XXXII

2.1K 283 29
                                    

- On bouge ?

Je jette un regard à Kris. Une semaine est passée, j'ai pu consulter la psy de la fac et elle m'a aidé à parler. La peur reste dans un coin de ma tête mais j'y fais face. Et je me répète inlassablement que je ne risque rien, qu'il ne reviendra pas. Chose qui commence à faire son effet : j'ai de moins en moins la boule au ventre à l'idée d'aller en cours.

La seule chose positive que j'ai pu en tirer, c'est que Kris a passé les derniers jours dans mon appartement. Entre les courses, la cuisine, les coups à boire, les footings matinaux, il m'a fait remonté la pente en gardant un rythme. Il m'a empêché de plonger dans le silence.

- Pour aller où ?

- Je sais pas. Pousse-toi.

Je m'écarte de quelques centimètres et il s'allonge à côté de moi dans mon lit. Ce n'est pas un deux places, mais il est un peu plus grand que les lits d'enfant.

- J'ai pas envie de bouger.

- Faut dire que tu t'es défoncé au sport.

- Besoin d'extérioriser.

Il hoche la tête, sachant que c'est vrai. Il se penche et s'apprête à attraper mon ordi. J'en profite pour me coller à lui. Mon bras autour de sa hanche, mon front contre sa nuque, il arrête tout mouvement. Sous mes doigts, je le sens reprendre sa respiration et ça me fait sourire alors que je rapproche mon torse de son dos.

- Chad...

- Je pensais à toi. Quand c'est arrivé. J'ai cru que je ne te reverrai pas.

- Mais je suis là.

- Je pourrais pas. Je peux pas faire comme si ça m'allait. Deux semaines sans se voir, c'était trop dur.

-On peut pas faire autrement, t'as cours et je reprends le boulot dans deux jours. On pourra se revoir qu'aux vacances.

- Je peux pas.

- S'il-te-plaît.

Ses doigts viennent se croiser aux miens, sur son torse. Je peux vraiment pas le laisser repartir. Cet appart va être à nouveau vide, je vais être encore seul. Jusqu'aux vacances.

- Ca ne me plaît pas plus qu'à toi, mais c'est comme ça.

Je serre les dents, retiens une réflexion. Car il a raison. Alors je me cale un peu mieux et il récupère l'ordi pour le placer sur le lit, face à lui avant de trouver un film.

Je finis par m'endormir, le moral au plus bas. Parce qu'il repart dans quelques heures. Et que je vais me retrouver sans tous mes repères.

Instants fugacesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant