XXXIX

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Enfin fini. Je ne sais même plus pourquoi j'ai accepté de l'accompagner. De moins, j'évite d'y penser. De ressasser cette soirée où il a demandé des réponses. Où il a attendu des mots que je n'ai pas pu prononcer.

Je m'étire les doigts une nouvelle fois, pas du tout captivé par les festivités et les gens autour de moi. Sauf peut-être par le seul qui ne devrait pas attirer mon regard. Kris est resplendissant dans son costume bleu nuit. Ses yeux croisent alors les miens et il sourit, amusé.

- Les gens vont croire que tu n'aimes pas ce mariage.
- Ils vont surtout comprendre que j'ai pas ma place, je marmonne en indiquant ses parents du doigt. Ils me dévisagent depuis qu'on est arrivé.
- Normal, ils s'attendaient à me voir avec une jolie blonde au bras.

Je serre les dents tandis qu'il hausse les épaules avant d'attraper mon poignet. La seconde d'après, il me tire derrière lui et je le suis comme un bon toutou. Je sais où il m'amène : sa cousine et son mari nous font un signe d'impatience. Je les aime bien. Et ils vont incroyablement bien ensemble.

-Mais j'ai pris la décision d'amener un beau mec, c'est quand même mieux. Surtout si c'est un mec qui me plait.

Je trébuche dans le vide, attirant les regards sur moi. Kris éclate de rire, félicite sa cousine qu'on vient de rejoindre. Je suis sidéré, je n'arrive plus à aligner deux mots parce que les siens ont percuté mon cerveau et ont cramé les quelques neurones que j'ai. Bordel. Il était sérieux ? Je papillonne des yeux en tentant de reprendre contenance quand sa cousine me tient dans ses bras. C'est dur : chaque fois que je tourne les yeux, ils se posent mécaniquement sur Kris. Et chaque fois, je me dis qu'on pourrait tenter.

- Alors c'est toi qui es venu ? Je suis tellement contente qu'il t'ait amené.
- Moi aussi, j'acquiesce. Je suis heureux pour vous.

Toute souriante, elle retourne entre les bras de son homme alors que Kris se plante à mes côtés, les félicitant une énième fois. Que de cérémonie, ça devient lassant. Je m'appuie contre son épaule, par habitude et son index se glisse dans une boucle de mon pantalon. Par habitude aussi.

Sauf que sa cousine le voit, croisé mon regard et je comprends alors qu'elle sait. Ses yeux rieurs me font passer mille et un messages tous plus clairs les uns des autres. Je rougis et détourne vivement les yeux, sans m'écarter de Kris.

Parce que de toute façon, c'est foutu. On est déjà foutu.

Instants fugacesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant