Chapitre 26

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Inferno


Je fais les cents pas devant la porte de la chambre de Yasuo comme un putain de lion dans un zoo, et je me retourne vivement vers No quand sa main s'abat sur mon épaule sans que je n'aie senti sa présence.

- Il faut qu'on parle dans un coin tranquille, me dit-elle.

Je jette un regard désespéré à cette foutue porte et soupire. 

Je ne sais pas si j'ai le plus mal fait mon boulot de prof, de sœur, ou de héro. Mais tourner en rond comme ça ne m'aidera pas à réfléchir, et je me sens brusquement apaisée. 

Etonnamment, ça me fout d'avantage en rogne.

- Mets pas ton nez dans mes sentiments, je râle en m'éloignant d'elle à grands pas.

- Eh, Inferno.

Je me retourner vers elle.

- Quoi. 

- Anae nous attends au café d'en face. Viens, ça te fera bien. J'ai que des bonnes nouvelles pour toi.

Son air souriant sans le masque me donne le vertige. Cette nana, on ne dirait pas, mais c'est un sourire sur pattes. 

Je grogne et faits demi-tour, jusqu'à la dépasser. Elle me suit, nonchalante, mais pas lente non plus. Juste la tranquillité qu'il faut pour ne pas se mettre en colère contre ma mauvaise humeur ambiante.

Nous descendons. 

Nous traversons la rue.

Et à ma grande surprise, le sourire d'Anae finit par me convaincre de lâcher prise.

Les commandes sont déjà prêtes, et je regarde la montagne de chantilly fondre dans ce pauvre café qui m'a été attribué. Pourquoi tant de haine envers cette pauvre tasse et moi ?

- Bon, commence No, première nouvelle, ton élève sera sur pieds dès demain. Deuxième bonne nouvelle, je me suis occupée de ta petite demoiselle, et Ai n'aura aucun problèmes avec la justice. Petit trois, Tomio est arrivé à bon port chez ta mère en Europe. Et dernière bonne nouvelle, tous ses problèmes sont réglés.

J'accuse les informations et relève la tête.

- Et donc tout est bon ?

Anae me fait un grand sourire :

- Eh oui !

Je plisse les yeux d'un air découragé :

- Ne t'accroche pas à moi, tu es une gamine.

Elle me fait la moue.

- Ouais... Tomio m'a dit aussi que tu n'étais pas de ce bord là... Laisse-moi faire mon deuil, s'il-te-plait ?

Je soupire.

Depuis quand on se tutoie, toutes les trois ?

No lève son verre de scotch et je la regarde, vaguement surprise, tandis qu'elle commence à porter son toast.

- Bon, euh, non, à toi de commencer, Inferno, j'ai pas d'idées, là.

Je m'exécute, trouvant sur le tas. Mais après tout, je suis prof, c'est mon boulot, de faire sur le tas :

- Je lève mon verre aux secrets et aux mensonges, je dis avec un sourire en coin.

- Aux camarades d'infortune et aux missions dangereuses, acquiesce No en levant le sien un peu plus haut.

Anae rit doucement.

- Et au passé comme à l'avenir !

Nous trinquons. 

- Santé.

Quel groupe de cinglées, franchement... 

C'est comme ça que cette histoire a commencé. Avec un masque, un mensonge, et un trombone. 

Nan. C'était l'histoire d'une héroïne, d'une prof de maths, et d'une criminelle.

Mais après tout. On s'en fout, de ce que ça a pu être, non ? L'important... c'est que pour le moment, tout fonctionne...

Une Plume d'OignonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant