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Mercredi 30 mai, 22h17

Les semaines se suivent mais l'état de Simon ne s'améliore pas. La mère de Simon m'a expliqué que les médecins sont assez indécis et hésitent sur la décision à prendre pour son traitement. Simon passe la plupart de ses journées à dormir et à faire des séances de chimiothérapie. Dehors, la vie suit son cours, le mois de mai touche à sa fin, l'été approche. Les nuits s'allongent, les gens sortent le soir, j'aurais aimé partager cette période de l'année si agréable avec Simon. Même si les cours sont finis, mes potes de la fac organisent souvent des sorties et des soirées. J'essaye d'éviter d'y aller la plupart du temps, je n'ai pas trop la tête à ça.

J'ai passé de nombreuses nuits à l'hôpital à veiller sur Simon, assis sur le fauteuil dans sa chambre. J'aime le regarder dormir, c'est le moment où il est le plus apaisé, j'ai presque l'impression qu'il est guéri quand il dort. Malgré tout j'ai le cœur en miettes à chaque fois que j'entre dans cette chambre car je sais que son état ne s'améliore pas et que je ne vois aucune issue à cette situation. Simon lutte contre un ennemi bien plus fort que lui et je ne peux rien faire pour l'aider. Tout un tas d'émotions me traversent la tête en permanence, la haine, la colère, le désespoir, la frustration.

Je regarde la ville par la baie vitrée de sa chambre, le soleil s'est couché mais le ciel n'est pas totalement noir. Je suis complètement perdu dans mes pensées quand j'entends Simon tousser et bouger brusquement. Je me lève et il se réveille avec un air paniqué, complètement essoufflé.

Moi : Tout va bien, calme toi

Je prends sa main dans la mienne et la masse doucement pour l'apaiser. Progressivement sa panique redescend et il reprend ses esprits.

Simon : Je fais tout le temps des cauchemars j'en ai ras le bol

Moi : C'est normal t'inquiète pas, les médecins ont dit que ça allait bientôt passer

Simon : Putain je suis trempé en plus, désolé de t'infliger ça

Je me lève pour attraper une serviette et un t-shirt propre.

Moi : Je suis content de pouvoir t'aider

Je sais qu'il a énormément de mal à se laisser épauler. Simon a toujours eu le contrôle sur chaque aspect de sa vie et n'a jamais laissé quelqu'un decider pour lui, j'imagine comment cette situation doit être dure pour lui. Je sais qu'il a l'impression que le rapport de force entre nous s'est inversé mais malgré les apparences je suis autant dépendant de lui qu'il l'est de moi.

Moi : T'as raté un beau coucher de soleil

Simon : Merde fallait me réveiller

Moi : Tu dormais trop bien

Simon : Ils ont augmenté mes doses je crois, ça me met KO

Moi : Ah oui c'est ce que Vanessa m'a dit

Simon ( en souriant ) : Tu joues les infirmiers maintenant ?

Moi : Qui sait, je vais peut-être me réorienter

Simon : Je vais avoir envie de rester ici plus longtemps alors

Moi : Y'a mieux comme endroit non ?

Simon : Je te le fais pas dire...

Moi : Allez tiens bon, tu vas bientôt sortir

Il secoue la tête sans répondre. Je sais qu'il n'aime pas quand je parle d'une potentielle guérison. Le pire c'est que je sais que ce n'est pas la meilleure chose à faire, je sais que je devrais juste éviter le sujet mais je n'arrive pas à accepter l'idée qu'il n'a qu'un infime probabilité de survive.

Simon & SachaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant