No
Je ne me préoccupe pas des menaces de la soeur de Tomio. En même temps, quel héro digne de ce nom se laisse marcher dessus aussi facilement ? Non mais je rêve !
Je n'ai pas avancé de la journée, toutes mes pistes étaient trop faibles. C'est... frustrant.
Je compose un numéro que les services secrets m'ont très aimablement donné, et appelle quelqu'un dont je ne suis pas supposée avoir le numéro personnel. D'un autre côté, je leur sauve la mise à chaque fois qu'il leur faut quelqu'un de discret pour choper des types avec lesquels j'ai grandi... Un bonheur !
- Allô ?
- Hawks ? C'est No.
Je l'entends éloigner le téléphone de son oreille, le temps de vérifier que le numéro m'appartient bien, et il laisse échapper un rapide :
- Qu'est-ce que je peux faire pour toi ?
- J'enquête sur quelqu'un, et je viens de croiser sa grande sœur. Tu la connais, c'est Hisa Nakasako.
- Je la connais, oui, dit-il platement.
- Personnellement ?
- On a étudié ensemble. Et ensuite, on a bossé ensemble. Alors oui, je la connais personnellement. Qu'est-ce que tu veux savoir ?
- Si tu es impliqué dans ce qui se rapproche de la...
Je fais mine de chercher le mot que je viens réellement d'oublier avant de poursuivre :
- De la divulgation d'information à un civil non-habilité à les avoir, ou encore si tu fais de la rétention d'information.
Il soupire.
- Ce que je vais te dire ne va pas te faire plaisir, mais je vais quand même m'en occuper avant qu'elle ne se mette vraiment à te prendre en grippe. Hisa n'est pas n'importe qui, et ce n'est certainement pas une civile. Elle a plutôt mauvais caractère, et je lui en dois plus d'une, alors je lui ai parlé de quelque chose pour qu'elle m'aide à régler le problème. Ses méthodes ne sont peut-être pas conventionnelles et peut-être même qu'elle est venue te dire de lui foutre la paix, alors suis son conseil. Parce que tu en ferais une affaire personnelle aussi si tu devais donner un coup de main à un ancien camarade de lycée. Tu comprends ? Après, tu n'es pas obligée de m'écouter, mais je te préviens : tu n'as pas les moyens de l'arrêter. Peu importe comment elle s'y prendra. Et évite de l'attaquer sur ce qui l'entoure. Là, elle viendra de mettre son poing dans la figure, et crois-moi sur parole, elle en est capable, c'est déjà arrivé.
Je m'assure qu'il ait terminé de parler avant de répondre :
- Merci. Je ne compte pas m'en prendre à elle. Mais elle est professeure de Maths dans un lycée, et je suis héroïne. La justice, c'est moi.
- Méfie-toi. Parce que de son point de vue, tu n'es peut-être pas la justice. Si tu veux aider Tomio, fais comprendre à Hisa que tu veux le protéger, toi aussi. Du peu que je te connais, je suis sûr que c'est le cas.
Je souris.
- Je vais essayer d'être conciliante, dans ce cas. Bonne soirée à toi. Merci.
Je raccroche. Pour quelqu'un qui veut protéger son frère, je l'ai trouvée très hermétique à ce que je pouvais bien dire ou penser. Elle n'était pas sur la défensive, elle était presque agressive. Mais d'où lui vient une rage pareille ?
J'appelle quelqu'un d'autre, plus apte à me renseigner sur son travail : les services secrets. De toute façon, même s'ils ne peuvent pas tout me donner, ou du moins que ce n'est pas leur travail, je sais qu'ils le feront quand même.
En revanche, je ne m'attendais pas à avoir dans le dossier "Vie classe secrète" entre le moment où elle est partie de chez elle, jusqu'au moment où elle est apparue comme professeur de kyūdō il y a deux ans. Et la seule raison qui aurait put justifier une pareille réponse est celle que cette femme a travaillé en temps que fonctionnaire de l'état. Pire encore. Elle travaillait ou dans les services de renseignements, ou même était un héro elle-même.
Je me mords la lèvre.
Elle a la pire classe du lycée, accessoirement en héroïque, et est leur professeur principal, ainsi que de mathématiques, et de pratiques héroïques. Qui se chargerait de ça avec la tête sur les épaules ?
Je ne la condamne pas, je sais que les enfants ne sont pas simples à vivre, mais je ne peut pas supporter les adolescents, sauf si je les connais depuis qu'ils sont petits. Au delà, j'ai tendance à les trouver bien trop arrogants pour leur courte vie.
Mais bon, avec un caractère pareil... elle doit forcément faire des étincelles !
Je m'allonge sur le lit et ferme les yeux brièvement. Je ne m'endormirais pas comme ça, je le sais : je ne suis pas chez moi. Et Shoto n'est pas là...
Je frissonne. A se demander qui est puni quand je me sauve sans rien dire.
Je soupire longuement et attrape la couverture. Je suis trop fatiguée pour chercher à réfléchir, je préfère m'enrouler dedans, et m'allonger dans un coin de la pièce, sur le sol. Il y a de la moquette, il ne fait pas si froid.
Je m'endors tout de suite. Le lit était bien trop confortable, de toute manière. Et je ne peux pas dormir dans un vrai lit quand je suis épuisée. Je me sens beaucoup trop vulnérable. Et sans personne pour dormir à côté de moi, j'ai le sentiment de ne pas être en sécurité. Au final, je suis réveillée au beau milieu de la nuit, et ne parvient pas à me rendormir dans le lit.
Je me réveille de bonne humeur. Il ne faut pas croire, dormir par terre a un pouvoir incroyable sur moi. Et prendre un bon petit déjeuné suffit à me rendre heureuse.
Je joue un peu avec les derniers morceaux de pain avant de les avaler, et me prépare pour poursuivre ma mission.
Il faut que je retourne dans le quartier de Tomio pour mes recherches. Peut-être que je pourrais retrouver des traces de ceux qui le cherchent ou même prendre Hisa en flagrant délit. C'est une bonne idée, de la laisser dans une prison le temps de régler cette histoire.
Je m'arrête net, au beau milieux de la rue, les yeux écarquillés.
Je n'arrive pas à y croire.
Tomio est à nouveau chez lui.
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Une Plume d'Oignon
FanfictionCycle II, Livre II C'est l'histoire d'un masque, d'un mensonge, et d'un trombone. Non. C'est l'histoire d'une héroïne, d'une prof de maths, et d'une criminelle. Parce qu'après tout, plus on est de fous... plus on rit ? NDA : Je me suis arrêtée à la...