Chapitre 22

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Lorsque j'arrive au lycée, je ne peux m'empêcher de me sentir nostalgique de mes années passées à UA. Quand je vois Katsuki en costume à l'entrée, ce sentiment est renforcé par ce lien que j'ai eu avec toute ma classe.

Je le rejoins avec un sourire.

Non, c'est plus que ça. Nous ne sommes pas que d'anciens camarades et des partenaires de travail. Nous sommes amis.

- Arrête de sourire, tu es toujours aussi flippante.

- Tu ne peux pas le voir, avec mon masque.

- Je le vois avec tes yeux. Et puis, sérieux, Kazue, quand est-ce que tu ne souris pas ?

Sa remarque me fait rire.

- C'est vrai.

- Qu'est-ce que t'as eu le temps de faire, avec Double-face, pour être d'aussi bonne humeur ?

- Tu veux vraiment savoir ? je le nargue.

Il secoue la tête d'emblée.

- Nan.

- Alors ne demande pas.

J'aperçois Inferno de loin. Je dois lui parler.

- Je reviens. N'explose personne.

- Ouais, ouais, c'est ça, grimace-t-il.

Je m'approche d'Inferno petit à petit, mais je sens que quelque chose cloche.

Sans trop savoir ce que c'est, je m'approche d'elle l'esprit préoccupé. Toute son attitude semble normale. Même le ciel est bleu. Et c'est ce qui me fait dire que ce n'est pas normal. Parce que la manière dont elle a les mains dans les poches suggère qu'elle a les poings serrés.

Je continue de m'approcher, et son élève la laisse tranquille, me saluant d'un sourire discret au passage.

Au fur et à mesure que je me rapproche, son sourire s'amenuise, pour ne finir par n'être qu'un pâle fil courbé.

C'est elle qui a réalisé le contact visuel avec moi en premier.

C'est elle qui me regardait comme si je devais venir la voir, ou comme si nous allions parler comme de vieilles amies de ce qu'il s'est passé hier soir.

A présent, malgré le fait que rien dans son attitude ne soit hypocrite, je ressens une gêne.

- Tout va bien ? je demande.

Elle hausse les épaules avec nonchalance.

- Oui, pourquoi ? Je devrais m'inquiéter de quelque chose ?

Elle vient de me mentir. En me regardant droit dans les yeux. Et avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, Nezu débarque.

- Bonjour ! Oh, c'est bien que vous ayez déjà fait connaissance ! C'est important la cohésion entre les différents membres de la branche héroïque !

- Vous l'avez eu comme élève ? je demande sans trop y croire.

- Non ! Vous n'avez pas fait cette école, professeur, si ?

- Non. Du reste, je ne suis pas un héro.

Un autre mensonge.

Par la suite, je n'accorde aucune attention au babillage ou discours du proviseur souris. La seule chose qui me turlupine, c'est elle.

Et pendant la première épreuve, alors que la ville crée semble vivre avec les apprentis héros qui sont dans l'arène, le sol se met à trembler, d'abord imperceptiblement, puis avec force. Si je n'avais pas été stressée par Inferno, je n'aurais pas attrapé autant d'élèves aussi vite, avant que les immeubles ne s'effondrent les uns contre les autres comme un gigantesque château de cartes.

Je me fige en y pensant.

Inferno.

Elle est plus bas, aboyant des directives aux élèves, que les siens suivent sans hésiter sous les regards effarés des autres.

Ses élèves ne sont pas particulièrement doués, mais ils sont bien entraînés. Ils ne sont pas particulièrement forts, mais ils ont une entraide bien rodée. Elle n'a pas l'air d'être un professeur exemplaire au sens stricte du terme, mais ils la suivent aveuglément, en dépit des injures qu'elle lâche, ou de sa langue qu'elle claque.

Elle n'utilise pas son alter. Aucun des deux. Mais si j'ai bien suivis, aucun des deux ne nous aiderait, là, maintenant. La seule chose qu'il nous faut, c'est une intervention divine, et l'espoir que tout le monde soit entier à la fin de la catastrophe.

Et puis soudain, je sens une énergie s'élever.

Je regarde en l'air, sans rien voir, jusqu'à fixer une brume translucide, qui me fait frémir.

- C'est un élève, ça ? je marmonne.

Une élève hurle et panique, et Inferno me lance un regard électrique.

Elle ne fait rien. Elle ne bouge pas. Pendant une seconde, son calme m'effraie, parce que c'est l'un de ses élèves qu'il faut aider à sortir des décombres.

Mais rien n'y fais. Même si je n'ai vu ça qu'une seconde et que je bouge pour aider, avec elle à mes côtés, elle est comme absente. Et bientôt, sa voix résonne dans ma tête.

- Surveille ce garçon. Ce n'est pas mon élève. Je pense que c'est un métamorphe.

- Où est le tien, dans ce cas ? je demande par acquis de conscience.

- Tu l'as vu.

- Hein ?

- Il est là-haut.

Je me retient de ne pas lever la tête.

C'est extraordinaire. Ce garçon peut se dématérialiser sous la forme d'une brume. Et il sait le faire sur l'ensemble de son corps.

Je suis admirative. Elle a tout de même des élèves clefs, comme cette télépathe par le biais de laquelle elle m'a parlé. Je ne savais pas que les télépathes pouvaient créer des ponts de communication comme ça.

Ils n'ont pourtant l'air d'être une classe normale, sans prétention. Mais elle les a bien préparés.

Je m'éclipse aussi discrètement que possible, et commence à chercher à communiquer avec l'adolescent là-haut.

S'il y a un intrus, je dois savoir qui, et pourquoi. Et pour ça... quoi de mieux que de parler avec celui dont on a prit la place ?

Ce qui a dû se passer, c'est que ce petit aurait dû crouler sous les débris, et l'imposteur prendre sa place à ce moment là. Ni vu, ni connu, personne n'aurait cherché le véritable élève. Sauf moi.

Mais pour savoir que je peux ressentir les énergies de cette manière, il faut être intelligent, ou m'avoir déjà vu faire, en sachant que ce n'est pas un bruit répandu. Les services secrets m'aident à couvrir mes traces.

Après tout... je ne suis pas qu'un héro de l'ombre, je suis aussi une redoutable expérience de laboratoire.

Une Plume d'OignonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant