme les yeux un instant et une vague de souvenirs me reviennent en tête. Le son de sa voix, de son rire, l'odeur de sa peau et de ses cheveux m'arrachent un sourire malgré la douleur. Il me manque terriblement mais je sais qu'il est mieux là où il est.

Je regarde l'heure sur le réveil, presque 23h30. Je soupire intérieurement en pensant à l'opération qui m'attend demain matin. C'est ma dernière chance. Ma tumeur a beaucoup trop progressé pour être traitée avec de la chimiothérapie, de toute façon je suis trop faible pour continuer à être exposé aux rayons. Ma mère a convaincu les médecins de tenter une dernière opération avant de baisser les bras. L'équipe médicale est complètement perdue depuis quelques jours. Je sais qu'ils n'ont pas compris pourquoi mon état s'est tellement dégradé depuis 72h. Je n'avais pas la force de leur expliquer que je me laissais mourir pendant que Sacha était absent.

J'allume la télé accrochée en face de mon lit et je commence à zapper. Il n'y a pas grand chose à cette heure-là, j'allais éteindre quand un flash sur une chaîne d'info attire mon attention.

Simon & SachaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant