Instants fugaces

LIII

- Allô ?

- Bordel, Kris, tu es où ? Ca fait dix fois que je fais le tour du...

- Je suis au seul endroit où je me sens chez moi.

- C'est clairement pas chez tes darons. Ta mère est une pauvre fille bordel.

- C'est maintenant que tu le remarques ? T'es vraiment aveugle Chad, c'est de la folie. Incapable de voir que la mère de ton meilleur ami te déteste, que son père rêverait de te pousser du haut des escaliers et que tu n'as jamais eu ta place chez moi.

- A ce point ?

- T'es le seul à n'avoir rien compris.

- Quoi ? Je com... Oh.

- Deux neurones se sont enfin touchés dans ta cervelle d'idiot ?

- Tu es chez moi.

- Evidemment. Tu veux que j'aille où ? Je ne peux décidemment pas vivre chez mes parents, j'ai pas de famille ici et... j'ai besoin que de toi.

- C'est avec moi, que tu te sens chez toi.

- Bien joué Einstein. Au fait, sympa, la déco sur ton bureau.

- Les photos sont en vrac, y'a zéro déco.

- C'est quand-même plus joli nos tronches que tes cours.

- Je préfère mille fois plonger dans ton regard que lire un seul mot de mes cours.

- Chad...

- Il faut qu'on parle. Toi et moi, au city dans dix minutes. Récupère ma veste s'il-te-plait. Oh, et dis à ma mère de ne pas nous attendre pour manger ce soir.

- D'accord.

- Kris ?

- Oui ?

- Je m'en contrefous de ce que pensent tes parents.