Chapitre 4

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Je quitte les bras de Shoto encore plus tôt que je suis rentrée tard la veille. J'attrape ma valise dans l'armoire de l'entrée, la pose près de la porte, et m'occupe ensuite de prendre la mallette qui était à côté.

Je m'habille, me coiffe, et me promets de prendre une douche une fois arrivée à mon hôtel.

J'écris rapidement un mot que je laisse sur la table, lui demandant de ne pas m'en vouloir de ne pas l'avoir réveillé avant de m'éclipser, un manteau sur le dos, et mes chaussures aux pieds.

J'ai toujours été douée pour faire le mur. Même si au départ, je ne le faisait qu'au lycée. Mais le faire avec quelqu'un, qui sait qu'on le fait, dans son lit, c'est bien plus galère que ça en a l'air. C'est pour cette raison qu'il a toujours été d'accord pour que je dorme dans sa chambre, je crois. Au moins, il était sûr que je restais là.

Je ne l'ai fait qu'une fois en première, mais en même temps, je venais d'entrer à l'école pour la première fois. L'année suivante, par contre, je le faisais plus d'une fois par mois. Et croyez-moi, trouver une nouvelle manière de sortir de UA à chaque fois m'a donné bien plus de clefs pour l'avenir que d'apprendre des cours par cœur.

De la manière dont je suis coiffée et habillée, j'adopte sans soucis le comportement que j'avais enfant, quand je vivais avec Maître Hikawa. Ce qui fait que même si je croisais l'un de mes anciens camarades, là, tout de suite, le temps qu'ils me reconnaissent, je me serais déjà noyée dans la foule.

Shoto n'aime pas quand je fais ça. Kyoka non-plus. Je sais que c'est parce qu'ils s'inquiètent que je veuille tout gérer toute seule, et sincèrement, j'en suis de toute manière capable.

Izuku, Katsuki et Tenya me laissent bien plus de marge, et Eijiro se contente de me demander de temps à autres si tout va vraiment bien. Là, c'est le cas. J'ai passé une bonne nuit, même si courte, et je vais prendre mon petit déjeuné dans le train pour Musutafu.

Le garçon qu'on cherche a à peine vingt-deux ans. Pour moi, c'est encore un très jeune, et il y a moyen qu'il soit paumé dans sa vie, qu'avec un rapide coup de pouce, on le remettra dans le droit chemin.

Ce qui m'inquiète d'avantage, c'est que la personne qui s'occupe de lui donner des "paquets" à "livrer" correspond au signalement d'un gars que j'ai connu enfant, et qui a fait partie lui aussi du programme illégale et privé de recherche en amélioration d'alters. Le genre d'expériences qu'on fait sur des enfants pour les transformer en machine de guerre dans les films : évitez de ne pas trop y croire. Et si vous avez moins de dix ans, ne regardez pas les programmes de vingt-deux heures, allez vous coucher.

J'arrive à mon hôtel trois heures plus tard, et me permet de tenir mon premier engagement de la journée : prendre un douche.

Il est neuf heures quand mon téléphone vibre, et que je reçois un message de Shoto : "Sérieusement ?".

Je souris tendrement et lui envoie un clin d'œil pour toute réponse, avant de me plonger réellement dans le dossier qu'on a laissé dans ma chambre. Le garçon en question s'appelle Tomio Nakasako. Il a vingt-deux ans dans deux mois, et si nous le recherchons officiellement, c'est parce que sa voisine ne l'a pas vu depuis une semaine.

Je me mords la lèvre.

Je ne pense pas qu'il soit mort, mais j'ai le pressentiment que ça ne va pas aller en s'arrangeant, pour lui. Je jette un rapide coup d'œil à la photographie d'un collégien au regard vitreux et au sourire pâle, deux immenses ailes blanches accrochées au dos.

Je note rapidement sur une feuille une liste des questions qu'il faudrait que je pose, ou des gens qu'il faudrait que je voie, et enfile une partie de mon costume : les bottes, le haut qui couvre mes bras, jusqu'aux mains, et une veste sur mesure que notre amie Mei m'a fait. Ce qui va me permettre d'utiliser mon alter en cas de besoin sans me blesser, mais qui ne marque pas sur mon front que je suis un héro.

Tout le monde n'aime pas les héros, c'est un fait. Et selon les quartiers, c'est l'autorité en entier qui est rejetée. Ce n'est même pas la peine de me faire passer pour un policier. Le mieux que je puisse faire, c'est de dire que je suis détective privé, et que je suis employée par sa mère pour le retrouver.

Je renifle en regardant mon reflet dans le miroir. Une bonne semaine de congé après celle-là ne sera pas du luxe.

Je sors sans plus de détails, ne prenant avec moi que mon téléphone, histoire de ne pas perdre la totalité de mes biens en cinq minutes, au vu du coin dans lequel le jeune s'est enterré. Je me demande d'ailleurs s'il était en bonne santé, en marchant dans l'une de ces ruelles.

- Je peux vous aider ? me demande un homme en venant à ma rencontre.

J'ai fait attention. Je marche les mains dans les poches, je ne regarde pas les alentours, et même si je n'ai pas de capuche, on voit difficilement mon visage.

Je relève un peu la tête et tous ses doutes semblent s'envoler. Il se détend.

- Je vais chez un ami. Tu sais où c'est, ça ?

Je lui tends un papier, et il lit rapidement l'adresse.

- Ouais, un peu part là-bas. Tu tourne à gauche, puis à droite, tout droit, et tu y es.

- Merci.

Je reprends mon papier et il me laisse partir sans rien dire.

Il faut savoir que j'ai plusieurs visages. Que je suis celle qui sourit, celle qui est menaçante, ou celle qui a vécu. Je suis une grande quantité de choses que j'ai vécues. Et lorsque je mets ce dernier masque, personne ne trouve rien à y redire : on ne peut pas être aussi jeune avec un regard pareil.

Une Plume d'OignonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant