XXXV

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Mes affaires dans un coin de ma chambre, ma mère qui prépare le repas en bas, mon téléphone sur mon oreiller, ma tête dans mes mains, mes yeux fermés, mon père qui explose de rire devant la télé, l'odeur de la moussaka, mes idées qui partent en vrille.

Je suis rentré chez moi et je n'ai jamais été aussi déboussolé de toute ma vie.

Les mots de Kris n'ont pas cessé de tourner en rond dans mon esprit, et je n'ai pas pu lui fournir une seule réponse. J'ai ignoré son message, j'ai lancé la conversation sur autre chose le lendemain. J'ai fait au mieux. Je ne pouvais pas le repousser, je devais lui parler. Mais pas de ça, et encore moins comme ça, avec de simples messages.

Ce genre de discussion, c'est en personne, dans un endroit intime, avec une bière s'il le faut. Je ne peux pas nous imposer ce silence encore plus longtemps. Car même s'il n'a fait aucune remarque, je sais que Kris souffre. Il ne rajoutera rien, parce qu'il ne veut pas enterrer notre amitié, mais il ressent des émotions.

Et je dois ressentir les mêmes. Je récupère mon téléphone, soupire et ouvre les notes. Un début de réponse à son message, quelques mots rédigées avec le cœur battant, les larmes aux yeux. Quelques phrases que j'aurai dû lui envoyer le soir même, pour désamorcer la bombe à retardement qu'est notre relation. On joue avec le vide, je joue avec ce vide béant.

Je relis les mots, le cœur serré et finis par hurler dans mon coussin toute cette frustration qui me bouffe de l'intérieur. Alors je fais ce que j'aurai dû faire dès que j'ai eu un pied dans cette ville. J'envoie un message à Kris, lui donnant l'heure et le lieu d'un rendez-vous.

Ce soir, au city-parc.

Instants fugacesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant