Simon & Sacha

34.

vendredi 28 février, 9h04, départ pour Strasbourg

J'arrive en trottinant sur le parking où le coach nous a donné rendez-vous pour le départ. J'ai 5 minutes de retard, je devrais avoir peur de me faire défoncer mais j'ai tellement le moral à zéro que je ne crains même plus la colère de mes coéquipiers et de mon entraîneur. Celui-ci ne manque d'ailleurs pas de me réprimander pendant que je jette mon bagage dans la soute.

Étienne : Putain Jaegler je pensais que t'avais réglé ce problème de retard

Moi : Désolé j'ai eu une nuit difficile

Étienne : J'en ai rien à faire moi, tu crois que vos adversaires vont vous attendre ?

Je monte dans le bus sans même lui répondre, je suis à bout de nerfs. Les mecs de mon équipe sont déjà tous assis par deux, je ne prends pas la peine de chercher une place plus longtemps et je m'assois seul un peu à l'avant du bus. Quelques instants plus tard, le conducteur démarre et je mets mes écouteurs pour me couper du monde. J'ai été mal toute la soirée, je n'ai envie de parler a personne. J'ai l'impression d'étouffer à cause de cette grosse boule dans ma gorge, causée par une seule chose, Simon. Je n'ai que lui en tête, je ne pense qu'au fait que plus rien ne sera comme avant. Les mots qu'il a eu hier m'ont déçu à un point inimaginable. Il a balayé tout ce qui s'est passé entre nous depuis septembre d'un revers de main, comme si tout cela n'avait aucune importance. Rien n'aurait pu me détruire plus que ça.

15h12

Quelques minutes avant l'arrivée du bus à Strasbourg, Arthur se lève et vient s'assoir à côté de moi. Je n'ai même pas la force de faire plus qu'un signe de tête et un léger sourire, sûrement pas du tout convaincant.

Arthur ( d'un ton bienveillant ) : Qu'est-ce qui t'arrive ?

Moi : Nuit compliquée et puis panne de réveil

Arthur ( en haussant un sourcil ) : Et je suis censé gober ça ?

Il réussit à m'arracher un sourire. Je tourne la tête vers la vitre pour ne pas avoir à soutenir son regard. A ce moment-là le coach allume le micro du bus et prend la parole.

Étienne : Bon les gars, on va arriver à l'hôtel, on est un peu en retard donc on va filer à l'entraînement. Vous vous mettez par deux dans les chambres comme prévu et vous posez juste vos affaires, on se retrouve à l'accueil dans 5 minutes, compris ?

Je me retourne brusquement vers Arthur.

Moi : Je croyais qu'on était tous dans une sorte de dortoir ?

Arthur : Ah faut lire tes mails toi aussi, ça a changé on est dans des chambres de deux

Moi : Merde mais les groupes sont déjà faits ? T'es avec qui toi ?

Il rigole en me voyant paniquer.

Arthur : T'inquiète je nous ai mis ensemble, je me doutais que tu serais à la ramasse

Moi ( en soufflant de soulagement ) : Oh merci mec, j'ai flippé

Arthur ( en riant ) : J'ai vu ça !

Le reste de la journée s'enchaîne très rapidement, on n'a pas une seconde à nous. Le coach est très stressé pour le match de demain donc l'entraînement est de haut niveau. Malheureusement je n'arrive pas à rentrer dans le jeu, je fais n'importe quoi et tout le monde le remarque. Le coach m'en met plein la gueule devant toute l'équipe, j'ai failli déraper mais j'ai gardé mon calme pour le bien de l'équipe.