XLIII

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Allongé dans le canapé, j'ignore Kris et sa mère qui parlent de notre week-end. A peine rentré qu'il m'a trainé chez lui. Je soupire et ferme les yeux : je vais finir par m'endormir.

- Tu viens ? On monte.

J'ouvre un œil, remarque le sourire pincé de Kris et me redresse mollement. Sa mère me suit des yeux et je me retiens de l'envoyer balader. J'ai toujours pris soin de son fils mais ça n'a rien changé : elle me prend pour le méchant de l'histoire, à lui vendre de l'herbe et le traîner dans les pires soirées.

Dans sa chambre, Kris referme la porte à clef et s'empresse d'ouvrir sa fenêtre. Il sort ensuite une boîte de sa table de nuit et je grimace enfin. Mes doigts attrapent son poignet et il se déconfit sous mon regard noir.

- Je t'interdis pas de fumer, mais tu le feras quand je serai parti.

Son regard se voile soudainement alors qu'un sourire mauvais étire ses lèvres.

- Tu peux partir maintenant alors.

Choqué, je le relâche et il s'affaire à rouler son joint, sans plus faire attention à moi. Sans s'excuser, sans rajouter un mot. Putain, c'est quoi encore ce bordel ?

Bien moins patient, je choppe sa clope et la balance au sol quand il s'apprête à l'allumer. Ses yeux se font alors tout aussi menaçant que les miens.

- C'est quoi ton problème ?
- Dégage Chad, j'ai pas envie de te coller mon poing dans la tronche.
- Je suis prêt à prendre le risque. Il t'arrive quoi là ?

Ses mâchoires se contractent et il prend le temps de répondre. Il se retient surtout de dire quelque chose qu'il pourrait regretter. Je le connais trop bien. Je soupire, éreinté par notre week-end. Ce n'est pas le moment de s'engueuler, et encore moins de s'expliquer. Alors je baisse les épaules, me détourne et récupère mon sac et ma veste aux pieds de son lit.

- Tu pars ?
- Je tiens pas à me prendre la tête.

Dos à moi, je le vois juste hocher la tête alors qu'il s'allume le joint, appuyé à sa fenêtre. Il me retient même pas ce petit con. Je roule des yeux. Je peux pas lui reprocher ça alors que je ne réponds pas à ses attentes.

J'ouvre sa porte, essaye de trouver les mots pour désamorcer la bombe qu'est notre relation avant de partir. Mais rien ne vient. Je suis épuisé.

- Envoie un message quand t'es bien rentré.

Mon sourire en coin s'épanouit de lui même quand Kris grogne.

- Évidemment. Bonne soirée.

Je referme la porte dans mon dos, n'attendant pas sa réponse. Tout en dévalant les escaliers pour rentrer chez moi, je me rends compte que quelque chose ne va pas chez lui. Sa mère m'ouvre la porte d'entrée et la referme sans me saluer.

Un plaisir cette femme.

Instants fugacesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant