Instants fugaces

LXII

- Ne déconne pas, Chad. Tu sais ce que t'es en train de sous-entendre ?

- Tu parles beaucoup pour un mec qui dit être sûr de lui.

Kris sourit avant de secouer la tête. Je n'ai pas le temps de reprendre ma respiration que ses lèvres se posent sur les miennes. Oh, chiotte.

Je fonds entre ses mains, sur ma taille, alors que sa langue caresse la mienne. Si je devais mourir, ce serait maintenant, sûrement d'un arrêt cardiaque. Mon coeur bat follement, la chaleur irradie de chaque partie de mon corps et mes doigts attirent Kris encore plus près de moi.

Rapidement, la douceur du premier baiser se tire et nos mains s'embrasent, à la recherche de la peau de l'autre. Ses lèvres descendent sur ma mâchoire et mordille mon cou alors que je m'affaire à lui retirer son haut.

- Ta mère a oub... Oh.

Sans réfléchir, mes mains repoussent Kris qui se retient au plan de travail derrière lui. Son t-shirt au sol, nos visages rouges tomates et les yeux exorbités de mon père m'assurent que rien de tout ça n'est un rêve. Je vais m'évanouir.

Les secondes passent dans un silence de mort, comme celle qui glisse lentement vers moi, tellement mon cœur s'emporte dans ma poitrine. Je n'ose pas me tourner vers Kris, de peur d'y lire toute sa déception. Je me sens comme un abruti fini de l'avoir repoussé mais je n'arrive pas à assimiler ce qu'il se passe.

Soudain, mon père sourit en coin et croise les bras sur son torse, oubliant ce pourquoi il est rentré dans la maison.

- Donc, c'est sérieux ? Vous êtes ensemble ?

- Papa !

- Faut voir avec votre fils.

Le ton cassant de Kris nous fait prendre conscience de la gravité du moment. Je serre les dents et fais passer le message clair et précis à mon père de partir. Dans son regard, j'y lis aussi un message très net : fais pas le con.

La porte claque enfin derrière lui et je soupire.

- T'as peur que tes parents nous voient ensemble ? Parce qu'ils ont clairement l'air au courant de mes sentiments et...

- Je t'arrête de suite, Kris.

Mes yeux plongent dans les siens. Avant, j'aurai pu lui faire comprendre ce qui me traversait l'esprit d'un simple coup d'œil et savoir ce qu'il pensait en retour. Aujourd'hui, dans ma cuisine, je prends conscience que certaines choses ont besoin d'être dites. Un regard ne peut pas toujours tout transmettre.

- S'il y a bien un gars avec qui je voudrais que mes parents me voient, c'est toi.