Chapitre 16

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No

Je raccroche après avoir été appelée deux fois de suite par la petite Anae. Et pour tout dire, ce qu'elle m'a dit sur l'état de Nakasako m'inquiète. Ce qui, à mon sens est plutôt légitime, quand on sait qui est la fille.

Je m'apprête à appeler Shoto au travers du salon quand mon téléphone se remet à sonner.

- Allô ?

- Inferno à l'appareil. A qui ai-je l'honneur ?

Je soupire.

Elle n'a pas du tout l'air d'être dans un état de panique avancé. Je ne vois même pas à quel moment elle peut être...

- No. Comment vous avez eu mon numéro ?

- Je t'en prie. On s'est déjà mis sur la tronche. On en est au point où on peut se tutoyer, tu ne crois pas ? Surtout après la manière dont je t'ai parlé la dernière fois...

Je ricane. Cette femme, c'est quelque chose. On pourrait presque devenir amies, si je savais ce qu'elle avait derrière la tête.

- Pourquoi pas. Qu'est-ce que je peux faire pour toi, dans ce cas ?

Shoto a dû sentir la différence d'atmosphère, parce qu'il entre dans la chambre au moment où je m'assois sur le lit.

Je lui fais un grand sourire hypocrite, et il hausse un sourcil, intrigué. Il s'assoit à côté de moi pour écouter à son tour.

- Ai. Elle a disparu.

Je manque d'en perdre mon japonnais.

- Qui ?

- Tu as fait tellement de recherches sur moi que tu devrais le savoir. C'est l'une de mes élèves. Elle a disparu. On m'aide à la retrouver en ce moment. Et même si tu en entends parler, j'aimerais que tu te concentre sur mon frère pour le moment.

Je me concentre pour rester calme. Si elle n'avais pas un don pareil pour m'agacer...

A côté, Shoto se mord intensément la joue, le sourire jusqu'aux oreilles, pour se retenir de rire.

- Et pourquoi je te rendrais ce service ?

- Parce que ça n'en n'est pas un. Le service, c'est que lorsque je la trouverais, j'aurais sûrement besoin d'aide pour aller la chercher. J'ai besoin d'une figure de l'ordre.

- Et pourquoi pas Hawks ?

- Tu imagines Hawks en héro furtif ? Y a moyen que personne ne te reconnaisse, mais que tu interviennes en qualité de héro. Et puis...

Elle soupire.

- Il y a de fortes chances qu'elle se soit fait attraper à cause de moi. Tu as trouvé facilement des données sur moi, pour faire les connexions de Tomio. Je pense que eux aussi. Ce n'est pas une superbe pierre deux coups ?

Je reste un moment songeuse, et jette un œil à Shoto, qui semble tout aussi intrigué que moi.

- Attends une seconde, je dis en coupant le micro. Tu m'entends, là ?

Son absence de réponse me conforte dans l'idée que tout est en place, et que je peux discuter avec mon conjoint au calme.

- Tu en penses quoi ? demande-t-il en premier.

- Je ne sais pas. Elle est assez maline pour me doubler si je trouve Tomio. Elle aurait pu trouver un moyen de me distraire en me parlant de ça.

- Tu veux que je jette un œil ?

Je le regarde.

- Tu pourrais faire ça ?

- Bien sûr. Tu veux que je demande aussi à Izuku et Katsuki leur avis sur le sujet ?

Je soupire avec un léger sourire sur les lèvres.

- Ils me diraient tous les deux d'y aller.

Il hoche la tête avant de me répondre :

- Mais de toute façon, tu iras. Ce dont tu as besoin, c'est de tous les types de plans possibles si tu es coincée là-bas.

- Tu as raison.

Je sens deux amis à nous, sur le pas de la porte, et la sonnette de l'entrée retentit.

Un sourire léger prend place sur mes lèvres.

Il m'embrasse sur le front en se levant.

- Tu ne réfléchis pas de la bonne manière, de toute façon.

- Comment ça ?

Il sort de la chambre :

- Tu n'es pas sensée choisir si tu fais confiance aux gens, et c'est encore moins avec ta tête que tu dois le savoir.

Je reprends le micro de mon téléphone.

- Qui me dis que ton élève n'a pas choisie de te coincer ? Ta classe est remplie de délinquant.

Elle rit. Ce n'est pas un rire jaune, ou un ricanement, c'est un rire d'amusement.

- Tu es sûre de ça ? Tu n'as pas bien fait tes recherches... UA n'est peut-être aussi exceptionnelle que ça, finalement.

Sa remarque me fait perdre mes mots un instant.

UA ? Comment sait-elle que j'y ai été ? Maintenant que j'y pense, il me semble qu'elle m'a déjà une remarque sur quelque chose du genre... Mais mon identité et mon costume de héro ne sont jamais passés à l'écran.

- UA, hein ?

- Honnêtement, ça me fait de la peine. On m'avait dit que tu pouvais reconnaître les énergies des gens... je suis vexée que tu ne te sois pas souvenue de la mienne. Tu ne te souviens pas ? C'était vers la fin de ta première, tu as détruit un hangar, ce jour-là, Kazue.

Un lent sourire nait sur mes lèvres.

- Alors c'était toi, l'énergie en stand-bye qui me regardait de loin.

- Oui. Je suis même venue à l'hôpital te voir, après. Mais je n'ai pas pu entrer.

- Quel dommage.

C'était ça, cette familiarité qui me faisait penser à une personne amicale. Parce qu'elle n'avait jamais eu à se mettre sur ma route avant aujourd'hui.

- Tu sais quoi ? Je vais t'aider, si tu as besoin d'un héro. Mais j'exige une contre-partie.

- Laquelle ?

- Je parle à ton élève en premier.

- Aucun soucis, répond-elle tout de suite.

Nous terminons la discussion là-dessus, et je sors de la chambre.

Kyoka est dans le salon, en pleine conversation avec Izuku et Shoto.

Ils me saluent quand ils me voient arriver.

- Kazue !

- Comment tu vas ?

Je leur fais mon plus beau sourire avant de répondre :

- Super bien, et vous ?

Je ne les ai pas vus depuis longtemps. Cette pensée me fait mettre le reste de côté, j'ai besoin de me poser aussi, de temps à autres.

J'en oublierais presque que je viens d'accepter d'aider une ancienne héroïne sur la voie du crime.

Une Plume d'OignonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant